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vendredi 27 mai 2016

Bienvenue au Salon International du Livre d'Abidjan 2016 !


Ce jeudi 26 Mai 2016, j’étais comme Alice au pays des merveilles. Le Salon International du Livre d’Abidjan a ouvert ses portes au Palais de la Culture Bernard Binlin Dadié de Treichville. Dès mon entrée je remarque un bibliobus garé dans le parking. C’est l’une des bibliothèques ambulantes de la fondation Children of Africa qui circulent dans le pays. A l’intérieur, se trouvent des livres pour enfants, mais aussi des œuvres destinées aux adultes ainsi que quelques classiques français. Les responsables m’informent que le bus est accessible à tous. Vous ne pouvez pas emprunter de livre. Mais vous pouvez en lire autour du bus. Au moment même où j’effectue ma visite, un groupe d’enfants participent à un atelier ou de manière drôle et imagée on leur explique l’importance de la lecture.



L'atelier de lecture et le bibliobus de la fondation Chilldren of Africa

Apres avoir passé l’épreuve du détecteur de métaux, je pénètre au cœur de l’évènement. De nombreux stands sont dressés dès l’entrée. En écrivant ces lignes, je me rends compte que je n’ai pas eu l’occasion de visiter plusieurs d’entre eux. Et pour cause ! J’ai eu envie de tout acheter dès que je suis entrée. Le premier livre sur lequel je tombe est Les confessions de l’enfant-microbe. Je le prends automatiquement et l’auteur me le dédicace. Je m’arrête à presque tous les stands que je rencontre. Au fur et à mesure, mon portefeuille se désemplit et fini par crier famine. J’y ai laissé des sous, mais je suis rentrée avec le bonheur. (Qui a dit que ça ne s’achetait pas ?)


Mon accompagnatrice du jour et l'auteur Samuel Dégni.


J’ai été ravie de voir plusieurs collégiens et lycéens dans leurs uniformes. Des écoles sont venues pour éveiller ou maintenir le gout de la lecture en leurs élèves. J’ai découvert que le fondateur de mon école primaire est écrivain. J’espère avoir l’occasion de me procurer ses livres le samedi. Mon coup de cœur de cette première journée du SILA a été Benjamin Kouadio. J’ai acheté sa bande dessinée John Koutoukou pour l’un de mes neveux. Il a aussitôt fait la plus belle dédicace qu’il m’ait été donnée de voir. C’est Yanis qui sera content !




J’ai entre autres obtenu des dédicaces des dames Regina Yaou, Fatou Fanny-Cissé, et Komara Constance Mariam. J’y ai également découvert le critique littéraire Auguste Gnaléhi. Je me suis rendue compte que j’ignorais beaucoup de choses/gens dans l’univers de la littérature ivoirienne. Mais je vais essayer de me mettre à la page. 

L'ecrivain Komara Constance Mariam

Le critique Auguste Gnalehi


Le salon du livre se tient jusqu’au Samedi 28 Mai au Palais de la Culture Bernard Binlin Dadié. Vous pouvez encore y faire un tour. Vous vous perdrez peut être comme moi devant le flot de merveilles. Il y aura aussi des ateliers comme une représentation du collectif Au nom du Slam ce vendredi. Vous pouvez voir la suite du programme sur Rythmes d’Afrique. Pour les prochaines éditions, j’espère qu’on aura une idée du programme bien avant le début de l’évènement. Mais pour le moment vive le SILA 2016 et vive le livre !



:)



jeudi 24 mars 2016

Addict and Proud!


J’avoue que j’ai toujours voulu répondre à un tag sur mon blog. Alors merci à Ayyahh pour la nomination au prix de l’addict lecture. C’est surement une bonne addiction…

Quel auteur aimerais-tu faire revenir à la vie ?
J’aimerais bien deux tête à tête avec Amadou Hampâté Bâ et Chinua Achebe. Avoir des ateliers d’écriture, de vie, d’histoire…

Une couverture de livre que tu ne te lasseras jamais de regarder ?
Franchement, aucune ne me vient à l’esprit. Je suis plus attirée par les titres que les couvertures. Par contre je reconnaitrais la couverture de « Les erreurs de Maman » de Jocellin Kalla entre mille. Vu que c’est mon first love, on va dire que c’est ça…

Quelle héroïne (préciser le livre) aimerais-tu incarner et pourquoi ?
Une combinaison de Kainene dans Half of a yellow sun, et Elizabeth Bennet dans Pride and Prejudice. J’aurais une mixture de sarcasme, repartie, pudeur, défiance, intelligence, culture, caractère…. Surtout au cas où vous ne l’auriez pas noté sarcasme...

De quel livre ne pourras-tu jamais te séparer, même pour un prêt ?
Aucun. La plupart du temps une fois que j’ai fini de lire un livre j’y retourne rarement. Et encore, des années plus tard. Le problème c’est le prêter et ne jamais le revoir, ce qui m’est arrivée je ne sais plus combien de fois. Mais depuis quelque temps j’ai décidé de prêter quand même, histoire de permettre à tout le monde de vivre la magie. Mais je doute pouvoir prêter mes livres de Chimamanda Ngozi Adichie même si actuellement ils se trouvent loin et sans ma surveillance... :(

Le genre de romans que tu ne liras jamais ?
"Il ne faut jamais dire fontaine je ne boirai pas de ton eau." Mais je pense que j’éviterai des œuvres comme 50 Shades of Grey et je ne lirai surement pas Revenge Porn.


Alors pour continuer ce jeu que j’aime bien, je demanderai à ces passionnés de lecture de me faire le plaisir de répondre à ces questions :)

Missivory Bams https://serialfoodie.wordpress.com/
Ndèye Fatou Kane https://cequejaidanslatete.wordpress.com/
Manuella Wonseu https://leblogdewonseu.wordpress.com/
Stephane Agnini http://mcagnini.com/
Sakina Traoré http://knoham.blogspot.com/2016/03/choisissez-bien-les-membres-de-votre.html

lundi 21 mars 2016

Voyage dans l'antiquité avec Séléné




J'aime voyager. J'aurais aimé étudier la médecine. Je suis férue de lecture et j'affectionne les belles histoires d'amour. Le coefficient permettant de connecter ces "variables" ? Une belle plume trempée dans du suspense. Et c'est là qu'intervient Barbara Wood.

