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mercredi 2 mars 2016

Gauz et ses trois livres préférés...



« Bon troisième question, c’est quoi tes trois livres préférés ?

Il se cale plus confortablement sur son matelas. Et sans me regarder lance. « C’est débile comme question. C’est quoi l’intérêt ? » *tchia un coup comme ça*

« Je vais te dire tout simplement. Ça vient du fait qu’on est dans une société, où on a besoin d’hiérarchiser les choses. Et ça c’est horrible. On n’est pas obligé de classifier par hiérarchie en disant celui-là est le plus fort. Celui-là, c’est le 2e plus fort. Et l’autre là, c’est le 3e plus fort. Ça n’a aucun sens en réalité. Parce que ce qui est important, c’est le groupe. Ce qui est important, c’est le fait que je trouve des livres qui me plaisent. Pas le livre qui me plait le plus. Tu vois ? Ce qui serait dramatique, c’est que je ne trouve pas de livres qui me plaisent. Dans notre société d’aujourd’hui, il faut absolument qu’il y ait un premier de classe… Par contre imagine ce que la vie serait si on disait « écoutez les amis, vous êtes au cp1 A, cp1 B de EPP de Kounayiri. L’objectif à la fin de l’année c’est que tout le monde passe au cp2. Il n’y a pas de premier, il n’y a pas de dernier. À la fin de l’année le plus important est ce que vous avez appris, solidairement, tous ensemble. » Tu verras qu’avec un tel esprit, le maitre ne fera que la moitié du boulot. Tout le monde va se sentir responsable.

Dans ma tête je me dis « Ahi ! A cause de livres préférés ? » Mais il n’en a pas fini.


 « Non mais regarde, jusqu’à aujourd’hui encore, il y a des vieux à la fonction publique, hum…Quand tu vois comment les gens leur parlent au nom du titre de « chef »… Tu sais, ils font des bêtises hein les vieux là, mais parce qu’on n’a pas eu l’habitude de les mettre dans des responsabilités collectives. Tu vois ? La dernière fois je suis parti voir un de mes gars et il était en train de punir un vieux chef magasinier. Il m’explique que le vieux est payé 3 fois plus que les autres à cause de son ancienneté mais chaque fois c’est lui qui fout la merde et tout ça. Je lui ai dit mais, c’est que jamais il ne s’est senti valorisé en tant que membre d’une communauté.»

Toujours dans ma tête « Tchiii, affaire de livres là est arrivée là-bas ? » Puisqu’il n’entend pas ma voix dans ma tête, et que de toutes les façons ça ne compterait pas, il continue.



« Moi je suis pour la responsabilité collective. Ce qui doit être bien, c’est qu’il existe une bonne littérature collectivement. On est tout le temps en train de classer, hiérarchiser... Si le gars a acheté une Toyota Corolla, il n’est pas content d’avoir une Toyota Corolla parce que son voisin a une Land Cruiser. Alors qu’au fond, tu es bien avec ta Toyota Corolla, si tu dois aller à Bouaké avec tu y vas. Imagine comment le monde serait, si on ne cherchait pas à toujours hiérarchiser. Quelle que soit la taille de ton cul, tu ne peux jamais conduire deux Mercedes à la fois. À un moment donné il faut apprendre à se contenter de ce qu’on a…»

« Hum ça c’est vrai deh ! » me dis-je à moi-même pour ne pas changer. Et il enchaine.

 « C’est ça qui pousse les gens à aller toujours dans l’inflation. Avoir encore plus et toujours plus parce que justement on a besoin d’un premier, d’un 2e, d’un 3e… Sur Facebook ils sont nombreux à prôner qu’il faut être des vainqueurs. Tu sais ce que ça veut dire « soyez des vainqueurs » ? Ça veut dire qu’il faut marcher sur la gueule des autres. Si tu n’y arrives pas c’est parce que tu n’es pas suffisamment déterminé. Moi je peux vous dire avec certitude qu’un enfant de Bramacoté n’a pas les mêmes chances que mon fils. Zéro chance. C’est comme si on le mettait sur un peloton d’exécution. Il n’a pas accès à l’eau potable, il n’a pas accès à la culture, il n’a pas accès à l’école…donc qu’est-ce qu’il va faire ? Et lorsqu’un réussit dans le lot on dit « regardez ! Vous autres, vous les deux cent mille gars de Bramacoté là vous n’avez pas réussi alors que lui il a réussi ! » Les gens qui réussissent sont de mauvais exemples parce qu’ils dégagent le reste de la société de la responsabilité collective, du fait qu’il y a des injustices criardes. Et ça c’est lié au fait que l’on classe les choses. On dit « Vous êtes dans le ghetto là-bas ! Lui il a sorti son doigt du cul et il a réussi ! Vous, ça implique que vous êtes des paresseux, que vous ne comprenez rien. » Alors qu’en vrai les gars n’ont aucune chance quoi !»

