mardi 19 janvier 2016

Jeux de mots...



Cela faisait plus d’une heure qu’il était assis là, les yeux rivés sur ses mots croisés. A quelques centimètres de lui, une canne à pêche, la ligne plongée dans l’eau était aussi immobile que l’homme à côté.

« Un mot de cinq lettres exprimant un sentiment universel profond. Voyons voir ! Haine ? Hum non ça ne colle pas. Peut-être désir. Ah oui ça pourrait être ça ! Le désir n’est-il pas le sentiment le plus profond qu’il m’est été donné d’expérimenter ? J’ai tout désiré : l’argent, les voitures, le pouvoir, les voyages, les femmes. Surtout ce dernier élément ; et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle je suis assis ici tout seul. Je me souviens que j’avais pourtant un meilleur ami. Il n’y a pas si longtemps de cela - ok une bagatelle d’années tout de même - Francko et moi étions inséparables. Rencontrés à la fac, nous avons depuis, presque tout fait ensemble. Les premières fêtes d’étudiants, le premier joint aussitôt regretté, les premières dragues aux soirées estudiantines, l’achat de la première voiture, la quête du premier boulot, le prêt pour la première maison… En 8 années d’amitié, on peut dire que nous étions devenus de vrais siamois. Jusqu’à ce qu’elle apparut. Belle…Ce prénom lui allait comme un gant. Ses cheveux blonds bouclés lui donnaient un air enfantin du haut de ses 45 ans bien comptés. Et ces fossettes lorsqu’elle souriait… et elle souriait beaucoup quand elle me voyait. Le jour où il me la présentât, Francko me lança immédiatement le regard qui voulait dire « pas touche ». Il savait mon obsession pour les femmes au joli minois et sans aucun doute Belle était magnifique. Ce que Francko ignorait cependant et que moi aussi j’allais découvrir, est que plus l’objet de mon désir était inaccessible, plus grande devenait mon envie de le posséder. Aussi, chaque fois que nous nous retrouvions tous les 3, je devais adopter une attitude d’indifférence pour éviter de trop la côtoyer et de faire dégénérer les choses. Je faisais preuve d’une ridicule politesse envers elle en lieu et place des taquineries dont je gavais tout mon entourage. Francko s’était rendu compte de mon changement mais ne dit mot sur le sujet. Un soir, j’allai lui rendre visite mais grande fut ma surprise de rencontrer Belle toute seule à la maison.

- Ton ami est allé m’acheter quelques babioles à côté mais il revient tout à l’heure.
- Ah d’accord. Eh bien, je vais l’attendre dehors alors.
- Mais qu’est-ce que tu racontes ? Assieds-toi devant la télé pendant que je t’apporte quelque chose à boire.

Bien malgré moi mes fesses se posèrent sur le canapé et ma main se saisit de la télécommande pour mettre le téléviseur en marche. Le match des Giants avait déjà débuté alors je pris finalement mes aises. Absorbé par la raclée que se prenait nos géants par les Braves d’Atlanta, je ne me rendis pas compte que cela faisait plus de 30 minutes que j’attendais Francko. Je sentis tout d’un coup un parfum, envoutant envahir la pièce. Un mélange de fraise et de vanille combiné à un je ne sais quoi de sensualité que je ne pourrai jamais oublier. Sous mes yeux, apparut un corps affriolant qui ne semblait pas appartenir à une dame de 45 ans. Je dus me pincer plusieurs fois pour garder mes sens sous contrôle tandis que Belle dans une tenue de diablesse approchait à pas de féline. Mon visage devait laisser transparaitre un mélange de crainte et de désir car Belle s’arrêta net en le voyant.

- Qu’est-ce qu’il y a ? Je pensais que je te plaisais.
- Euh ! Oui mais c’est que…
- C’est que quoi ? Francko n’en saura rien, renchérit-elle avec une douce voix.
- Oui mais c’est quand même mon meilleur ami et vous êtes sa mère.
- Oui mais je suis aussi une femme qui aime. Amour, tu sais ce que ça veut dire ?

La sonnerie de la porte d’entrée retentit à ce moment-là. « Amour », bien sûr que je savais ce que cela voulait dire. Un mot de cinq lettres exprimant un sentiment profond et universel. Bien sûr ! C’est le mot que je cherchais. »

L’homme esquissa un léger sourire, remplit l’une des cases de ses mots croisés et se leva pour partir sans la canne à pêche. Ce n’était pas la sienne.

samedi 16 janvier 2016

La porte étroite, tout sacrifier pour y accéder...



C’est en lisant La porte étroite que j’ai réalisé à quel point mes lectures se sont diversifiées (au niveau des écrivains, pas encore du genre) avec le temps. C’est beau de découvrir l’amour à d’autres époques, sous d’autres cieux et à travers d’autres yeux. En lisant ce livre, mon cousin aurait surement dit une énième fois : « les cousins sont faits pour les cousines. » Monsieur Bosso, l’un de mes anciens professeurs du lycée aurait surement évoqué les dangers des mariages consanguins, mais ce n’est pas un cours de SVT qui a mis en péril la relation amoureuse de Jérôme et Alissa.

« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car la porte large et le chemin spacieux mènent à la perdition, et nombreux sont ceux qui y passent ; mais étroite est la porte et resserrée la voie qui conduisent à la Vie, et il en est peu qui la trouvent. »



Depuis leur tendre enfance, Alissa et Jérôme s’aiment d’un amour pur et sincère. Alissa a deux ans de plus que son cousin et craint d’être trop vieille pour lui ; une excuse que Jérôme rejette du revers de la main. Tout le monde sait que les deux cousins s’aiment et il n’y a aucun doute qu’ils se fianceront et convoleront en justes noces après le service militaire obligatoire de Jérôme. Toutefois, sous l’emprise de leur amour, ils ne remarquent pas que Juliette, la cadette d’Alissa, est elle aussi éprise de Jérôme. Lorsqu’ils le découvrent, Alissa décide de sacrifier son amour pour le bonheur de sa sœur. Mais cette dernière se rendant compte que Jérôme n’a d’yeux que pour son ainée, décide alors d’épouser un autre homme qu’elle n’aime pourtant pas. Cet incident émousse l’expression des sentiments d’Alissa pour Jérôme même s’il ne le diminue en rien. Etant séparés pendant que Jérôme poursuit ses études, puis son service militaire, les missives qu’ils s’envoient régulièrement les aident à laisser éclore leur amour de nouveau. 

La contemplation de la nature, la lecture de classiques littéraires, la musique… Toutes les activités qu’ils pratiquent les relient et parfois même n’ont de sens que lorsqu’ils peuvent les partager. Et il en est de même pour leur foi et leur recherche de vertu. Cette porte étroite que peu trouvent, Jérôme ne la recherche que pour être plus proche de sa bien-aimée. Pourtant pour Alissa, plus que la concrétisation de son amour avec Jérôme, elle souhaite de tout cœur qu’ils atteignent les plus hauts degrés de la vertu. Apres avoir longtemps échangé des lettres, les deux amoureux se retrouvent à nouveau à Fongueusemare où vit Alissa. Leurs gestes sont maladroits et ils ont du mal à être aussi éloquents et sûrs d’eux que dans leurs écrits. Alissa se rend compte qu’elle aime trop Jérôme et peut être même plus que Dieu. Elle craint que l’amour (et le désir implicitement évoqué) qu’ils se vouent mutuellement ne les éloigne de la quête de la vertu. Elle pense ne pas avoir droit au bonheur céleste en goutant aux plaisirs terrestres. Au risque de ne pas y arriver elle-même, Alissa décide de s’éloigner de Jérôme, de sacrifier leur amour, afin qu’au moins l’un d’entre eux puisse passer par la porte étroite…


J’ai eu beaucoup de difficultés à faire ce compte rendu parce que je voulais retranscrire les sentiments confus qui habitaient Alissa. Je pense que la frivolité de sa mère et sa fuite dans les bras d’un autre, ont contribué à créer ce désir perpétuel d’atteindre la sainteté. J’ai beaucoup aimé ce roman mais je pense qu’il n’est pas de ceux que l’on raconte, au risque d’empêcher l’autre de faire sa propre expérience avec l’histoire. Bien que ce chef d’œuvre d’André Gide apporterait beaucoup à quiconque le lirait, je le recommanderais surtout à ceux qui sont intéressés par les thèmes de l’amour et/ou celui de la religion. C’est l’une des plus belles histoires d’amour que j’ai lues. Il pourrait être difficile de comprendre pourquoi est-ce qu’Alissa s’éloigne d’un homme qu’elle aime autant et qui le lui rend bien alors que Dieu lui-même bénit l’amour. 

Alissa a-t-elle fait le bon choix en mettant fin à cette idylle plutôt que de la concrétiser par un mariage ? Jérôme et elle arriveront-ils à atteindre le bonheur ? Alissa elle-même comprend-t-elle réellement le sens de cette vertu pour laquelle elle décide de tout sacrifier ? 

Je vous laisse apporter vos propres réponses à ces questions.

lundi 11 janvier 2016

Rendez vous sur Rythmes d’ Afrique, Racines


Hello, j’espère que vous allez bien. Maintenant, vous pourrez lire le compte-rendu de mes lectures d’œuvres Africaines sur Rythmes d'Afrique, Racines. Bien sûr je continuerai de publier ici mais vous pourrez également découvrir d’autres riches aspects de la culture Africaine sur Rythmes d’Afrique. Et pour mon premier compte-rendu je vous laisse découvrir des nouvelles sur les 50 années postindépendances de la Côte d’Ivoire.

J’avais quelques appréhensions avant d’acheter ce livre et au moment même de l’entamer. Je pensais qu’il s’agirait d’écrits ennuyeux remplis de débats politiques; mais étant donné qu’il était vendu en promotion, je l’ai tout de même emporté. Je ne suis pas du tout déçue et j’espère que vous aussi aurez l’occasion de l’apprécier.

50 ans d’Indépendance de la République de Côte d’Ivoire en 10 nouvelles est un recueil conçu à partir d’un concours d’écriture organisé par le groupe Fraternité Matin, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance en 2010. Le constat à la fin de cette lecture ? Le pays se portait mal le jour de ses 50 ans. La plupart des auteurs s’est évertuée à rappeler les maux dont souffre la mère patrie, sous différents contextes certes mais presque tout le temps pour les mêmes raisons. Toutefois, certaines nouvelles se démarquent selon moi par leur originalité et la puissance de leur message.

La suite ici...