Nous sommes des siècles en arrière. Des soldats romains sont à la poursuite d'un jeune homme et de sa femme à terme. A peine donne t'elle naissance au deuxième jumeau que les soldats font irruption dans leur cachette et s'emparent d'elle et de son premier-né, laissant son époux agonisant dans une mare de sang. Méra, l'accoucheuse-guérisseuse entre-temps réussi à s'abriter loin des regards avec Séléné, le deuxième bébé. L'enfant devient sa chair et sa raison de vivre. Elle lui enseigne tout ce qu'elle sait de la médecine et fait d'elle son assistante, sa compagne, sa fille. Séléné n’a d'autre ambition que de suivre les traces de sa mère jusqu’à ce qu’elle s’éprenne d'un éphèbe Romain. Son monde ne tourne plus qu'autour de lui, et de ses aptitudes médicales et chirurgicales exceptionnelles. Séléné envisage de fusionner le savoir traditionnel de sa mère à celui plus moderne d'Andréas diplômé de l'école de Médecine Romaine. Ses plans sont avortés lorsque sa mère réalise l'ampleur de son attachement à ce "hérétique"; mais surtout lorsque vient le temps pour Séléné d'accomplir sa destinée…

Le père biologique de Séléné, un descendant de Jules-César, dans son dernier souffle laissa à Méra une rose d'ivoire qui contenait les indices pouvant aider Séléné à retrouver ses origines et à accomplir son destin. L'oracle a été clair, il faut partir avant la tombée de la nuit. Se dressant durement contre les pleurs et les supplications de sa fille, Méra l'entraîne aux abords de la ville où une caravane doit les amener à Palmyre. La jeune fille s'échappe un instant afin d'aviser Andréas et le supplier de la rejoindre. Misère et calamité ! Andréas serait absent, et le mot qu'elle lui écrit ne lui parviendra jamais. Un cœur jaloux et amoureux s'est chargé de le mettre en morceaux.


Dans le désert qui doit les mener à Palmyre, Méra se confie enfin à Séléné. Elle lui raconte la terrible nuit de sa naissance, son frère jumeau disparu, et la mission encore inconnue qu'elle doit accomplir. Les indices sont dans le pendentif en rose d'ivoire. Méra s'essouffle, agonise, et comble du malheur, apprend que Séléné a échangé son pendentif contre l'œil D'Horus d'Andréas dans la caverne de Daphné. Sous la pleine lune, après maintes recommandations et surtout l'ordre pour Séléné de retourner à Antioche récupérer le fameux pendentif, Méra rend son dernier souffle dans les bras et les gémissements de son enfant.


Retourner à Antioche ? Revoir Andréas et lui expliquer le but de cette disparition soudaine ? Séléné n'en aura pas le temps. Aux aurores, la caravane est attaquée par les soldats de Magna, à la recherche de jeunes vierges pour la guérison du Roi. Sans mère, sans repères, Séléné est capturée et emmenée avec une centaine de jeunes filles dans les cachots du Palais. Sa pharmacie est retrouvée par Kazlah, le médecin en chef du Palais qui use et abuse de son pouvoir pour en déceler les secrets. Son savoir prodigieux lui permet de sauver l'œil de la Reine et la vie du Prince. Elle passe alors de prisonnière et potentiel remède à la maladie du Roi à guérisseuse personnelle de la Reine et sa cour, au grand désarroi du médecin présomptueux.

La jeune femme sauve in-extremis la vie de Wulf, prisonnier germain lors d'une opération chirurgicale barbare initiée par Kazlah afin de le rendre muet à l'instar de centaines d'esclaves. S'engage alors une amitié intense entre les deux captifs. C'est ensemble qu'ils s'enfuient de Magna laissant la reine dans une colère démesurée.

Sur les routes contrôlées de Magna, dans le désert brûlant de Babylone, les deux fugitifs se soutiennent et prennent soin l'un de l'autre. A bout de force sur les montagnes de la Perse, sous la lumière de la lune et dans un abri de fortune, ils cèdent calmement à la passion qu'ils ont l'un pour l'autre depuis les années que dure leur périple. Mais il est temps de se séparer. Wulf et Séléné le savent, ils doivent désormais faire cavaliers solitaires. Elle, afin d'accomplir sa destinée et retrouver Andréas. Lui, pour venger son peuple du massacre perpétré par les romains et enfin retrouver sa femme et son fils. Séléné le laisse partir en gardant secret le fait qu'elle attend un enfant de lui.

Accumulant et bonifiant ses connaissances médicales au cours de ses voyages, rencontrant joies et malheurs, fatigues et harassement, la jeune femme n'a nullement l'intention de se sédentariser en un lieu précis tant que la mission reste inaccomplie. Sa fille Ulrica dans les bras, Séléné continue son périple sillonnant villes et pays, traversant mers et montagnes, dans des sentiers tortueux dont elle ignore totalement l'issue.

Quelle est cette destinée si particulière qu'elle doit accomplir ? Dans quelle contrée connaîtra-t-elle enfin le repos ? Résistera t'elle aux machinations des Hommes et aux intrigues de la société Romaine ? Retrouvera t'elle Hélios le jumeau disparu ? Et par-dessus tout, retrouvera t'elle celui qui habite continument ses pensées ?

Ces questions m'ont triturée tout au long de la lecture. Je voyageais avec Séléné. Je découvrais les vertus de la potion d'Hécate, les traitements de la cataracte à l'aide d'une aiguille, les premières salles d'hospitalisation. La médecine d'aujourd'hui est un mélange savant de connaissances d'horizons divers, et je me suis mordue les lèvres de ne pas faire partie de ces chanceux étudiants en médecine. Dans les yeux de Séléné, j'ai lu la force d'un amour patient et résigné ; et les mots de l'auteur m'ont tenue en haleine jusqu'à la dernière ligne.

Envie d'une aventure romantique au temps des gladiateurs tous frais payés ? Prenez immédiatement votre ticket !

M.Z.

Maeva et moi échangeons régulièrement les comptes rendus des œuvres que nous lisons. J’ai décidé de vous en faire profiter également :)

mercredi 2 mars 2016

Gauz et ses trois livres préférés...



« Bon troisième question, c’est quoi tes trois livres préférés ?

Il se cale plus confortablement sur son matelas. Et sans me regarder lance. « C’est débile comme question. C’est quoi l’intérêt ? » *tchia un coup comme ça*

« Je vais te dire tout simplement. Ça vient du fait qu’on est dans une société, où on a besoin d’hiérarchiser les choses. Et ça c’est horrible. On n’est pas obligé de classifier par hiérarchie en disant celui-là est le plus fort. Celui-là, c’est le 2e plus fort. Et l’autre là, c’est le 3e plus fort. Ça n’a aucun sens en réalité. Parce que ce qui est important, c’est le groupe. Ce qui est important, c’est le fait que je trouve des livres qui me plaisent. Pas le livre qui me plait le plus. Tu vois ? Ce qui serait dramatique, c’est que je ne trouve pas de livres qui me plaisent. Dans notre société d’aujourd’hui, il faut absolument qu’il y ait un premier de classe… Par contre imagine ce que la vie serait si on disait « écoutez les amis, vous êtes au cp1 A, cp1 B de EPP de Kounayiri. L’objectif à la fin de l’année c’est que tout le monde passe au cp2. Il n’y a pas de premier, il n’y a pas de dernier. À la fin de l’année le plus important est ce que vous avez appris, solidairement, tous ensemble. » Tu verras qu’avec un tel esprit, le maitre ne fera que la moitié du boulot. Tout le monde va se sentir responsable.