Je me dis toujours qu’il a raison. Son discours est même très intéressant, même si j’attends toujours des titres de livres. Et finalement je pense qu’il m’a entendu.


« C’est typiquement le modèle américain que les gens sont en train de nous proposer. Henri Ford pour moi, c’est le type même du mauvais exemple. On dit non il est parti d’en bas et il a réussi. Donc pour un seul Henri Ford, combien de millions de personnes qui restent sur le côté ? Je ne vais donc pas te dire quels sont mes trois meilleurs livres. Mais je t’ai parlé de Allah n’est pas obligé, La vie devant soi, Peaux noires et masques blancs, Les soleils des indépendances… Ce sont des chefs d’œuvres, il y en a plein chaque jour, il y a des gens qui pondent des chefs d’œuvre mais le problème c’est ceux qui hiérarchisent. Je peux te citer des dizaines de chefs d’œuvres mais je ne peux pas faire de hiérarchie. Je me refuse à faire des hiérarchies. D’accord ?

- D’accord.

Je ne suis pas d’accord hein mais je vais faire comment ? Bon vu que découragement n’est pas ivoirien, j’ai ramené le sujet quelques semaines plus tard. « Je dis oh ! J’ai retranscrit une partie de l’interview mais je veux revenir sur la question des livres préférés. Je t’ai demandé de citer trois livres préférés mais tu as répondu comme si je t’ai demandé les trois meilleurs livres au monde. Au final, il ne s’agissait pas de classement mais de préférence. Tu ne penses pas qu’il y a une différence entre les deux ? »

Et enfin Gauz m’a répondu :


Hum ça n’a pas été facile deh !


Kounayiri : un village dans la sous-préfecture de Mankono, Cote d’Ivoire
Bramacoté : bidonville à Abidjan

mardi 24 novembre 2015

Orgueil et préjugés: Je suis amoureuse !

Une scène du film

Une histoire d’amour anglaise du 19e siècle a le pouvoir de faire rêver une jeune ivoirienne de 21 ans au 21e siècle. Du moins c’est ce que j’ai conclu après ma lecture de Pride and Prejudice (Orgueil et préjugés) écrit par Jane Austen. J’avais déjà regardé le film quelques mois auparavant mais ma connaissance à l’avance des évènements n’a en rien affecté mon plaisir en tournant chaque nouvelle page.

Tout commence par la venue de Mr. Bingley dans la contrée où séjourne la famille Bennett. Bingley est un jeune homme riche et de ce fait, il se doit de désirer prendre une épouse; du moins selon le sens commun de la région. Son arrivée ainsi que celle de son meilleur ami Mr. Fitzwilliam Darcy va provoquer des changements dans la vie des Bennett...



Dame Bennett, on a l’impression, ne vit que pour un seul objectif : caser ses 5 filles et cela de préférence avant celles des voisines et auprès de jeunes hommes nantis. Jane, Elizabeth, Mary, Catherine et Lydia Bennett ont des caractères différents. Jane l’ainée est belle, douce, réservée et toujours prête à accorder le bénéfice du doute aux gens. Elle tombe instantanément amoureuse de Bingley et celui-ci n’a d’yeux que pour elle. Cela ne suffit cependant pas à une consolidation aisée de leur amour... Elizabeth la seconde fille des Bennett, favorite du père et personnage principal du livre, est beaucoup moins clémente que son ainée. Elle n’apprécie pas les gens hautains et le leur fait clairement savoir. Son intelligence, son sarcasme, son franc-parler et ses yeux sombres séduisent. Vous aurez quelques fois envie de l’applaudir après chacune de ses répliques à tous les personnages du livre qui se prennent pour le nombril du monde... Si Elizabeth et Jane sont proches l’une de l’autre et que Catherine et Lydia sont toujours complices dans leur insouciance démesurée, Mary est quant à elle la solitaire de la famille. Son unique objectif est de démontrer aux autres à quel point elle est douée et cultivée. Même quand il vaudrait mieux parfois qu’elle fasse preuve d’humilité… Le père Bennett quant à lui est un homme calme, doté d’une très grande maitrise de soi étant donné qu’il est marié depuis plusieurs années à une femme hystérique avide de cancans. Malheureusement, son désir de ne pas se mêler aux folies de son épouse et de ses filles le rend parfois passif dans des situations où il aurait dû faire preuve de rigueur… 



