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lundi 21 mars 2016

Voyage dans l'antiquité avec Séléné




J'aime voyager. J'aurais aimé étudier la médecine. Je suis férue de lecture et j'affectionne les belles histoires d'amour. Le coefficient permettant de connecter ces "variables" ? Une belle plume trempée dans du suspense. Et c'est là qu'intervient Barbara Wood.

Nous sommes des siècles en arrière. Des soldats romains sont à la poursuite d'un jeune homme et de sa femme à terme. A peine donne t'elle naissance au deuxième jumeau que les soldats font irruption dans leur cachette et s'emparent d'elle et de son premier-né, laissant son époux agonisant dans une mare de sang. Méra, l'accoucheuse-guérisseuse entre-temps réussi à s'abriter loin des regards avec Séléné, le deuxième bébé. L'enfant devient sa chair et sa raison de vivre. Elle lui enseigne tout ce qu'elle sait de la médecine et fait d'elle son assistante, sa compagne, sa fille. Séléné n’a d'autre ambition que de suivre les traces de sa mère jusqu’à ce qu’elle s’éprenne d'un éphèbe Romain. Son monde ne tourne plus qu'autour de lui, et de ses aptitudes médicales et chirurgicales exceptionnelles. Séléné envisage de fusionner le savoir traditionnel de sa mère à celui plus moderne d'Andréas diplômé de l'école de Médecine Romaine. Ses plans sont avortés lorsque sa mère réalise l'ampleur de son attachement à ce "hérétique"; mais surtout lorsque vient le temps pour Séléné d'accomplir sa destinée…

Le père biologique de Séléné, un descendant de Jules-César, dans son dernier souffle laissa à Méra une rose d'ivoire qui contenait les indices pouvant aider Séléné à retrouver ses origines et à accomplir son destin. L'oracle a été clair, il faut partir avant la tombée de la nuit. Se dressant durement contre les pleurs et les supplications de sa fille, Méra l'entraîne aux abords de la ville où une caravane doit les amener à Palmyre. La jeune fille s'échappe un instant afin d'aviser Andréas et le supplier de la rejoindre. Misère et calamité ! Andréas serait absent, et le mot qu'elle lui écrit ne lui parviendra jamais. Un cœur jaloux et amoureux s'est chargé de le mettre en morceaux.


Dans le désert qui doit les mener à Palmyre, Méra se confie enfin à Séléné. Elle lui raconte la terrible nuit de sa naissance, son frère jumeau disparu, et la mission encore inconnue qu'elle doit accomplir. Les indices sont dans le pendentif en rose d'ivoire. Méra s'essouffle, agonise, et comble du malheur, apprend que Séléné a échangé son pendentif contre l'œil D'Horus d'Andréas dans la caverne de Daphné. Sous la pleine lune, après maintes recommandations et surtout l'ordre pour Séléné de retourner à Antioche récupérer le fameux pendentif, Méra rend son dernier souffle dans les bras et les gémissements de son enfant.


Retourner à Antioche ? Revoir Andréas et lui expliquer le but de cette disparition soudaine ? Séléné n'en aura pas le temps. Aux aurores, la caravane est attaquée par les soldats de Magna, à la recherche de jeunes vierges pour la guérison du Roi. Sans mère, sans repères, Séléné est capturée et emmenée avec une centaine de jeunes filles dans les cachots du Palais. Sa pharmacie est retrouvée par Kazlah, le médecin en chef du Palais qui use et abuse de son pouvoir pour en déceler les secrets. Son savoir prodigieux lui permet de sauver l'œil de la Reine et la vie du Prince. Elle passe alors de prisonnière et potentiel remède à la maladie du Roi à guérisseuse personnelle de la Reine et sa cour, au grand désarroi du médecin présomptueux.

La jeune femme sauve in-extremis la vie de Wulf, prisonnier germain lors d'une opération chirurgicale barbare initiée par Kazlah afin de le rendre muet à l'instar de centaines d'esclaves. S'engage alors une amitié intense entre les deux captifs. C'est ensemble qu'ils s'enfuient de Magna laissant la reine dans une colère démesurée.

Sur les routes contrôlées de Magna, dans le désert brûlant de Babylone, les deux fugitifs se soutiennent et prennent soin l'un de l'autre. A bout de force sur les montagnes de la Perse, sous la lumière de la lune et dans un abri de fortune, ils cèdent calmement à la passion qu'ils ont l'un pour l'autre depuis les années que dure leur périple. Mais il est temps de se séparer. Wulf et Séléné le savent, ils doivent désormais faire cavaliers solitaires. Elle, afin d'accomplir sa destinée et retrouver Andréas. Lui, pour venger son peuple du massacre perpétré par les romains et enfin retrouver sa femme et son fils. Séléné le laisse partir en gardant secret le fait qu'elle attend un enfant de lui.

Accumulant et bonifiant ses connaissances médicales au cours de ses voyages, rencontrant joies et malheurs, fatigues et harassement, la jeune femme n'a nullement l'intention de se sédentariser en un lieu précis tant que la mission reste inaccomplie. Sa fille Ulrica dans les bras, Séléné continue son périple sillonnant villes et pays, traversant mers et montagnes, dans des sentiers tortueux dont elle ignore totalement l'issue.

Quelle est cette destinée si particulière qu'elle doit accomplir ? Dans quelle contrée connaîtra-t-elle enfin le repos ? Résistera t'elle aux machinations des Hommes et aux intrigues de la société Romaine ? Retrouvera t'elle Hélios le jumeau disparu ? Et par-dessus tout, retrouvera t'elle celui qui habite continument ses pensées ?

Ces questions m'ont triturée tout au long de la lecture. Je voyageais avec Séléné. Je découvrais les vertus de la potion d'Hécate, les traitements de la cataracte à l'aide d'une aiguille, les premières salles d'hospitalisation. La médecine d'aujourd'hui est un mélange savant de connaissances d'horizons divers, et je me suis mordue les lèvres de ne pas faire partie de ces chanceux étudiants en médecine. Dans les yeux de Séléné, j'ai lu la force d'un amour patient et résigné ; et les mots de l'auteur m'ont tenue en haleine jusqu'à la dernière ligne.

Envie d'une aventure romantique au temps des gladiateurs tous frais payés ? Prenez immédiatement votre ticket !

M.Z.

Maeva et moi échangeons régulièrement les comptes rendus des œuvres que nous lisons. J’ai décidé de vous en faire profiter également :)

lundi 15 février 2016

Me before you, Lire avant le film

J’ai joyeusement pleuré en lisant ce roman. Je ne l’ai pas encore mentionné, mais j’aime les livres et films qui me font chialer. J’ai découvert Me before You en voyant le trailer du film qui sortira en février. C’est connu qu’un livre est toujours meilleur que sa version cinématographique. Je me suis donc dit que si le trailer arrivait autant à m’émouvoir, le livre devait être magnifique. Je ne me suis pas trompée.