Dans ma tête je me dis « Ahi ! A cause de livres préférés ? » Mais il n’en a pas fini.


 « Non mais regarde, jusqu’à aujourd’hui encore, il y a des vieux à la fonction publique, hum…Quand tu vois comment les gens leur parlent au nom du titre de « chef »… Tu sais, ils font des bêtises hein les vieux là, mais parce qu’on n’a pas eu l’habitude de les mettre dans des responsabilités collectives. Tu vois ? La dernière fois je suis parti voir un de mes gars et il était en train de punir un vieux chef magasinier. Il m’explique que le vieux est payé 3 fois plus que les autres à cause de son ancienneté mais chaque fois c’est lui qui fout la merde et tout ça. Je lui ai dit mais, c’est que jamais il ne s’est senti valorisé en tant que membre d’une communauté.»

Toujours dans ma tête « Tchiii, affaire de livres là est arrivée là-bas ? » Puisqu’il n’entend pas ma voix dans ma tête, et que de toutes les façons ça ne compterait pas, il continue.



« Moi je suis pour la responsabilité collective. Ce qui doit être bien, c’est qu’il existe une bonne littérature collectivement. On est tout le temps en train de classer, hiérarchiser... Si le gars a acheté une Toyota Corolla, il n’est pas content d’avoir une Toyota Corolla parce que son voisin a une Land Cruiser. Alors qu’au fond, tu es bien avec ta Toyota Corolla, si tu dois aller à Bouaké avec tu y vas. Imagine comment le monde serait, si on ne cherchait pas à toujours hiérarchiser. Quelle que soit la taille de ton cul, tu ne peux jamais conduire deux Mercedes à la fois. À un moment donné il faut apprendre à se contenter de ce qu’on a…»

« Hum ça c’est vrai deh ! » me dis-je à moi-même pour ne pas changer. Et il enchaine.

 « C’est ça qui pousse les gens à aller toujours dans l’inflation. Avoir encore plus et toujours plus parce que justement on a besoin d’un premier, d’un 2e, d’un 3e… Sur Facebook ils sont nombreux à prôner qu’il faut être des vainqueurs. Tu sais ce que ça veut dire « soyez des vainqueurs » ? Ça veut dire qu’il faut marcher sur la gueule des autres. Si tu n’y arrives pas c’est parce que tu n’es pas suffisamment déterminé. Moi je peux vous dire avec certitude qu’un enfant de Bramacoté n’a pas les mêmes chances que mon fils. Zéro chance. C’est comme si on le mettait sur un peloton d’exécution. Il n’a pas accès à l’eau potable, il n’a pas accès à la culture, il n’a pas accès à l’école…donc qu’est-ce qu’il va faire ? Et lorsqu’un réussit dans le lot on dit « regardez ! Vous autres, vous les deux cent mille gars de Bramacoté là vous n’avez pas réussi alors que lui il a réussi ! » Les gens qui réussissent sont de mauvais exemples parce qu’ils dégagent le reste de la société de la responsabilité collective, du fait qu’il y a des injustices criardes. Et ça c’est lié au fait que l’on classe les choses. On dit « Vous êtes dans le ghetto là-bas ! Lui il a sorti son doigt du cul et il a réussi ! Vous, ça implique que vous êtes des paresseux, que vous ne comprenez rien. » Alors qu’en vrai les gars n’ont aucune chance quoi !»

Je me dis toujours qu’il a raison. Son discours est même très intéressant, même si j’attends toujours des titres de livres. Et finalement je pense qu’il m’a entendu.


« C’est typiquement le modèle américain que les gens sont en train de nous proposer. Henri Ford pour moi, c’est le type même du mauvais exemple. On dit non il est parti d’en bas et il a réussi. Donc pour un seul Henri Ford, combien de millions de personnes qui restent sur le côté ? Je ne vais donc pas te dire quels sont mes trois meilleurs livres. Mais je t’ai parlé de Allah n’est pas obligé, La vie devant soi, Peaux noires et masques blancs, Les soleils des indépendances… Ce sont des chefs d’œuvres, il y en a plein chaque jour, il y a des gens qui pondent des chefs d’œuvre mais le problème c’est ceux qui hiérarchisent. Je peux te citer des dizaines de chefs d’œuvres mais je ne peux pas faire de hiérarchie. Je me refuse à faire des hiérarchies. D’accord ?

- D’accord.

Je ne suis pas d’accord hein mais je vais faire comment ? Bon vu que découragement n’est pas ivoirien, j’ai ramené le sujet quelques semaines plus tard. « Je dis oh ! J’ai retranscrit une partie de l’interview mais je veux revenir sur la question des livres préférés. Je t’ai demandé de citer trois livres préférés mais tu as répondu comme si je t’ai demandé les trois meilleurs livres au monde. Au final, il ne s’agissait pas de classement mais de préférence. Tu ne penses pas qu’il y a une différence entre les deux ? »

Et enfin Gauz m’a répondu :


Hum ça n’a pas été facile deh !


Kounayiri : un village dans la sous-préfecture de Mankono, Cote d’Ivoire
Bramacoté : bidonville à Abidjan

lundi 15 février 2016

Me before you, Lire avant le film

J’ai joyeusement pleuré en lisant ce roman. Je ne l’ai pas encore mentionné, mais j’aime les livres et films qui me font chialer. J’ai découvert Me before You en voyant le trailer du film qui sortira en février. C’est connu qu’un livre est toujours meilleur que sa version cinématographique. Je me suis donc dit que si le trailer arrivait autant à m’émouvoir, le livre devait être magnifique. Je ne me suis pas trompée.


