jeudi 25 septembre 2014

LES MATHS DE MONSIEUR KOFFI : MERCI PROF

Son visage s’impose immédiatement à mon esprit lorsque j’entends le mot meilleur suivi de professeur. Je suis certaine que la majorité de ceux qui ont eu la chance d’être ses élèves pense comme moi.  Élève débrouillarde en mathématiques, l’homme m’a fait aimer cette matière (du moins pendant une année). Je profite du contexte du concours « Merci Prof » organisé par MTN Côte d’Ivoire fondation pour parler de cet enseignant fabuleux.

Mon arrivée au Lycée Classique d’Abidjan a changé ma vision des maths. Désormais je voyais à la place des chiffres et des figures géométriques des éléments de tortures ayant pour seul but de me faire échouer. Enfin, sans vouloir attiger, je n’appréciais plus beaucoup les mathématiques au lycée. J’ai pourtant réussi à décrocher le bac avec un 19 en maths (ah laissez-moi le dire) dont tout le mérite revient indubitablement à monsieur Koffi Mathurin.



Je le revois encore dans notre salle de classe de terminale TD21. Une tablette numérique à la main (c’est un prof 2.0) et le sourire aux lèvres, il nous racontait les exploits de ses anciens élèves et nous incitait à faire encore mieux. Il ne félicitait jamais personne pour rabaisser les autres mais toujours pour éveiller ce désir de se surpasser. Avec lui les mathématiques devenaient une vraie partie de plaisir. Cela se voyait qu’il aimait son travail et ses élèves.

Toujours gai, il avait cette phrase aux lèvres « Ne marchez jamais seul hein ! ». Il nous recommandait en plus de bosser dur, d’avoir Dieu comme compagnon quotidien. J’ignore si mes mots pourront exprimer toute la gratitude que j’ai envers celui qui m’appelait « la dernière flèche ». Monsieur Mathurin comme tout être humain avait sans doute ses propres soucis, mais il les laissait à l’entrée du lycée. Toujours disponible pour ses élèves, personne n’est peu intelligent à ses yeux. Il m’a appris que nous pouvons tout accomplir avec le soutien de Dieu et des efforts de notre part.

À peine si nous ne nous bagarrions pas pour transporter la lourde sacoche qu’il portait de tout temps sur son épaule. Pour nous, chaque instant passé avec lui valait de l’or. Il est sans doute le seul professeur que nous aurions bien aimé ramener à la maison après une dure journée passée a l’école. Et non je n’exagère en rien mes propos. Si vous vous rendez sur son compte Facebook, vous pourrez voir les témoignages d’affection de certains élèves. Monsieur Koffi Maths n’est pas juste un professeur, il a été et est toujours un mentor, un père pour chaque élève qui a le privilège de le rencontrer. Et quand bien même vous ne seriez pas de sa classe, c’est avec le sourire qu’il vous prêtera une oreille attentive.


mercredi 17 septembre 2014

CES PRENOMS QUI DERANGENT...


Petite j’étais le souffre-douleur de mon grand frère Nonyaha (laissez-moi au moins un) mais on le lui pardonne. L’une de ses blagues favorites pour me mettre dans l’embarras est la suivante “Quand on devait lui choisir un prénom, il y a une mouche qui est passée devant maman et celle-ci s’est écriée oh mais putain ! L’officier chargé d’établir l’acte de naissance a alors écrit Pitin sur son extrait.” Si j’explosais en larmes face à ce genre de jeux de mots et de blagues toutes pourries (j’étais une petite fille), aujourd’hui j’aime bien TOUS mes prénoms. Silué Tchonté Pitin Mireille, c’est ainsi que mes parents ont choisi de m’appeler. Pitin la mère de Papa était également la fille de Tchonté – le grand père de papa – aussi, j’ai finalement compris que ces deux prénoms me permettaient de jouir de certains privilèges. Mais bon cet article n’a pas pour but de parler de moi mais plutôt de ces prénoms africains qui dérangent.

Le peuple Sénoufo dont je suis issue n’est pas réputé pour son poro et son folklore uniquement mais aussi pour ses prénoms atypiques. S’il existe des prénoms propres à chaque tribu africaine, ceux des Sénoufo sont surtout connus pour leur longueur et prononciation difficile. Ainsi Gninhinninchionni (Dieu est avec nous) l’une de mes amies a préféré mettre G. sur son compte Facebook pour ne pas avoir à l’écrire en entier et à le prononcer pour certaines personnes. J’avoue moi-même avoir eu beaucoup de mal à appeler Pénégnanon (c’est parce que vous avez vu que je suis seul) un autre de mes grands frères quand j’étais plus jeune. Seulement peu de gens s’intéressent à l’histoire et à la signification de ces prénoms. Les détenteurs eux même plutôt que de s’enorgueillir de leurs beaux prénoms africains s’empressent de donner le prénom dit « français » lorsqu’on leur demande de déclarer leur identité.

D’aucuns diront que les prénoms français sont plus faciles à prononcer et donc plus commodes tandis que d’autres cherchent à échapper aux moqueries de leurs amis parce que portant des prénoms ridicules aux yeux des autres. Lorsqu’il s’agit de mettre une photo dans une tenue pagne et de déclarer que nous sommes Africains et fiers de l’être, pas besoin de se faire prier. Mais lorsqu’il faut porter cette même fierté à travers nos prénoms, nous nous défilons très rapidement.

Selon la croyance populaire en Afrique, le prénom que porte une personne peut influencer son caractère. Si cela s’avère vrai, je comprends mieux la multitude de statuts sur Facebook de mon cousin Songrofohl dont le prénom signifie « celui qui pense beaucoup ». Hemtcha désigne une personne qui rassemble tandis que Kignelman est une expression signifiant « tout ce que je fais est dans la main de Dieu ». Certains prénoms ont des significations multiples. C’est le cas de Soukpafolo qui se dit d’une personne en qui l’on peut avoir confiance et signifie également la volonté du cabri (aux temps jadis, la majorité des Sénoufo adorait les animaux). Mais n’allez pas croire que tous nos prénoms sont aussi "fantaisistes" car certains tel que Kolo (attribué à un enfant né à la suite de jumeaux) sont très "jolis" et "simples" aux yeux de tout le monde.  

Chez d’autres peuples, j’apprécie aussi les prénoms de certaines amies comme Singa et Wonseu qui signifient respectivement « or » et « bonheur » en Yacouba, ou encore Kossia généralement attribué aux personnes nées le dimanche chez les Abron.


Je pourrais vous citer toute une panoplie de prénoms africains aussi beaux et lourds de sens les uns que les autres mais il ne suffit pas de s’appeler Tchonté Pitin et de l’arborer fièrement pour prétendre défendre son identité culturelle. Lorsque je saurai parler et comprendrai parfaitement ma langue maternelle, je reviendrai vous enquiquiner sur notre pseudo fierté qui se limite très souvent à notre accoutrement. 

Sinon, c’est quoi votre prénom africain ?