Me Before You (Avant toi) est une romance dramatique (ou un drame romantique). Jojo Moyes met en scène des personnages avec différents challenges physiques et émotionnels. Louisa Clark est issue d’une famille de classe moyenne. Elle vit avec ses parents, son grand père, sa sœur et son neveu, dans une petite ville de l’Angleterre. Elle mène une vie presque banale jusqu’à ce qu’elle perde son travail de serveuse dans un café de la ville. Elle a besoin de trouver rapidement un emploi parce que sa famille dépend énormément de son salaire. Après plusieurs recherches, elle décroche un contrat de 6 mois pour prendre soin de William Traynor, un beau jeune homme devenu tétraplégique deux ans plutôt. Avant son accident, William était un amoureux de la vie, des voyages, des aventures et un homme d’affaires redoutable. Paralysé et souffrant de douleurs quotidiennes, il n’a plus envie de vivre et se ferme à tout le monde. L’arrivée de Louisa, maladroite et sans grande ambition, apporte un rayon de soleil dans sa vie. Et alors qu’elle arrive enfin à se rapprocher de Will, Louisa apprend qu’il mettra fin à sa vie au terme des six mois de son contrat. Il avait déjà tenté de se suicider auparavant et sa mère craint qu’il essaie à nouveau. Louisa découvre donc que son travail consiste à éviter qu’il tente quoi que ce soit avant le jour prévu. Dans quelques mois, les Traynor conduiront leur fils à Dignitas, un institut suisse spécialisé en suicide assisté. Louisa rend sa démission et n’accepte de retourner travailler qu’à une seule condition. Elle obtient carte libre de la part de Madame Traynor pour organiser toutes sortes d’activités pour influencer la décision de William. Semaines après semaines, William et Louisa partagent quelque chose d’incroyable. Il l’aide à affronter ses peurs et souvenirs et l’encourage à élargir ses horizons. De son côté, Louisa permet à William d’aimer à nouveau et d’être aimé en retour. Seulement les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre seront-ils suffisants pour que William accepte de vivre ? 



Jojo Moyes soulève le débat du droit à la mort. On a beau être respectueux de la vie, religieux et anti-suicide, ce livre génère beaucoup de doutes. Après La vie devant soi, Me before You remet en question – encore une fois - ma position sur l’euthanasie ou le suicide assisté. On a beau critiquer, seul celui qui vit son mal sait ce qu’il ressent. Dans le cas de William j’ai compris à quel point ça pouvait être difficile pour un homme de nature indépendant et ambitieux, d’être prisonnier dans un corps invalide et incapable de faire ses propres choix. Evidemment dans d’autres conditions j’aurais été catégorique dans ma prise de position. Seulement, les histoires ne sont pas les mêmes, et les raisons qui poussent certains à mettre un terme à leur vie doivent être prises en compte. Je n’imagine même pas ce que doit être la souffrance des proches d’une personne qui souffre sans qu’ils puissent l’apaiser. Encore moins combien cela est difficile pour des parents ou un amoureux d’accompagner l’être aimé à Dignitas. Est-ce que j’aurais fait pareil à la place de William ou de ses proches ? Je préfère ne même pas y penser… J’espère sincèrement que vous lirai Me before you et en serez autant ému que moi.

lundi 8 février 2016

L’élégance du hérisson ou l'intelligence et le raffinement sous couverture


J’ai eu du mal à lâcher ce livre avant la fin alors que bien des passages m’ennuyaient. En repensant aux droits des lecteurs, j’ai sauté quelques paragraphes sans le moindre remord, tout en continuant d’apprécier le délice servit par Muriel Barbery. Quel est donc ce livre qui ennuie et excite à la fois celle qui le parcoure ? Eh bien, il s’agit de L’élégance du hérisson. 



Barbery donne voix à deux personnages séparés aussi bien par leur âge que leur statut social. Toutefois, les deux heroines ont plusieurs points communs dont l’intelligence. Renée a 54 ans, et est concierge dans l’immeuble où vit Paloma qui elle, est âgée de 12 ans. Renée est pauvre et se d
écrit comme étant petite, laide et grassouillette. Elle met de l’ardeur à entretenir auprès des autres, l’image de la concierge ignare qui passe son temps devant la télé. Pourtant dans sa loge de concierge, le loisir favori de Renée est de lire des ouvrages d’histoire, de philosophie, de psychanalyse, de sociologie, de littérature, d’économie politique, etc. – Ce sont d’ailleurs ses réflexions d’intello sur certains ouvrages qui m’ont ennuyée. – Renée est plus intelligente que la plupart de ses employeurs alors que tous ne voient d’elle qu’une vieille veuve, juste bonne à faire les commissions. Paloma quant à elle, est une surdouée qui se contente de passer pour une jeune fille douée. Elle va même jusqu’à étudier l’attitude de la 2e de sa classe, pour savoir comment se comporter en jeune fille assez intelligente pour rafler le premier rang sans toutefois être un génie. Selon Paloma, contrairement à ce que l’on veut faire croire aux plus jeunes, la vie d’adulte est dénuée de sens. Elle a donc décidé de se suicider le jour de ses 13 ans après avoir mis le feu à l’appartement de ses riches parents. En attendant le jour fatal, elle tient deux journaux : l’un contient des réflexions profondes qui lui traversent l’esprit, tandis que l’autre décrit des mouvements spéciaux qu’elle observe dans le monde. Elle espère découvrir dans l’observation de son environnement, quelque chose qui lui prouvera que la vie vaut la peine d’être vécue. 

La vie suit son cours normal, jusqu’à ce que Kakuro Ozu, un riche japonais, emménage au 4e étage du 7 rue de Grenelle où vivent Paloma et Renée. Les deux femmes sont fans de la culture japonaise et se lient d’amitié avec le nouvel habitant. Outre sa seule et meilleure amie Manuela, Kakuro Ozu est la première personne à découvrir que Renée n’est pas la concierge ordinaire qu’elle prétend être. Sans grande peine, il arrive à la faire sortir de cette couverture sous laquelle elle a passé toute sa vie. Dans le même temps, Paloma et Renée se rendent compte qu’elles sont des âmes sœurs...Toutes les deux sont des êtres intelligents et cultivés qui se cachent de leur entourage… Et alors qu’elle trouve en Kakuro et Paloma de nouvelles amitiés, Renée découvre presqu’en même temps ce que signifie vivre et mourir...