Me Before You (Avant toi) est une romance dramatique (ou un drame romantique). Jojo Moyes met en scène des personnages avec différents challenges physiques et émotionnels. Louisa Clark est issue d’une famille de classe moyenne. Elle vit avec ses parents, son grand père, sa sœur et son neveu, dans une petite ville de l’Angleterre. Elle mène une vie presque banale jusqu’à ce qu’elle perde son travail de serveuse dans un café de la ville. Elle a besoin de trouver rapidement un emploi parce que sa famille dépend énormément de son salaire. Après plusieurs recherches, elle décroche un contrat de 6 mois pour prendre soin de William Traynor, un beau jeune homme devenu tétraplégique deux ans plutôt. Avant son accident, William était un amoureux de la vie, des voyages, des aventures et un homme d’affaires redoutable. Paralysé et souffrant de douleurs quotidiennes, il n’a plus envie de vivre et se ferme à tout le monde. L’arrivée de Louisa, maladroite et sans grande ambition, apporte un rayon de soleil dans sa vie. Et alors qu’elle arrive enfin à se rapprocher de Will, Louisa apprend qu’il mettra fin à sa vie au terme des six mois de son contrat. Il avait déjà tenté de se suicider auparavant et sa mère craint qu’il essaie à nouveau. Louisa découvre donc que son travail consiste à éviter qu’il tente quoi que ce soit avant le jour prévu. Dans quelques mois, les Traynor conduiront leur fils à Dignitas, un institut suisse spécialisé en suicide assisté. Louisa rend sa démission et n’accepte de retourner travailler qu’à une seule condition. Elle obtient carte libre de la part de Madame Traynor pour organiser toutes sortes d’activités pour influencer la décision de William. Semaines après semaines, William et Louisa partagent quelque chose d’incroyable. Il l’aide à affronter ses peurs et souvenirs et l’encourage à élargir ses horizons. De son côté, Louisa permet à William d’aimer à nouveau et d’être aimé en retour. Seulement les sentiments qu’ils éprouvent l’un pour l’autre seront-ils suffisants pour que William accepte de vivre ? 



Jojo Moyes soulève le débat du droit à la mort. On a beau être respectueux de la vie, religieux et anti-suicide, ce livre génère beaucoup de doutes. Après La vie devant soi, Me before You remet en question – encore une fois - ma position sur l’euthanasie ou le suicide assisté. On a beau critiquer, seul celui qui vit son mal sait ce qu’il ressent. Dans le cas de William j’ai compris à quel point ça pouvait être difficile pour un homme de nature indépendant et ambitieux, d’être prisonnier dans un corps invalide et incapable de faire ses propres choix. Evidemment dans d’autres conditions j’aurais été catégorique dans ma prise de position. Seulement, les histoires ne sont pas les mêmes, et les raisons qui poussent certains à mettre un terme à leur vie doivent être prises en compte. Je n’imagine même pas ce que doit être la souffrance des proches d’une personne qui souffre sans qu’ils puissent l’apaiser. Encore moins combien cela est difficile pour des parents ou un amoureux d’accompagner l’être aimé à Dignitas. Est-ce que j’aurais fait pareil à la place de William ou de ses proches ? Je préfère ne même pas y penser… J’espère sincèrement que vous lirai Me before you et en serez autant ému que moi.

lundi 8 février 2016

L’élégance du hérisson ou l'intelligence et le raffinement sous couverture


J’ai eu du mal à lâcher ce livre avant la fin alors que bien des passages m’ennuyaient. En repensant aux droits des lecteurs, j’ai sauté quelques paragraphes sans le moindre remord, tout en continuant d’apprécier le délice servit par Muriel Barbery. Quel est donc ce livre qui ennuie et excite à la fois celle qui le parcoure ? Eh bien, il s’agit de L’élégance du hérisson. 



Barbery donne voix à deux personnages séparés aussi bien par leur âge que leur statut social. Toutefois, les deux heroines ont plusieurs points communs dont l’intelligence. Renée a 54 ans, et est concierge dans l’immeuble où vit Paloma qui elle, est âgée de 12 ans. Renée est pauvre et se d
écrit comme étant petite, laide et grassouillette. Elle met de l’ardeur à entretenir auprès des autres, l’image de la concierge ignare qui passe son temps devant la télé. Pourtant dans sa loge de concierge, le loisir favori de Renée est de lire des ouvrages d’histoire, de philosophie, de psychanalyse, de sociologie, de littérature, d’économie politique, etc. – Ce sont d’ailleurs ses réflexions d’intello sur certains ouvrages qui m’ont ennuyée. – Renée est plus intelligente que la plupart de ses employeurs alors que tous ne voient d’elle qu’une vieille veuve, juste bonne à faire les commissions. Paloma quant à elle, est une surdouée qui se contente de passer pour une jeune fille douée. Elle va même jusqu’à étudier l’attitude de la 2e de sa classe, pour savoir comment se comporter en jeune fille assez intelligente pour rafler le premier rang sans toutefois être un génie. Selon Paloma, contrairement à ce que l’on veut faire croire aux plus jeunes, la vie d’adulte est dénuée de sens. Elle a donc décidé de se suicider le jour de ses 13 ans après avoir mis le feu à l’appartement de ses riches parents. En attendant le jour fatal, elle tient deux journaux : l’un contient des réflexions profondes qui lui traversent l’esprit, tandis que l’autre décrit des mouvements spéciaux qu’elle observe dans le monde. Elle espère découvrir dans l’observation de son environnement, quelque chose qui lui prouvera que la vie vaut la peine d’être vécue. 

La vie suit son cours normal, jusqu’à ce que Kakuro Ozu, un riche japonais, emménage au 4e étage du 7 rue de Grenelle où vivent Paloma et Renée. Les deux femmes sont fans de la culture japonaise et se lient d’amitié avec le nouvel habitant. Outre sa seule et meilleure amie Manuela, Kakuro Ozu est la première personne à découvrir que Renée n’est pas la concierge ordinaire qu’elle prétend être. Sans grande peine, il arrive à la faire sortir de cette couverture sous laquelle elle a passé toute sa vie. Dans le même temps, Paloma et Renée se rendent compte qu’elles sont des âmes sœurs...Toutes les deux sont des êtres intelligents et cultivés qui se cachent de leur entourage… Et alors qu’elle trouve en Kakuro et Paloma de nouvelles amitiés, Renée découvre presqu’en même temps ce que signifie vivre et mourir...