J’aurais voulu vous parler de tous les personnages du livre tant ils ont chacun un caractère particulier. Mr. Collins - le lèche-botte ennuyeux à mourir (et je pèse mes mots) -, Lady Catherine de Bourgh - la dame mieux que tout le monde et qui sait tout -, Miss Bingley – la prétendante et griotte attitrée d’un homme qui ne la voit pas –, Mr. Wickham – l’homme dont l’apparence et l’amabilité sont trompeuses-… Mais tous ces personnages bien qu’apportant du pep au livre, ne m’intéressent pas autant que mon beau et tendre Fitzwilliam Darcy...

Je suis tombée amoureuse de Mr. Darcy et franchement si vous connaissez quelqu’un comme lui je vous serai gré de me le présenter. Darcy est grand, beau, riche, cultivé, réservé et généreux. Évidemment c’est bien trop féerique pour être vrai. La réserve dont fait preuve le sieur vis-à-vis des autres est telle qu’il passe pour un orgueilleux et vaniteux qui ne respecte pas les gens d’une classe inférieure à la sienne (il est vraiment orgueilleux, mais l’amour me rend tolérante :( ). Derrière l'air hautain qu’il affiche, se trouve un homme dont la fortune et l’orgueil ne peuvent préserver de la flèche de cupidon…



Orgueil et préjugés est un roman d’amour et de mœurs où vous ne lirez rien d’obscène. Jane Austen fait preuve de pudeur et même lorsqu’elle évoque le déshonneur c’est toujours avec de la retenue dans le verbe. Amour, orgueil et préjugés vous l’aurez deviné sont les thèmes du livre. L’œuvre est une satire de la société de l’auteure. Matérialisme, malhonnêteté, médisance, insouciance, vanité, sont des maux qui ne datent donc pas d’hier… Si vous avez envie de connaitre un pan de la société anglaise du 19e siècle, de vivre une histoire d’amour, ou tout simplement de passer un bon moment, je vous le recommande vivement !



samedi 27 juin 2015

Maïmouna: de préférence avant l'adolescence



Retourner aux sources et utiliser ces sources pour aller de l’avant, c’est bien ce que j’entends faire depuis quelques mois. En attendant d’avoir la chance d’écouter de vive voix certaines traditions orales, c’est vers les livres que je me tourne. Cependant, ce ne sont pas des livres d’histoire que je lis mais de la fiction. De la fiction inspirée de la réalité. J’ai toujours été friande d’auteurs Africains mais me suis trop souvent contentée de lire « ivoirien ». Ayant vu mon enthousiasme pour les livres baisser au fil des années, je suis bien contente de cet amour renouvelé pour les lettres, qui me permet de voyager au gré des mots de l’écrivain.

Par le titre et la photo vous l’avez compris; le livre dont je vais vous parler aujourd’hui est Maïmouna d’Abdoulaye Sadji. L’auteur Sénégalais fait partie de ces grands hommes qui se sont engagés pour l’indépendance des pays Africains mais surtout pour défendre la culture du continent par le biais de l’écriture. À travers l’histoire de Maïmouna, Abdoulaye Sadji dénonce la perte des valeurs de la jeunesse sénégalaise et par extension africaine selon moi. C’est le lieu pour lui de nous rappeler que nous devons certes nous ouvrir au monde extérieur mais il est important de ne pas oublier ses racines.


« Les tams-tams avaient cessé brusquement, comme malgré eux. Elle était là, la fille de Yaye Daro, grande, claire, éclatante. Tâche fraîche et reposante au milieu de ce monde sans grâce (…) Maïmouna avait l’habitude des foules enthousiastes. Un cri s’éleva et l’impressionna un instant : « Vive l’étoile de Dakar. » »

Vous l’avez compris, Maïmouna est belle, superbement sculptée et attire de ce fait les regards partout où elle pose les pieds. Née et grandissant dans un village reculé sous l’aile protectrice de sa mère la veuve Yaye Daro, Maïmouna se prenant déjà pour une grande ne rêve plus que de quitter son bourg pour la capitale. Devant le refus de Yaye Daro, elle en devient malade jusqu’à oublier tous les efforts consentis par cette dernière et à faire preuve d’insolence. La pauvre Yaye Daro, consentit finalement à laisser sa benjamine rejoindre l’aînée à Dakar. « La parole des vieux peut rester tard dans la forêt, mais elle n’y passe pas la nuit. » Le livre d’Abdoulaye Sadji est plein de proverbes africains mais celui-là est surement le plus à même de décrire à quel point le vieux assit, voit plus loin que le jeune debout.