En lisant ce livre, j’ai eu envie de découvrir la culture japonaise, de lire des mangas et de regarder des films de Yasujiro Ozu… Ce livre vous fera passer du bon temps parce que les personnages nous font voir des choses qui nous entourent sans qu’on ne les remarque. C’est un livre qui critique notre société qui juge les hommes selon des classes sociales sans prendre la peine de les connaitre. Grâce à  Paloma et Renée, on se rend compte de certaines habitudes - pas forcement bonnes - qui nous collent à la peau. Ce besoin de toujours avoir plus qu’il n’en faut, la peur du manque, le désir de nous reconnaitre en l’autre et de rejeter ceux que l’on trouve différents, notre manie de juger l’autre par son apparence… Renée et Paloma, ont le genre d’intelligence qui donne envie d’écouter son détenteur. Alors pourquoi se cachent-elles au lieu de permettre au monde de les voir telles qu’elles sont ? Paloma mettra-t-elle son suicide à exécution pour fuir le bocal à poissons que représente pour elle la vie des adultes? Le monde verra-t-il enfin que Renée a l’élégance du hérisson, bardée de piquants à l’extérieur, mais raffinée à l’intérieur ? C’est ce que vous découvrirez en lisant L’élégance du hérisson.

mardi 2 février 2016

Le collier de paille ou les amours interdites d'une citadine


Je crois bien que j’ai un faible pour la plume des Sénégalais. Après La grève des battu, L’appel des arènes, Le malheur de vivre, Maimouna, et Le ventre de l’atlantique, j’en remets une couche avec Le collier de paille que j’ai pratiquement dévoré. Si vous aimez les romances, mais pas forcément dans le genre Harlequin ou Adoras, c’est encore un livre que je vous recommande à l’instar de La porte étroite et de Orgueil et préjugés. Découvrez mon compte-rendu sur la page Rythmes d’Afrique, Racines.




samedi 16 janvier 2016

La porte étroite, tout sacrifier pour y accéder...



C’est en lisant La porte étroite que j’ai réalisé à quel point mes lectures se sont diversifiées (au niveau des écrivains, pas encore du genre) avec le temps. C’est beau de découvrir l’amour à d’autres époques, sous d’autres cieux et à travers d’autres yeux. En lisant ce livre, mon cousin aurait surement dit une énième fois : « les cousins sont faits pour les cousines. » Monsieur Bosso, l’un de mes anciens professeurs du lycée aurait surement évoqué les dangers des mariages consanguins, mais ce n’est pas un cours de SVT qui a mis en péril la relation amoureuse de Jérôme et Alissa.

« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car la porte large et le chemin spacieux mènent à la perdition, et nombreux sont ceux qui y passent ; mais étroite est la porte et resserrée la voie qui conduisent à la Vie, et il en est peu qui la trouvent. »



Depuis leur tendre enfance, Alissa et Jérôme s’aiment d’un amour pur et sincère. Alissa a deux ans de plus que son cousin et craint d’être trop vieille pour lui ; une excuse que Jérôme rejette du revers de la main. Tout le monde sait que les deux cousins s’aiment et il n’y a aucun doute qu’ils se fianceront et convoleront en justes noces après le service militaire obligatoire de Jérôme. Toutefois, sous l’emprise de leur amour, ils ne remarquent pas que Juliette, la cadette d’Alissa, est elle aussi éprise de Jérôme. Lorsqu’ils le découvrent, Alissa décide de sacrifier son amour pour le bonheur de sa sœur. Mais cette dernière se rendant compte que Jérôme n’a d’yeux que pour son ainée, décide alors d’épouser un autre homme qu’elle n’aime pourtant pas. Cet incident émousse l’expression des sentiments d’Alissa pour Jérôme même s’il ne le diminue en rien. Etant séparés pendant que Jérôme poursuit ses études, puis son service militaire, les missives qu’ils s’envoient régulièrement les aident à laisser éclore leur amour de nouveau. 

La contemplation de la nature, la lecture de classiques littéraires, la musique… Toutes les activités qu’ils pratiquent les relient et parfois même n’ont de sens que lorsqu’ils peuvent les partager. Et il en est de même pour leur foi et leur recherche de vertu. Cette porte étroite que peu trouvent, Jérôme ne la recherche que pour être plus proche de sa bien-aimée. Pourtant pour Alissa, plus que la concrétisation de son amour avec Jérôme, elle souhaite de tout cœur qu’ils atteignent les plus hauts degrés de la vertu. Apres avoir longtemps échangé des lettres, les deux amoureux se retrouvent à nouveau à Fongueusemare où vit Alissa. Leurs gestes sont maladroits et ils ont du mal à être aussi éloquents et sûrs d’eux que dans leurs écrits. Alissa se rend compte qu’elle aime trop Jérôme et peut être même plus que Dieu. Elle craint que l’amour (et le désir implicitement évoqué) qu’ils se vouent mutuellement ne les éloigne de la quête de la vertu. Elle pense ne pas avoir droit au bonheur céleste en goutant aux plaisirs terrestres. Au risque de ne pas y arriver elle-même, Alissa décide de s’éloigner de Jérôme, de sacrifier leur amour, afin qu’au moins l’un d’entre eux puisse passer par la porte étroite…


J’ai eu beaucoup de difficultés à faire ce compte rendu parce que je voulais retranscrire les sentiments confus qui habitaient Alissa. Je pense que la frivolité de sa mère et sa fuite dans les bras d’un autre, ont contribué à créer ce désir perpétuel d’atteindre la sainteté. J’ai beaucoup aimé ce roman mais je pense qu’il n’est pas de ceux que l’on raconte, au risque d’empêcher l’autre de faire sa propre expérience avec l’histoire. Bien que ce chef d’œuvre d’André Gide apporterait beaucoup à quiconque le lirait, je le recommanderais surtout à ceux qui sont intéressés par les thèmes de l’amour et/ou celui de la religion. C’est l’une des plus belles histoires d’amour que j’ai lues. Il pourrait être difficile de comprendre pourquoi est-ce qu’Alissa s’éloigne d’un homme qu’elle aime autant et qui le lui rend bien alors que Dieu lui-même bénit l’amour. 

Alissa a-t-elle fait le bon choix en mettant fin à cette idylle plutôt que de la concrétiser par un mariage ? Jérôme et elle arriveront-ils à atteindre le bonheur ? Alissa elle-même comprend-t-elle réellement le sens de cette vertu pour laquelle elle décide de tout sacrifier ? 

Je vous laisse apporter vos propres réponses à ces questions.

mardi 29 décembre 2015

Le ventre de l'Atlantique: Partir ou rester?


Nombreux sont ceux qui ont vu le passage de Fatou Diome sur le plateau de « Ce soir ou jamais »; mais au cas où vous n’en faites pas partie vous pouvez toujours visionner l’émission ici. C’est donc grâce à cette prestation remarquable que j’ai découvert l’écrivaine et que j’ai décidé de lire Le ventre de l’atlantique. Basé sur sa propre histoire, ce roman évoque les raisons qui poussent certains Africains à immigrer en Europe, la difficulté à convaincre les autres à rester au bercail et la réalité cachée par certains immigrés de la vie en France. 


Le personnage principal Salie dont la vie est pratiquement celle de Fatou Diome, vit en France et peine à y joindre les deux bouts. Pourtant, bien qu’elle encourage les autres à chercher un mieux-être sur leurs propres terres, elle-même a du mal à y retourner définitivement. Issue d’une liaison illégitime, elle ne s’est jamais senti membre de la communauté de Ndiodior. Si en France la chaleur des siens lui manque, elle se sent toutefois étrangère chaque fois qu’elle retourne au Sénégal. Son frère Madické quant à lui, ne vit que pour rencontrer le joueur italien Maldini. Comme tous les autres jeunes du village, il rêve de jouer au football en France. Pour eux, la vie à Ndiodior ne vaut rien et seul l’occident peut leur permettre de réaliser leus rêves et assouvir les besoins de leurs familles. Malgré les conseils de Salie et les mises en garde de l’instituteur et directeur de l’école du village, les jeunes continuent de croire en ceux qui revenus de la France leur disent que tout y est or et argent.