En lisant ce livre, j’ai eu envie de découvrir la culture japonaise, de lire des mangas et de regarder des films de Yasujiro Ozu… Ce livre vous fera passer du bon temps parce que les personnages nous font voir des choses qui nous entourent sans qu’on ne les remarque. C’est un livre qui critique notre société qui juge les hommes selon des classes sociales sans prendre la peine de les connaitre. Grâce à  Paloma et Renée, on se rend compte de certaines habitudes - pas forcement bonnes - qui nous collent à la peau. Ce besoin de toujours avoir plus qu’il n’en faut, la peur du manque, le désir de nous reconnaitre en l’autre et de rejeter ceux que l’on trouve différents, notre manie de juger l’autre par son apparence… Renée et Paloma, ont le genre d’intelligence qui donne envie d’écouter son détenteur. Alors pourquoi se cachent-elles au lieu de permettre au monde de les voir telles qu’elles sont ? Paloma mettra-t-elle son suicide à exécution pour fuir le bocal à poissons que représente pour elle la vie des adultes? Le monde verra-t-il enfin que Renée a l’élégance du hérisson, bardée de piquants à l’extérieur, mais raffinée à l’intérieur ? C’est ce que vous découvrirez en lisant L’élégance du hérisson.

mardi 2 février 2016

Le collier de paille ou les amours interdites d'une citadine


Je crois bien que j’ai un faible pour la plume des Sénégalais. Après La grève des battu, L’appel des arènes, Le malheur de vivre, Maimouna, et Le ventre de l’atlantique, j’en remets une couche avec Le collier de paille que j’ai pratiquement dévoré. Si vous aimez les romances, mais pas forcément dans le genre Harlequin ou Adoras, c’est encore un livre que je vous recommande à l’instar de La porte étroite et de Orgueil et préjugés. Découvrez mon compte-rendu sur la page Rythmes d’Afrique, Racines.




samedi 16 janvier 2016

La porte étroite, tout sacrifier pour y accéder...



C’est en lisant La porte étroite que j’ai réalisé à quel point mes lectures se sont diversifiées (au niveau des écrivains, pas encore du genre) avec le temps. C’est beau de découvrir l’amour à d’autres époques, sous d’autres cieux et à travers d’autres yeux. En lisant ce livre, mon cousin aurait surement dit une énième fois : « les cousins sont faits pour les cousines. » Monsieur Bosso, l’un de mes anciens professeurs du lycée aurait surement évoqué les dangers des mariages consanguins, mais ce n’est pas un cours de SVT qui a mis en péril la relation amoureuse de Jérôme et Alissa.

« Efforcez-vous d’entrer par la porte étroite, car la porte large et le chemin spacieux mènent à la perdition, et nombreux sont ceux qui y passent ; mais étroite est la porte et resserrée la voie qui conduisent à la Vie, et il en est peu qui la trouvent. »



Depuis leur tendre enfance, Alissa et Jérôme s’aiment d’un amour pur et sincère. Alissa a deux ans de plus que son cousin et craint d’être trop vieille pour lui ; une excuse que Jérôme rejette du revers de la main. Tout le monde sait que les deux cousins s’aiment et il n’y a aucun doute qu’ils se fianceront et convoleront en justes noces après le service militaire obligatoire de Jérôme. Toutefois, sous l’emprise de leur amour, ils ne remarquent pas que Juliette, la cadette d’Alissa, est elle aussi éprise de Jérôme. Lorsqu’ils le découvrent, Alissa décide de sacrifier son amour pour le bonheur de sa sœur. Mais cette dernière se rendant compte que Jérôme n’a d’yeux que pour son ainée, décide alors d’épouser un autre homme qu’elle n’aime pourtant pas. Cet incident émousse l’expression des sentiments d’Alissa pour Jérôme même s’il ne le diminue en rien. Etant séparés pendant que Jérôme poursuit ses études, puis son service militaire, les missives qu’ils s’envoient régulièrement les aident à laisser éclore leur amour de nouveau. 

La contemplation de la nature, la lecture de classiques littéraires, la musique… Toutes les activités qu’ils pratiquent les relient et parfois même n’ont de sens que lorsqu’ils peuvent les partager. Et il en est de même pour leur foi et leur recherche de vertu. Cette porte étroite que peu trouvent, Jérôme ne la recherche que pour être plus proche de sa bien-aimée. Pourtant pour Alissa, plus que la concrétisation de son amour avec Jérôme, elle souhaite de tout cœur qu’ils atteignent les plus hauts degrés de la vertu. Apres avoir longtemps échangé des lettres, les deux amoureux se retrouvent à nouveau à Fongueusemare où vit Alissa. Leurs gestes sont maladroits et ils ont du mal à être aussi éloquents et sûrs d’eux que dans leurs écrits. Alissa se rend compte qu’elle aime trop Jérôme et peut être même plus que Dieu. Elle craint que l’amour (et le désir implicitement évoqué) qu’ils se vouent mutuellement ne les éloigne de la quête de la vertu. Elle pense ne pas avoir droit au bonheur céleste en goutant aux plaisirs terrestres. Au risque de ne pas y arriver elle-même, Alissa décide de s’éloigner de Jérôme, de sacrifier leur amour, afin qu’au moins l’un d’entre eux puisse passer par la porte étroite…


J’ai eu beaucoup de difficultés à faire ce compte rendu parce que je voulais retranscrire les sentiments confus qui habitaient Alissa. Je pense que la frivolité de sa mère et sa fuite dans les bras d’un autre, ont contribué à créer ce désir perpétuel d’atteindre la sainteté. J’ai beaucoup aimé ce roman mais je pense qu’il n’est pas de ceux que l’on raconte, au risque d’empêcher l’autre de faire sa propre expérience avec l’histoire. Bien que ce chef d’œuvre d’André Gide apporterait beaucoup à quiconque le lirait, je le recommanderais surtout à ceux qui sont intéressés par les thèmes de l’amour et/ou celui de la religion. C’est l’une des plus belles histoires d’amour que j’ai lues. Il pourrait être difficile de comprendre pourquoi est-ce qu’Alissa s’éloigne d’un homme qu’elle aime autant et qui le lui rend bien alors que Dieu lui-même bénit l’amour. 

Alissa a-t-elle fait le bon choix en mettant fin à cette idylle plutôt que de la concrétiser par un mariage ? Jérôme et elle arriveront-ils à atteindre le bonheur ? Alissa elle-même comprend-t-elle réellement le sens de cette vertu pour laquelle elle décide de tout sacrifier ? 

Je vous laisse apporter vos propres réponses à ces questions.

lundi 11 janvier 2016

Rendez vous sur Rythmes d’ Afrique, Racines


Hello, j’espère que vous allez bien. Maintenant, vous pourrez lire le compte-rendu de mes lectures d’œuvres Africaines sur Rythmes d'Afrique, Racines. Bien sûr je continuerai de publier ici mais vous pourrez également découvrir d’autres riches aspects de la culture Africaine sur Rythmes d’Afrique. Et pour mon premier compte-rendu je vous laisse découvrir des nouvelles sur les 50 années postindépendances de la Côte d’Ivoire.

J’avais quelques appréhensions avant d’acheter ce livre et au moment même de l’entamer. Je pensais qu’il s’agirait d’écrits ennuyeux remplis de débats politiques; mais étant donné qu’il était vendu en promotion, je l’ai tout de même emporté. Je ne suis pas du tout déçue et j’espère que vous aussi aurez l’occasion de l’apprécier.

50 ans d’Indépendance de la République de Côte d’Ivoire en 10 nouvelles est un recueil conçu à partir d’un concours d’écriture organisé par le groupe Fraternité Matin, à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance en 2010. Le constat à la fin de cette lecture ? Le pays se portait mal le jour de ses 50 ans. La plupart des auteurs s’est évertuée à rappeler les maux dont souffre la mère patrie, sous différents contextes certes mais presque tout le temps pour les mêmes raisons. Toutefois, certaines nouvelles se démarquent selon moi par leur originalité et la puissance de leur message.

La suite ici...

mardi 29 décembre 2015

Le ventre de l'Atlantique: Partir ou rester?


Nombreux sont ceux qui ont vu le passage de Fatou Diome sur le plateau de « Ce soir ou jamais »; mais au cas où vous n’en faites pas partie vous pouvez toujours visionner l’émission ici. C’est donc grâce à cette prestation remarquable que j’ai découvert l’écrivaine et que j’ai décidé de lire Le ventre de l’atlantique. Basé sur sa propre histoire, ce roman évoque les raisons qui poussent certains Africains à immigrer en Europe, la difficulté à convaincre les autres à rester au bercail et la réalité cachée par certains immigrés de la vie en France. 


Le personnage principal Salie dont la vie est pratiquement celle de Fatou Diome, vit en France et peine à y joindre les deux bouts. Pourtant, bien qu’elle encourage les autres à chercher un mieux-être sur leurs propres terres, elle-même a du mal à y retourner définitivement. Issue d’une liaison illégitime, elle ne s’est jamais senti membre de la communauté de Ndiodior. Si en France la chaleur des siens lui manque, elle se sent toutefois étrangère chaque fois qu’elle retourne au Sénégal. Son frère Madické quant à lui, ne vit que pour rencontrer le joueur italien Maldini. Comme tous les autres jeunes du village, il rêve de jouer au football en France. Pour eux, la vie à Ndiodior ne vaut rien et seul l’occident peut leur permettre de réaliser leus rêves et assouvir les besoins de leurs familles. Malgré les conseils de Salie et les mises en garde de l’instituteur et directeur de l’école du village, les jeunes continuent de croire en ceux qui revenus de la France leur disent que tout y est or et argent.

Dans ce livre, Fatou Diome décrit le poids qui pèse sur certains jeunes Africains. Les parents espèrent que leurs enfants réussissent là où ils ont échoué. La colonisation mentale dont nous sommes l’objet nous pousse à croire que tout ce qui vient de l’occident est meilleur et que le bonheur se trouve uniquement de l’autre côté de l’atlantique. Certains ne se rendent pas compte de la pression que subissent ceux qui se trouvent en occident et quand bien même ceux-ci voudraient le leur expliquer, ils se retrouvent traités de tous les noms : égoïste, individualiste… On ne comprend pas pourquoi est-ce qu’ils restent en Europe et découragent les autres de suivre leurs traces. On ne comprend pas qu’il ne suffit pas d’être en France pour que tout aille bien. Qu’il ne suffit pas d’être le plus débrouillard au village pour arriver à tirer son épingle du jeu en Hexagone.

« Ah sacrée France, c’est peut-être parce qu’elle porte un nom de femme qu’on la désire tant. »


Le ventre de l’Atlantique montre également le tourisme sexuel que certains européens effectuent au Sénégal – sans visas – afin de se requinquer grâce à des jeunes corps pleins de mélanine. Parfois, pour mieux s’abreuver à la source de jouvence, certains retournent en Europe avec un ou une sénégalaise qui malgré les difficultés une fois sur place se console à travers les mandats qu’elle peut envoyer à sa famille au bercail…

Je me suis posée la question de savoir comment faire comprendre aux Africains que c’est à nous de construire notre eldorado et qu’il ne se trouve pas ailleurs. D’après ma lecture, je pense que deux solutions s’ouvrent à nous. Soit les aider à construire cet eldorado en soutenant la formation de projets au pays, soit en les laissant foncer droit dans le mur, en tirer des leçons et peut être les partager avec les autres… 


Au-delà du phénomène de l’immigration, Fatou Diome fait la satire d’une société capable d’assassiner des enfants sous prétexte qu’ils sont issus de relations illégitimes. Une société aveuglée par les serments des marabouts, recherchant le bonheur dans les gris-gris tout en prétendant ne pas y avoir recours. Une société dans laquelle la richesse se mesure aux nombres d’enfants quand bien même on n’aurait pas les moyens de s’en occuper... Je suis d’avis que l’occident y est pour beaucoup dans les malheurs de l’Afrique mais comme l’instituteur le fait remarquer dans ce roman, il serait important que nous fassions une rétrospection sur notre société et évitons les erreurs du passé pour avoir un meilleur avenir.

lundi 21 décembre 2015

Le film d'une vie ou une hymne à la tristesse?



Elle n’a pas encore 21 ans lorsqu’elle écrit ces lignes. Sa plume chante et les mots dansent au rythme de ses émotions, de ses pensées. Elle laisse s’étaler sur cette page blanche des peines qu’elle a vécues ou observées autour d’elle. Elle sait qu’elle n’est pas seule, que d’autres personnes souffrent également alors elle écrit en pensant à eux, en voulant leur rendre un témoignage et leur dire que la lutte continue…

Le film d’une vie
est un recueil de 17 nouvelles écrites par Ouattara Sikatchi Malicka, jeune bloggeuse et écrivaine ivoirienne. Guidée par sa propre histoire et celle de ses proches, Malicka raconte la tristesse. Bien qu’ayant déjà lu la plupart des nouvelles auparavant, je les ai explorées avec un plaisir renouvelé. Plusieurs thèmes revenaient comme les grossesses précoces ou hors mariage, les amours d’adolescents, les relations inter-religieuses, l’infidélité mais surtout la mort… Deux de mes nouvelles préférées dans cette oeuvre sont d’ailleurs sur le thème de la perte d’un être cher. Plutôt qu’une histoire linéaire, "Elle souffrira toujours" se présente comme une sorte de soutien, comme pour dire à ceux qui souffrent de la perte d’un être aimé qu’ils ne sont pas seuls et que leur douleur est partagée. La nouvelle "Je t’aime" quant à elle a bien failli m’arracher une larme alors que j’essayais d’imaginer les sentiments d’un enfant qui vient de perdre un parent...