Dans ce livre, Fatou Diome décrit le poids qui pèse sur certains jeunes Africains. Les parents espèrent que leurs enfants réussissent là où ils ont échoué. La colonisation mentale dont nous sommes l’objet nous pousse à croire que tout ce qui vient de l’occident est meilleur et que le bonheur se trouve uniquement de l’autre côté de l’atlantique. Certains ne se rendent pas compte de la pression que subissent ceux qui se trouvent en occident et quand bien même ceux-ci voudraient le leur expliquer, ils se retrouvent traités de tous les noms : égoïste, individualiste… On ne comprend pas pourquoi est-ce qu’ils restent en Europe et découragent les autres de suivre leurs traces. On ne comprend pas qu’il ne suffit pas d’être en France pour que tout aille bien. Qu’il ne suffit pas d’être le plus débrouillard au village pour arriver à tirer son épingle du jeu en Hexagone.

« Ah sacrée France, c’est peut-être parce qu’elle porte un nom de femme qu’on la désire tant. »


Le ventre de l’Atlantique montre également le tourisme sexuel que certains européens effectuent au Sénégal – sans visas – afin de se requinquer grâce à des jeunes corps pleins de mélanine. Parfois, pour mieux s’abreuver à la source de jouvence, certains retournent en Europe avec un ou une sénégalaise qui malgré les difficultés une fois sur place se console à travers les mandats qu’elle peut envoyer à sa famille au bercail…

Je me suis posée la question de savoir comment faire comprendre aux Africains que c’est à nous de construire notre eldorado et qu’il ne se trouve pas ailleurs. D’après ma lecture, je pense que deux solutions s’ouvrent à nous. Soit les aider à construire cet eldorado en soutenant la formation de projets au pays, soit en les laissant foncer droit dans le mur, en tirer des leçons et peut être les partager avec les autres… 


Au-delà du phénomène de l’immigration, Fatou Diome fait la satire d’une société capable d’assassiner des enfants sous prétexte qu’ils sont issus de relations illégitimes. Une société aveuglée par les serments des marabouts, recherchant le bonheur dans les gris-gris tout en prétendant ne pas y avoir recours. Une société dans laquelle la richesse se mesure aux nombres d’enfants quand bien même on n’aurait pas les moyens de s’en occuper... Je suis d’avis que l’occident y est pour beaucoup dans les malheurs de l’Afrique mais comme l’instituteur le fait remarquer dans ce roman, il serait important que nous fassions une rétrospection sur notre société et évitons les erreurs du passé pour avoir un meilleur avenir.

lundi 14 décembre 2015

L’aventure ambiguë, une aventure risquée !


Il y a des mots que l’on emploie parfois à tort ou à raison sans vraiment en connaitre le sens. J’ai souvent pensé que « ambigu » signifiait juste complexe. Mais avant de lire ce livre, j’ai eu (heureusement) l’idée de vérifier la signification réelle du mot et j’ai compris qu’il faisait référence à quelque chose qui réunit deux natures opposées… Et l’itinéraire de Samba Diallo dans ce livre illustre l’ambiguïté d’un être ayant reçu d’un côté les valeurs traditionnelles et islamiques basées sur la foi et de l’autre les enseignements de l’école occidentale basés sur le rationalisme et la science. L’aventure ambiguë fait partie de ces livres dont j’entendais parler comme des références pendant plusieurs années sans avoir eu l’occasion de les lire pendant mes années lycées. Aujourd’hui c’est chose faite!

Samba Diallo est issu du peuple des Diallobé et semble promut à un avenir de guide spirituel (maitre des Diallobé) ou de chef du peuple. Dès son enfance, il se démarque des gens de sa génération par une réflexion profonde sur la mort, le sens de la vie et la relation entre Dieu et l’homme. Élève favori du maitre des Diallobé, et membre de la famille royale, Samba est pourtant doté d’une grande humilité qui en fait même jaser certains. Alors que son attachement à la religion le destinait à être l’un des guides de son peuple, l’école se mit en travers de ce chemin. La Grande Royale, cousine de Samba et sœur du Chef des Diallobé, insiste pour que Samba aille à l’école étrangère - comme elle le dit -, afin qu’il apprenne l’art de vaincre sans avoir raison. Le chef ainsi que le maitre des Diallobé savent ce que cela pourrait signifier et les conséquences qui pourraient en découler. Le père de Samba Diallo lui-même accepte non sans douleur de laisser son fils aller à l’école en espérant que les valeurs spirituelles et traditionnelles qui lui ont été inculquées ne disparaitront pas. Avec le parcours de Samba Diallo d’abord en tant qu’élève de l’Islam, puis de l’école occidentale en Afrique et ensuite en France, on se demande comme le chef et le maître au départ, si « ce que l’on apprend vaut-il que l’on oublie ce que l’on sait déjà. » 



Cheickh Hamidou Kane nous amène à nous poser les mêmes questions que le personnage principal. En lisant ce livre, je ne me suis pas juste sentie spectatrice de la vie de Samba Diallo. J’ai eu certains de ses doutes et j’ai récité certaines de ses prières. Samba a baigné dans une enfance beaucoup plus spirituelle que la mienne et surement que la plupart de mes lecteurs, mais cela n’empêche pas que nous sentions ou ayons tous senti à un moment cet éloignement entre nous et Dieu. Cette remise en question imposée par le père de Samba à son fils est l’un des plus beaux passages du livre selon moi.

"Tu crains que Dieu t'ait abandonné, parce que tu ne le sens plus avec autant de plénitude que dans le passé et comme Il l'a promis à Ses fidèles, « plus proche que l'artère carotide. » Ainsi, tu n'es pas loin de considérer qu'il t'a trahi. Mais tu n'as pas songé qu'il se puisse que le traître, ce fut toi. Et pourtant... Mais réponds plutôt: donnes-tu à Dieu toute sa place, dans tes pensées et dans tes actes? T'efforces-tu de mettre tes pensées en conformité avec Sa loi? Il ne s'agit pas de lui faire allégeance une fois pour toute, par une profession de foi générale et théorique. Il s'agit que tu t'efforces de conformer chacune de tes pensées à l'idée que tu te fais de son ordre. Le fais-tu? (...) Ton salut, la présence en toi de Dieu vivant dépendent de toi. (...) Tu cloueras Dieu au pilori quand tu l'auras quêté, comme Il l'a dit, et qu'Il ne sera pas venu..."
Ce livre proche de l'autobiographie soulève comme bien d'autres des questions d'identité et de spiritualité. Il nous revient de faire la part des choses et de concilier nos valeurs traditionnelles ou/et religieuses et ce que nous apprenons à l'ecole. Apprendre, en essayant de ne pas oublier ce que l'on sait déjà... 

Comment réagissez-vous lorsque vous êtes face à une situation qui met votre foi à rude épreuve ? Comment est-ce que Samba a réagi en étant confronté à des valeurs différentes de celles que lui a  enseigné son maître coranique? Si vous avez envie de savoir, eh bien lire délivre !

lundi 7 décembre 2015

Raison d’État ou la loi du plus fort!