              


En lisant j’ai eu l’impression que l'auteur avait un faible pour les prénoms en « i »: Marie, Céline, Pauline, Véronique, Anni, Adeline, Stéphanie, Jérémie… je me demande si j’ai été la seule à le remarquer. La nouvelle à laquelle l’oeuvre doit son titre est l’histoire de Marie, une jeune fille aveuglée par les artifices de la vie. Issue d’une famille modeste, elle croit avoir trouvé en Diouf, un homme beaucoup plus âgé et aisé, le moyen d'accéder à de plus hautes sphères. Malgré l’opposition de sa famille, elle se lança la tête la première dans un very bad trip. Elle découvrira bien assez tard que tout ce qui brille n’est pas forcement or...

J’ai été surprise d’être étonnée par la fin de l’une des histoires alors que je l’avais déjà lue et c’est exactement le genre d’effet que je recherche en lisant. Les nouvelles sont courtes mais je n’en ressors pas avec un goût d’inachevé car on a le temps de vivre les émotions des personnages. Étrangement, j’ai moins aimé les deux plus longues nouvelles parce que je trouvais que tout se passait trop vite. Il y avait ce petit quelque chose dans les autres qui leur manquait. Et j’ai pensé que la nouvelle "Le film d’une vie" aurait été sûrement meilleure en roman afin que l’histoire soit beaucoup plus détaillée.

Malicka Ouattara 

Cette oeuvre relate également l’histoire de ces personnes en attente de don d’organes, de femmes qui demeurent dans des foyers où le bonheur s’est depuis longtemps enfui, de pardon qui vient trop tard, d’amour impossible entravé par les différences sociales ou religieuses, de personnes gardant des secrets lourds à porter… J’ai d'ailleurs beaucoup aimé l’histoire 'La petite Sadjee". J’aurais évidemment voulu connaître le secret qui liait Sadjee et sa mère au point où elles se suivirent dans la tombe mais c’est aussi ces mystères que l’on ne révèle à personne – pas même aux lecteurs – qui me font apprécier une histoire.

Enfin, Le film d’une vie se présente sous un ensemble d’histoires courtes mais poignantes que j’aimerais bien voir être lues dans nos lycées et collèges. Le talent de Malicka est une autre preuve que La valeur n’attend point le nombre des années.

lundi 14 décembre 2015

L’aventure ambiguë, une aventure risquée !


Il y a des mots que l’on emploie parfois à tort ou à raison sans vraiment en connaitre le sens. J’ai souvent pensé que « ambigu » signifiait juste complexe. Mais avant de lire ce livre, j’ai eu (heureusement) l’idée de vérifier la signification réelle du mot et j’ai compris qu’il faisait référence à quelque chose qui réunit deux natures opposées… Et l’itinéraire de Samba Diallo dans ce livre illustre l’ambiguïté d’un être ayant reçu d’un côté les valeurs traditionnelles et islamiques basées sur la foi et de l’autre les enseignements de l’école occidentale basés sur le rationalisme et la science. L’aventure ambiguë fait partie de ces livres dont j’entendais parler comme des références pendant plusieurs années sans avoir eu l’occasion de les lire pendant mes années lycées. Aujourd’hui c’est chose faite!

Samba Diallo est issu du peuple des Diallobé et semble promut à un avenir de guide spirituel (maitre des Diallobé) ou de chef du peuple. Dès son enfance, il se démarque des gens de sa génération par une réflexion profonde sur la mort, le sens de la vie et la relation entre Dieu et l’homme. Élève favori du maitre des Diallobé, et membre de la famille royale, Samba est pourtant doté d’une grande humilité qui en fait même jaser certains. Alors que son attachement à la religion le destinait à être l’un des guides de son peuple, l’école se mit en travers de ce chemin. La Grande Royale, cousine de Samba et sœur du Chef des Diallobé, insiste pour que Samba aille à l’école étrangère - comme elle le dit -, afin qu’il apprenne l’art de vaincre sans avoir raison. Le chef ainsi que le maitre des Diallobé savent ce que cela pourrait signifier et les conséquences qui pourraient en découler. Le père de Samba Diallo lui-même accepte non sans douleur de laisser son fils aller à l’école en espérant que les valeurs spirituelles et traditionnelles qui lui ont été inculquées ne disparaitront pas. Avec le parcours de Samba Diallo d’abord en tant qu’élève de l’Islam, puis de l’école occidentale en Afrique et ensuite en France, on se demande comme le chef et le maître au départ, si « ce que l’on apprend vaut-il que l’on oublie ce que l’on sait déjà. » 



Cheickh Hamidou Kane nous amène à nous poser les mêmes questions que le personnage principal. En lisant ce livre, je ne me suis pas juste sentie spectatrice de la vie de Samba Diallo. J’ai eu certains de ses doutes et j’ai récité certaines de ses prières. Samba a baigné dans une enfance beaucoup plus spirituelle que la mienne et surement que la plupart de mes lecteurs, mais cela n’empêche pas que nous sentions ou ayons tous senti à un moment cet éloignement entre nous et Dieu. Cette remise en question imposée par le père de Samba à son fils est l’un des plus beaux passages du livre selon moi.

"Tu crains que Dieu t'ait abandonné, parce que tu ne le sens plus avec autant de plénitude que dans le passé et comme Il l'a promis à Ses fidèles, « plus proche que l'artère carotide. » Ainsi, tu n'es pas loin de considérer qu'il t'a trahi. Mais tu n'as pas songé qu'il se puisse que le traître, ce fut toi. Et pourtant... Mais réponds plutôt: donnes-tu à Dieu toute sa place, dans tes pensées et dans tes actes? T'efforces-tu de mettre tes pensées en conformité avec Sa loi? Il ne s'agit pas de lui faire allégeance une fois pour toute, par une profession de foi générale et théorique. Il s'agit que tu t'efforces de conformer chacune de tes pensées à l'idée que tu te fais de son ordre. Le fais-tu? (...) Ton salut, la présence en toi de Dieu vivant dépendent de toi. (...) Tu cloueras Dieu au pilori quand tu l'auras quêté, comme Il l'a dit, et qu'Il ne sera pas venu..."
Ce livre proche de l'autobiographie soulève comme bien d'autres des questions d'identité et de spiritualité. Il nous revient de faire la part des choses et de concilier nos valeurs traditionnelles ou/et religieuses et ce que nous apprenons à l'ecole. Apprendre, en essayant de ne pas oublier ce que l'on sait déjà... 