Il a suffi de quelques pages pour me mettre en rogne. Ce livre a vraiment de quoi nous faire désespérer du genre humain, de la justice ivoirienne (africaine par extension) et du système politique de notre pays. Bien que fictive, l’histoire relatée ici est très proche de nos réalités.

Au moment où Éric Moyé relate son récit, il vient de rejoindre l’au-delà. J’ai aimé cette touche macabre qui nous permet de découvrir le vivant d’un homme à travers ses mots de mort. Éric, le personnage principal et narrateur a été victime d'un piège ficelé par des énergumènes sans foi ni loi voulant jouir d’un labeur auquel ils n’ont aucunement contribué. Son histoire m’a fait penser à ces nombreuses arnaques o
ù l’on se demande quand on n’est pas dans la situation comment est-ce que la victime a pu se laisser berner de la sorte. Comme la fiancée de Moyé le lui a signifié, il est très naïf. C’est sa grande foi et confiance aveugle en le genre humain qui a causé sa perte. L’apparition dans sa vie de Dame Koundessa la soi-disant sœur de la Première Dame, et de son acolyte le baron Toutré a mené un chef d’entreprise à succès en prison avant de le conduire au cimetière municipal de Yopougon. Au nom de quoi ? La Raison d’État. 

Raison d’État dénonce un système où règne la loi du régime politique en place. C’est d’autant plus révoltant que nous savons tous que ce genre de choses a vraiment lieu sous nos cieux. Nous sommes dans des pays ou un honnête citoyen peut se retrouver derrière les barreaux sans jugement parce que des individus mal famés mangeant à la table du pouvoir en place en ont ainsi décidé. Votre vie peut être gâchée au nom de la « Raison d’État » sans que vous n’ayez le temps de comprendre ce qui se passe. En 72 pages, André Silver Konan évoque la vie pénitentiaire à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan, l’excision, les croyances et les vindictes populaires en mettant surtout l’accent sur la violence, la corruption et l’injustice, du système judiciaire.

Après avoir lu ces pages, on pourrait être tenté de faire preuve d’une grande méfiance à l’égard de tous ceux que nous rencontrons. Heureusement, l’auteur nous donne quand même de l’espoir avec certains personnages. La générosité du beau-père de Moyé, et la manière dont il le traite, contraste avec toutes les histoires que nous entendons parfois sur les beaux-parents. Quant à Katy la fiancée d’Éric, elle est la personnification de l’expression « pour le meilleur et le pire » car malgré les difficultés, elle a supporté son fiancé jusqu’à la tombe. Bessa l’ami fidèle, Rougeau le voleur né rouquin et noirci par la galère (il ment oh !), et enfin l’avocat Me Djouman dont le zèle et l’ardeur sans faille n’ont certes pas sauvé la vie de Moyé mais ont pu empêcher ses bourreaux de faire main basse sur le fruit de son travail.

https://twitter.com/andresilverkona

Au final, Raison d’État est un livre que je recommande vivement. L’écrivain avec un vocabulaire simple arrive à faire passer son message à tout le monde. Il est temps que nous délaissons certains systèmes qui s’ils bénéficient à certains pendant un moment, nuisent malheureusement à tout le monde sur le long terme. J’ai lu ce livre en moins de 3 heures de temps et pour 2000 frs seulement vous aussi pouvez passer un agréable moment de lecture.

vendredi 27 novembre 2015

Douceurs du bercail: Le bonheur est-il chez les autres?


L’immigration des Africains vers les pays occidentaux est malheureusement un sujet qui ne finira pas de délier les langues de sitôt. Pourquoi cherchons-nous l’eldorado loin de nos terres ? Chaque personne vous donnera peut-être une raison différente mais au final pour la plupart, l’herbe est plus verte ailleurs. Nonobstant les sacrifices à fournir pour arriver à bon port, l’angoisse lors des contrôles, les conditions de vie précaires des sans-papiers et enfin la honte et l’honneur bafoué en cas d’échec, ils sont nombreux à vouloir tenter leur chance coûte que coûte. C’est d’ailleurs le thème de l’échec qu’Aminata Sow Fall traite dans Douceurs du bercail

Asta Diop comme d’autres Africains s’est retrouvée dans les caves de l’aéroport en attendant d’être rapatriée au Sénégal. Officiellement appelé « le dépôt », par ses occupants « l’escale », ce cachot représente la fin d’un rêve pour certains tandis que d’autres sont tout de même prêts à retenter l’expérience… Pourtant contrairement à la plupart des personnes présentes dans ce cachot, Asta a ses documents en règles. Asta ne rêve pas de rester en Europe et n’y est pas venue pour réaliser des rêves. Bien au contraire, elle fait partie de ceux qui incitent la jeunesse africaine à rester sur le continent pour y bâtir son bonheur. Pourtant aux yeux de ceux qui l’ont conduise au dépôt, Asta est comme tous les autres. Ils ne veulent pas de ces Africains qui osent espérer de meilleures conditions de vie en venant en occident. Ils ne veulent pas d’eux et le leur font clairement savoir, allant jusqu’à les humilier et à les traiter comme des bêtes de somme. 




Si l’auteure dénonce le comportement des occidentaux face aux immigr
és, elle n’y va pas de main morte non plus sur les défauts de nos sociétés africaines. L’histoire de l’un des personnages m’a principalement affectée. L’expérience malheureuse de Yakham montre à quel point le népotisme dans nos pays affecte de brillants élèves lorsque les bourses d’études sont affectées non selon le mérite mais en fonction des affiliations. Les critiques qu’elle fait du Sénégal sont également valables pour mon pays la Cote d’Ivoire. Le manque de professionnalisme, l’absentéisme et le favoritisme sont flagrants dans nos administrations. Que faut-il faire pour changer les choses ? Comment faut-il faire pour que nous nous sentions assez bien chez nous pour ne pas risquer nos vies vers un paradis lointain ? Pour Asta et certains de ses compagnons du dépôt, la solution a été de retourner à la terre. Comme ils le disent eux même, « la terre ne ment pas », elle récompense toujours selon l’intention et les efforts. 

J’ai aimé ce livre, peut-être moins que L’appel des arènes et La grève des Bàttu, mais je le recommande vivement car l’écrivaine comme à son habitude nous force à nous remettre en question et à trouver des remèdes aux maux de nos sociétés.

mardi 24 novembre 2015

Orgueil et préjugés: Je suis amoureuse !

Une scène du film

Une histoire d’amour anglaise du 19e siècle a le pouvoir de faire rêver une jeune ivoirienne de 21 ans au 21e siècle. Du moins c’est ce que j’ai conclu après ma lecture de Pride and Prejudice (Orgueil et préjugés) écrit par Jane Austen. J’avais déjà regardé le film quelques mois auparavant mais ma connaissance à l’avance des évènements n’a en rien affecté mon plaisir en tournant chaque nouvelle page.

Tout commence par la venue de Mr. Bingley dans la contrée où séjourne la famille Bennett. Bingley est un jeune homme riche et de ce fait, il se doit de désirer prendre une épouse; du moins selon le sens commun de la région. Son arrivée ainsi que celle de son meilleur ami Mr. Fitzwilliam Darcy va provoquer des changements dans la vie des Bennett...



Dame Bennett, on a l’impression, ne vit que pour un seul objectif : caser ses 5 filles et cela de préférence avant celles des voisines et auprès de jeunes hommes nantis. Jane, Elizabeth, Mary, Catherine et Lydia Bennett ont des caractères différents. Jane l’ainée est belle, douce, réservée et toujours prête à accorder le bénéfice du doute aux gens. Elle tombe instantanément amoureuse de Bingley et celui-ci n’a d’yeux que pour elle. Cela ne suffit cependant pas à une consolidation aisée de leur amour... Elizabeth la seconde fille des Bennett, favorite du père et personnage principal du livre, est beaucoup moins clémente que son ainée. Elle n’apprécie pas les gens hautains et le leur fait clairement savoir. Son intelligence, son sarcasme, son franc-parler et ses yeux sombres séduisent. Vous aurez quelques fois envie de l’applaudir après chacune de ses répliques à tous les personnages du livre qui se prennent pour le nombril du monde... Si Elizabeth et Jane sont proches l’une de l’autre et que Catherine et Lydia sont toujours complices dans leur insouciance démesurée, Mary est quant à elle la solitaire de la famille. Son unique objectif est de démontrer aux autres à quel point elle est douée et cultivée. Même quand il vaudrait mieux parfois qu’elle fasse preuve d’humilité… Le père Bennett quant à lui est un homme calme, doté d’une très grande maitrise de soi étant donné qu’il est marié depuis plusieurs années à une femme hystérique avide de cancans. Malheureusement, son désir de ne pas se mêler aux folies de son épouse et de ses filles le rend parfois passif dans des situations où il aurait dû faire preuve de rigueur… 



J’aurais voulu vous parler de tous les personnages du livre tant ils ont chacun un caractère particulier. Mr. Collins - le lèche-botte ennuyeux à mourir (et je pèse mes mots) -, Lady Catherine de Bourgh - la dame mieux que tout le monde et qui sait tout -, Miss Bingley – la prétendante et griotte attitrée d’un homme qui ne la voit pas –, Mr. Wickham – l’homme dont l’apparence et l’amabilité sont trompeuses-… Mais tous ces personnages bien qu’apportant du pep au livre, ne m’intéressent pas autant que mon beau et tendre Fitzwilliam Darcy...

Je suis tombée amoureuse de Mr. Darcy et franchement si vous connaissez quelqu’un comme lui je vous serai gré de me le présenter. Darcy est grand, beau, riche, cultivé, réservé et généreux. Évidemment c’est bien trop féerique pour être vrai. La réserve dont fait preuve le sieur vis-à-vis des autres est telle qu’il passe pour un orgueilleux et vaniteux qui ne respecte pas les gens d’une classe inférieure à la sienne (il est vraiment orgueilleux, mais l’amour me rend tolérante :( ). Derrière l'air hautain qu’il affiche, se trouve un homme dont la fortune et l’orgueil ne peuvent préserver de la flèche de cupidon…



Orgueil et préjugés est un roman d’amour et de mœurs où vous ne lirez rien d’obscène. Jane Austen fait preuve de pudeur et même lorsqu’elle évoque le déshonneur c’est toujours avec de la retenue dans le verbe. Amour, orgueil et préjugés vous l’aurez deviné sont les thèmes du livre. L’œuvre est une satire de la société de l’auteure. Matérialisme, malhonnêteté, médisance, insouciance, vanité, sont des maux qui ne datent donc pas d’hier… Si vous avez envie de connaitre un pan de la société anglaise du 19e siècle, de vivre une histoire d’amour, ou tout simplement de passer un bon moment, je vous le recommande vivement !



lundi 9 novembre 2015

La vie devant soi ou une histoire de pute


Je n’ai jamais autant vu ni utilisé le mot « pute » en si peu de jours qu’en parcourant La vie devant soi. Il revient tellement dans ce livre qu’on n’y voit presque plus la vulgarité qu’il dégage… Après avoir lu Allah n’est pas obligé, je reviens avec une autre histoire racontée par un gamin sous la plume d’un adulte. La vie devant soi est l’histoire d’un enfant de 10 ans qui n’a pas vraiment dix ans. C’est l’histoire d’un fils de pute à une époque où les moyens de contraceptions et les curetages étaient encore inconnus. Aussi, lorsque celles qui pratiquent le plus vieux métier au monde se retrouvaient enceintes d’on ne savait trop qui à cause de « la loi des grands nombres », elles accouchaient comme toutes les autres femmes. Ensuite pour éviter que leurs bambins ne se retrouvent à l’assistance publique, elles les confiaient à des anciennes prostituées qui une fois à la retraite devenaient des nounous d’enfants de prostituées en service. Ce roman pas comme les autres raconte donc une histoire d’amour entre Mohamed, jeune arabe, fils de pute et Madame Rosa vieille juive, et ancienne pute.

« Je leur ai expliqué que Madame Rosa était une ancienne pute qui était revenue comme déportée dans les foyers juifs en Allemagne et qui avait ouvert un clandé pour enfants de putes qu'on peut faire chanter avec la déchéance paternelle pour prostitution illicite et qui sont obligées de planquer leurs mômes car il y a des voisins qui sont des salauds et peuvent toujours vous dénoncer à l'Assistance publique. »

Vous en avez déjà marre de voir des mots commençant par p ? Il ne faut pourtant pas s’y arrêter. Ce livre va bien au-delà d’une histoire de cul. C’est le récit d’un gamin sans parents dans un monde où l’on vous juge par rapport à vos origines. Madame Rosa aime beaucoup Momo et ce dernier le lui rend bien. Pourtant il ressent toujours un manque qui le pousse parfois à surgir devant des voitures en circulation pour que les conducteurs apeurés sachent qu’il existe, que l’on s’intéresse à lui… Ce n’est surement pas un sentiment dont il a le monopole. Combien de fois voulons nous aussi que le monde nous remarque ? Que les gens s’intéressent à nous ? Il suffit de regarder les réseaux sociaux pour se rendre compte que Momo n’est pas le seul dans ce cas.


L’auteur parle de la prostitution, des clichés racistes, des lois de la nature, de la vie, de la mort mais surtout de l’amour… Il nous fait comprendre que tout le monde a droit à ce fameux sentiment et que l’on ne saurait vivre sans. Même quand on est vieille, grosse, laide et que l’on a autrefois utilisé son corps comme marchandise, il peut y avoir un jeune garçon qui nous aime et est prêt à tout pour éviter qu’on ne finisse ses jours dans un hôpital qui refuse de vous laisser partir…

Dans La vie devant soi, Momo a une conception particulière de la vie et du bonheur. Ce bonheur qui apparait comme un phénomène tellement rare qu’il faut en profiter au maximum quand il daigne pointer le bout de son nez.
« J'étais tellement heureux que je voulais mourir parce que le bonheur il faut le saisir pendant qu'il est là. »

De la bouche et des pensées de ce gamin, ressortent des vérités sur lesquelles on ne prend pas toujours la peine de s’attarder. Ce livre m’a fait me poser des questions sur l’euthanasie et le suicide. J’ai toujours été contre l’idée de se donner la mort soi-même plutôt que d’attendre le décret divin. Mais lorsqu’une personne qui a vécu et souffert durant toute sa vie, se retrouve malade à un âge avancé sans possibilité de guérison, à quoi cela sert-il de la maintenir en vie à l’aide d’appareils qui ne lui permettront que de passer de l’état d’être humain à celui de légume ?