Comment réagissez-vous lorsque vous êtes face à une situation qui met votre foi à rude épreuve ? Comment est-ce que Samba a réagi en étant confronté à des valeurs différentes de celles que lui a  enseigné son maître coranique? Si vous avez envie de savoir, eh bien lire délivre !

lundi 7 décembre 2015

Raison d’État ou la loi du plus fort!


Il a suffi de quelques pages pour me mettre en rogne. Ce livre a vraiment de quoi nous faire désespérer du genre humain, de la justice ivoirienne (africaine par extension) et du système politique de notre pays. Bien que fictive, l’histoire relatée ici est très proche de nos réalités.

Au moment où Éric Moyé relate son récit, il vient de rejoindre l’au-delà. J’ai aimé cette touche macabre qui nous permet de découvrir le vivant d’un homme à travers ses mots de mort. Éric, le personnage principal et narrateur a été victime d'un piège ficelé par des énergumènes sans foi ni loi voulant jouir d’un labeur auquel ils n’ont aucunement contribué. Son histoire m’a fait penser à ces nombreuses arnaques o
ù l’on se demande quand on n’est pas dans la situation comment est-ce que la victime a pu se laisser berner de la sorte. Comme la fiancée de Moyé le lui a signifié, il est très naïf. C’est sa grande foi et confiance aveugle en le genre humain qui a causé sa perte. L’apparition dans sa vie de Dame Koundessa la soi-disant sœur de la Première Dame, et de son acolyte le baron Toutré a mené un chef d’entreprise à succès en prison avant de le conduire au cimetière municipal de Yopougon. Au nom de quoi ? La Raison d’État. 

Raison d’État dénonce un système où règne la loi du régime politique en place. C’est d’autant plus révoltant que nous savons tous que ce genre de choses a vraiment lieu sous nos cieux. Nous sommes dans des pays ou un honnête citoyen peut se retrouver derrière les barreaux sans jugement parce que des individus mal famés mangeant à la table du pouvoir en place en ont ainsi décidé. Votre vie peut être gâchée au nom de la « Raison d’État » sans que vous n’ayez le temps de comprendre ce qui se passe. En 72 pages, André Silver Konan évoque la vie pénitentiaire à la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan, l’excision, les croyances et les vindictes populaires en mettant surtout l’accent sur la violence, la corruption et l’injustice, du système judiciaire.

Après avoir lu ces pages, on pourrait être tenté de faire preuve d’une grande méfiance à l’égard de tous ceux que nous rencontrons. Heureusement, l’auteur nous donne quand même de l’espoir avec certains personnages. La générosité du beau-père de Moyé, et la manière dont il le traite, contraste avec toutes les histoires que nous entendons parfois sur les beaux-parents. Quant à Katy la fiancée d’Éric, elle est la personnification de l’expression « pour le meilleur et le pire » car malgré les difficultés, elle a supporté son fiancé jusqu’à la tombe. Bessa l’ami fidèle, Rougeau le voleur né rouquin et noirci par la galère (il ment oh !), et enfin l’avocat Me Djouman dont le zèle et l’ardeur sans faille n’ont certes pas sauvé la vie de Moyé mais ont pu empêcher ses bourreaux de faire main basse sur le fruit de son travail.

https://twitter.com/andresilverkona

Au final, Raison d’État est un livre que je recommande vivement. L’écrivain avec un vocabulaire simple arrive à faire passer son message à tout le monde. Il est temps que nous délaissons certains systèmes qui s’ils bénéficient à certains pendant un moment, nuisent malheureusement à tout le monde sur le long terme. J’ai lu ce livre en moins de 3 heures de temps et pour 2000 frs seulement vous aussi pouvez passer un agréable moment de lecture.

vendredi 27 novembre 2015

Douceurs du bercail: Le bonheur est-il chez les autres?


L’immigration des Africains vers les pays occidentaux est malheureusement un sujet qui ne finira pas de délier les langues de sitôt. Pourquoi cherchons-nous l’eldorado loin de nos terres ? Chaque personne vous donnera peut-être une raison différente mais au final pour la plupart, l’herbe est plus verte ailleurs. Nonobstant les sacrifices à fournir pour arriver à bon port, l’angoisse lors des contrôles, les conditions de vie précaires des sans-papiers et enfin la honte et l’honneur bafoué en cas d’échec, ils sont nombreux à vouloir tenter leur chance coûte que coûte. C’est d’ailleurs le thème de l’échec qu’Aminata Sow Fall traite dans Douceurs du bercail

Asta Diop comme d’autres Africains s’est retrouvée dans les caves de l’aéroport en attendant d’être rapatriée au Sénégal. Officiellement appelé « le dépôt », par ses occupants « l’escale », ce cachot représente la fin d’un rêve pour certains tandis que d’autres sont tout de même prêts à retenter l’expérience… Pourtant contrairement à la plupart des personnes présentes dans ce cachot, Asta a ses documents en règles. Asta ne rêve pas de rester en Europe et n’y est pas venue pour réaliser des rêves. Bien au contraire, elle fait partie de ceux qui incitent la jeunesse africaine à rester sur le continent pour y bâtir son bonheur. Pourtant aux yeux de ceux qui l’ont conduise au dépôt, Asta est comme tous les autres. Ils ne veulent pas de ces Africains qui osent espérer de meilleures conditions de vie en venant en occident. Ils ne veulent pas d’eux et le leur font clairement savoir, allant jusqu’à les humilier et à les traiter comme des bêtes de somme. 




Si l’auteure dénonce le comportement des occidentaux face aux immigr
és, elle n’y va pas de main morte non plus sur les défauts de nos sociétés africaines. L’histoire de l’un des personnages m’a principalement affectée. L’expérience malheureuse de Yakham montre à quel point le népotisme dans nos pays affecte de brillants élèves lorsque les bourses d’études sont affectées non selon le mérite mais en fonction des affiliations. Les critiques qu’elle fait du Sénégal sont également valables pour mon pays la Cote d’Ivoire. Le manque de professionnalisme, l’absentéisme et le favoritisme sont flagrants dans nos administrations. Que faut-il faire pour changer les choses ? Comment faut-il faire pour que nous nous sentions assez bien chez nous pour ne pas risquer nos vies vers un paradis lointain ? Pour Asta et certains de ses compagnons du dépôt, la solution a été de retourner à la terre. Comme ils le disent eux même, « la terre ne ment pas », elle récompense toujours selon l’intention et les efforts. 

J’ai aimé ce livre, peut-être moins que L’appel des arènes et La grève des Bàttu, mais je le recommande vivement car l’écrivaine comme à son habitude nous force à nous remettre en question et à trouver des remèdes aux maux de nos sociétés.