« Mais Madame Rosa se gâtait de plus en plus et je ne peux pas vous dire combien c'est injuste quand on est en vie uniquement parce qu'on souffre. Son organisme ne valait plus rien et quand ce n'était pas une chose, c'était l'autre. C'est toujours le vieux sans défense qu'on attaque, c'est plus facile et Madame Rosa était victime de cette criminalité. »

Pour reprendre les mots de Gauz qui m’a fait connaitre le livre et l’auteur, « Émile Ajar est le seul être humain sur la planète à avoir eu 2 prix Goncourt. Le premier pour Les racines du ciel et le second pour La vie devant soi. Il est vieux quand il écrit La vie devant soi mais il écrit comme un gamin étrange. Un fils de pute de 10 ans qui n’est pas parti à l’école mais qui est brillant. Momo a grandi dans un quartier Cosmopolite avec des nègres, des arabes, des juifs, enfin tous les exclus de la société. Et déjà il pose des questions de l’identité qui se posent aujourd’hui en France mais il se les pose d’une manière incroyable… »

Envie d’en savoir plus ? Eh bien lire délivre ! :)




samedi 24 octobre 2015

Allah n’est pas obligé d’être juste dans toutes ses choses ici-bas




J’avais entendu tellement d’éloges sur ce roman que je me suis finalement décidée à le lire. Tout le monde doit et peut lire ce chef d’œuvre puisqu'il est écrit dans un registre familier. Mieux, pour faciliter la compréhension à tous et ainsi élargir son audience, le narrateur explique certains mots et expressions à l’aide de ses quatre dictionnaires.

« Pour raconter ma vie de merde, de bordel de vie dans un parler approximatif, un français passable, pour ne pas mélanger les pédales dans les gros mots, je possède quatre dictionnaires. Primo le dictionnaire Larousse et le Petit Robert, secundo l’inventaire des particularités lexicales du français en Afrique noire et tertio le dictionnaire Harrap’s. Ces dictionnaires me servent à chercher les gros mots, à vérifier les gros mots et surtout à les expliquer. Il faut expliquer parce que mon blablabla est à lire par toute sorte de gens : des toubabs (toubab signifie blanc) colons, des noirs indigènes sauvages d’Afrique et des francophones de tout gabarit (gabarit signifie genre). Le Larousse et le Petit Robert me permettent de chercher, de vérifier et d’expliquer les gros mots du français de France aux noirs nègres indigènes d’Afrique. L’Inventaire des particularités lexicales du français d’Afrique explique les gros mots africains aux toubabs français de France. Le dictionnaire Harrap’s explique les gros mots pidgin à tout francophone qui ne comprend rien de rien au pidgin. »

Dix ou douze ans ? L’âge du personnage principal n’est surement pas ce qui est le plus important, et encore moins son niveau d’étude. Dans ce récit simple, accentué de jurons lancés à tout-va, nous sommes introduits dans un monde de violence ; une violence tellement absurde qu’on la croirait inventée. Et pourtant…



Birahima n’a pas sa langue dans la poche et ça dès le début de l’histoire on le remarque. C’est « un enfant insolent, sans peur ni reproche » mais surtout c’est un enfant-soldat. Orphelin de père et de mère, Birahima voit son éducation confiée à sa tante Mahan. Seulement voilà, un incident conduit cette dernière à s’enfuir au Liberia en laissant son neveu dans son village Togobala. Appâté par des histories mirobolantes sur les enfants soldats du Liberia, Birahima s’embarque dans un voyage périlleux aux côtés de Yacouba, un marabout multiplicateur de billets de banque. Dans son parcours de small-soldier, Birahima découvre, vit, et nous raconte par la même occasion les différentes guerres tribales au Liberia et en Sierra Leone.

« Quand on dit qu’il y a guerre tribale dans un pays, ça signifie que des bandits de grand chemin se sont partagés le pays. Ils se sont partagés la richesse ; ils se sont partagés le territoire ; ils se sont partagés les hommes. Ils se sont partagés tout et tout et le monde entier les laisse faire. Tout le monde les laisse tuer librement les innocents, les enfants et les femmes. Et ce n’est pas tout ! Le plus marrant, chacun défend avec l’énergie du désespoir son gain et, en même temps, chacun veut agrandir son domaine. »




C’est un véritable cours d’histoire que Kourouma nous administre avec Allah n’est pas obligé. J’ai beaucoup appris sur les crises chez les pays voisins, ainsi que le rôle des presqu’inutiles communautés internationale et régionale. On se rend compte dans cette histoire qu’il en faut peut pour que des vies soient gâchées. La soif de pouvoir, la cupidité…pour un trône on sacrifie des milliers de vies humaines en toute impunité. Mais malgré la gravité de la situation, il y a toujours ces anecdotes, ces expressions qui vous font sourire…

Kourouma est sans nul doute un maitre de la parole. Avec la version électronique, je pouvais suivre les aventures de Birahima partout - tant que mon ordinateur ou mon téléphone me le permettait-. Résultat, en 4 jours j’ai traversé la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone en faisant quelques haltes en C
ôte d’Ivoire. À travers l’histoire de Birahima, c’est l’attitude et la responsabilité de tout le monde qui est remise en question. Bien que les faits se déroulent en Afrique occidentale, cela rappelle que chaque jour des innocents sont tués dans le monde sous le silence coupable de la «communauté internationale». L’Afrique pullule et a de tout temps été infestée par les dictateurs, mais à quand le changement ? Kourouma n’est malheureusement plus de ce monde mais les crises qui ont secoué le continent dernièrement auraient surement fait tressaillir sa plume. 

Allah n’est pas obligé d’être juste dans toutes ses choses ici-bas. Et je ne suis pas obligée de vous raconter tout ce qui se passe dans ce livre :p Je vous invite juste à vous dépêcher de le lire !

mercredi 2 septembre 2015

La grève des Bàttu, l'incontournable d'Aminata Sow Fall


Il y a certains livres que tout le monde – les Africains en particulier – doivent lire. La grève des Bàttu fait partie de ces œuvres que l’on qualifie de classique dans la littérature Africaine. Ce n’est pas fortuitement qu’Aminata Sow Fall a reçu le Grand prix littéraire d’Afrique noire pour ce roman. 


On dit souvent que la main qui demande est toujours en bas. Que se passe-t-il donc lorsque celui qui donne devient le quémandeur ? C’est ce que nous propose Aminata Sow Fall avec cette grève imaginée – et inattendue – des mendiants. Dans la « Grande Ville » d’un pays africain, ces derniers sont pourchassés, brutalisés, afin qu’ils quittent les trottoirs et autres lieux où ils gagnent leur pitance. La raison ? Il faut assainir la ville pour favoriser le tourisme. Les autorités ne veulent plus voir ces personnes qui, une petite calebasse (bàttu) à la main, assaillent les « honnêtes » citoyens pour survivre. Las de se voir traiter comme des bêtes, ces mendiants décident de se regrouper dans la maison de Salla Niang, où désormais ils acceptent les aumônes selon leurs propres règles. Mour Ndiaye, directeur général du service de la Salubrité Publique, après avoir vivement encouragé son subalterne Kéba Dabo dans cette guerre aux porteurs de bàttu, se retrouve face à une situation difficile. Pour obtenir ce qu’il désire le plus au monde, il a besoin de ces «ombres d’hommes» et de leurs calebasses…



Dans La grève des Bàttu, Aminata Sow Fall nous met en garde contre la déshumanisation. L’auteure pointe du doigt l’ambition malsaine de certains individus qui, pour gravir les échelons sont prêts à tout. Avec Mour Ndiaye, on découvre de nombreux défauts de l’homme, noir en particulier. Ndiaye représente ces chefs qui font faire tout le travail par les autres et se contentent de ramasser les lauriers. Des hommes qui en atteignant les sommets décident qu’il faut agrandir leur harem pour montrer des signes de prospérité; et ce malgré les sacrifices consentis par la première épouse. La quête du pouvoir dans laquelle se lance le personnage principal lui apprendra et à nous aussi par la même occasion que personne n’est trop petit ou trop pauvre pour être respecté.


La mendicité existe partout en Afrique et même ailleurs sous différentes formes. Toutefois, les Africains pourtant réputés pour leur sens du partage, deviennent de plus en plus insensibles face à la misère de leurs semblables. J’avoue avoir déjà eu de nombreuses discussions avec des amis et des proches pour justifier ce fait. Nous n’arrivions pas à admettre qu’une personne bien portante, sans aucune infirmité, décide de tendre la main plutôt que de travailler de ses dix doigts. Et pourtant… On pourrait énoncer toutes sortes de raisons qui pousse des gens à quémander mais chacun a surement sa propre histoire. La mendicité n’étant pas à encourager, il nous faut trouver une solution pour permettre aux démunis de gagner leur pain quotidien autrement qu’en quémandant ou en volant. Cependant, leur condition de mendiants n’est en aucun cas une raison suffisante pour que des personnes soient traitées comme des sous hommes. D’ailleurs pour les croyants de nombreuses religions, la charité ne sous déleste en rien, bien au contraire ! En donnant de nos biens, nous apprenons à nous désintéresser du matériel et à accumuler des bénédictions et des bonnes œuvres pour l’au-delà...

Tout comme L’appel des arènes, La grève des Bàttu est écrit simplement et agrémenté de quelques mots et expressions wolofs. Ce roman fait partie des incontournables de la littérature africaine et je vous le recommande vivement !

mardi 18 août 2015

The color purple: La couleur pourpre


Je ne sais pas pour vous mais je ressens toujours une certaine pression lorsque je lis un livre qui a été acclamé par tout le monde. Je ressens moi aussi le besoin de l’aimer, de comprendre ce que les autres ont compris, alors que ce n’est pas cela le but de la lecture. En lisant, nous sommes censés tirer nos propres conclusions, ressentir nos propres émotions... Comme le disait l’artiste ivoirien Yak lors d’une exposition, « l’art doit être subjectif et non objectif ». Et je pense que tout comme la sculpture et la peinture, les mots inscrits dans les livres parlent d’eux même et ne doivent pas être interprétés d’une seule manière. Je travaille encore à ne pas me laisser influencer par les avis des autres…

J’ai dit tout cela, mais ce n’est pas pour m’opposer à l’avis général sur le chef d’œuvre d’Alice Walker car The color purple est indubitablement superbe. J’ai flanché dès la première page. En effet, l’auteure ne nous laisse pas le temps de nous installer avant de nous assommer avec la souffrance de Celie, nous forçant à adopter et partager immédiatemen
t le drame de l’héroïne. 


The color purple est un roman épistolaire qui nous transporte dans l’univers du personnage principal Celie. À l’âge de 14 ans, elle est violée par l’homme qu’elle appelle « père » sans qu’elle ne puisse le dire à qui que ce soit. Elle décide alors de confier ses maux à Dieu à travers des lettres. Enceinte à deux reprises et séparée de ses enfants, Celie est ensuite offerte comme une vulgaire marchandise – et encore gratuitement – à un homme vivant avec 4 de ses enfants. Celie ne s’oppose jamais, se contente de faire tout ce à quoi elle est assignée. Mais malgré cela, les coups et les injures pleuvent sur son corps et son esprit déjà affligé. Lorsqu’elle rencontre Shug Avery, l’ancienne amoureuse de son mari, Celie découvre un autre monde. Elle découvre qu’elle est belle malgré ce que les hommes lui ont toujours dit. Elle découvre qu’elle peut aimer d’autres personnes que sa mère et sa sœur, et que quelqu’un peut elle aussi l’aimer pour ce qu’elle est. C’est le début d’un long parcours pour se rendre compte qu’elle a de la valeur. Et face à toutes les difficultés qu’elle rencontre, une seule chose la tient en haleine : l’espoir de retrouver sa sœur dont elle n’a plus eu de nouvelles pendant des années.


Dans chaque lettre, on découvre un peu plus la vie des noirs dans un pays qui leur refusait les mêmes droits qu’aux blancs. Mais plutôt que de se contenter d’un banal récit racontant le mépris de l’homme blanc pour l’homme noir, Alice va plus loin. Elle y raconte le désir de dominer de certains hommes, blancs comme noirs. Elle examine la vie de certaines femmes soumises, marchepieds de leurs époux, de la société. Et le refus de certaines comme Sofia, Nettie et Shug de se plier aux exigences des autres. Dans The color purple, on découvre également les rencontres et la relation entre les noirs des États Unis et ceux vivant en Afrique que l’on considérait comme des sauvages et des païens…

L’amour est un thème important dans le livre mais c’est surtout l’amour de soi-même qui est prôné. Comme moi, certains n’apprécieront surement pas que Celie rencontre agapè et éros dans les bras d’une femme. Mais j’ai finalement compris que The color purple va au-delà d’une simple histoire d’homosexualité. Comme le dit Alice Walker dans la préface du livre, il s’agit du combat d’une personne qui commence sa vie en tant que captive spirituelle mais qui grâce à son courage et à l’aide des autres va réaliser qu’à l’instar de la nature, elle est l’expression rayonnante de ce qu’elle a toujours perçu de loin comme le divin. 


À travers certains personnages, vous entendrez ou plutôt lirez des choses qui ne vous plairont pas forcement mais une chose est certaine, ce livre est à lire. Et pour ceux qui ne sont pas de grands fans des livres, je n’ai entendu que de bonnes critiques sur le film.