Déjà dans son Louga natal, la beauté de Maïmouna ne passait pas inaperçue, alors imaginez un peu ce qu’il en est advenu lorsqu’elle fut relookée à Dakar par les soins de sa sœur Rihanna. Seulement voilà, en plus d’être têtue, Maïmouna est jeune et naïve. La pauvre n’a pas compris que l’amour c’est beau mais ça cogne souvent et très durement. Après lui avoir offert la beauté, la gloire, la richesse et la passion, la vie a finalement reprit à Maïmouna tout ce qu’elle lui avait donné et même plus encore.



Bien que paru en 1958, ce livre est toujours d’actualité. Ce n’est pas toujours facile pour nous, jeunes, de comprendre les mises en gardes des anciens. En effet avec ce monde qui évolue vite mais surtout animés par nos passions, et ce que nous croyons être de l’amour, il arrive parfois que nous foncions la tête la première vers des abîmes profonds. Il est difficile pour nous de croire que ces vieux qui ne savent même pas comment utiliser un smartphone puisse nous donner des conseils adaptés à nos nouvelles réalités. Évidemment nous pouvons soutenir qu’il faut faire des erreurs pour apprendre, vivre sa propre expérience. Et pourtant il est des fois où l’expérience et les erreurs des autres devraient être nos meilleurs enseignants. L’Etoile de Dakar l’a appris à ses dépens. Comme me disait quelqu’un lorsque j’ai posté la photo du livre sur Instagram, Maïmouna est un livre à lire avant l’adolescence. En espérant qu’il serve de leçon aux jeunes gazelles qui auront la chance de le parcourir… 


Avez-vous lu Maïmouna? J'aimerais bien savoir ce que vous pensez.

mercredi 10 juin 2015

Debout Payé: à consommer sans modération



Quand on découvre une belle plume, on est très souvent tenté d’en retrouver le propriétaire. C’est à travers ses articles sur yéyé magazine que j’ai découvert l’auteur avant d’avoir l’opportunité de lire son premier roman. L’engouement autour de ce livre a été remarquable et les récompenses se sont enchainées titillant par la même occasion ma curiosité.

C’est confortablement assise dans le bus et parfois debout (sans être payée) dans le métro, que j’ai parcouru une première fois l’œuvre de celui que l’on a nommé Armand Patrick Gbaka-Brédé. Parcourue parce qu’en vrai, il m’a fallu relire Debout Payé pour savourer et par conséquent mieux apprécier les écrits de Gauz. A la première tentative, je cherchais uniquement à savoir ce que ce livre avait de si spécial pour susciter l’enthousiasme de bon nombre de mes contacts sur Facebook. Toutefois, c’est lorsque j’ai lu Debout Payé un jour après l’avoir achevé la première fois que j’ai compris.

À travers ce livre nous voyageons dans l’espace et dans le temps, des années 70 aux années 2000, des quartiers d’Abidjan aux rues de Paris. De Ferdinand à Ossiri on se rend compte que les années passent mais pas grand-chose ne change. En moins de 200 pages, tout passe à travers les mailles de la critique du vigile (ou de l’auteur). Debout Payé dépeint la société à travers les yeux de ceux que l’on voit à peine. Pour tenir le coup dans le métier de vigile, « pour garder du recul (…) il faut soit savoir se vider la tête de toute considération qui s’élève au-dessus de l’instinct ou du reflexe spinal, soit avoir une vie intérieure très intense. L’option crétin inguérissable est aussi très appréciable. » On devine aisément que Gauz n’a pas opté pour la dernière option. Il a plutôt pris un malin plaisir à manipuler les mots, à jouer sur les sens et sur les sons pour rire du monde autour de lui.

L’une des phrases de la mère d’Ossiri m’a particulièrement marquée. « Il faut des hommes et des femmes volontaires pour vous apprendre, pour vous réapprendre à devenir les Africains que nous, vos parents, aurions du être si on nous avait appris la valeur de notre propre culture, de notre très vieille civilisation. » Il y a tant à retenir de Debout Payé mais ce que moi j’en tire après cette lecture, c’est que Gauz fait surement partie de ces écrivains qui ont choisi la plume pour désenclaver nos esprits.



Désormais, je fais plus attention aux vigiles que je rencontre. Je n’aimerais surtout pas apparaitre dans un livre comme la jeune fille qui passe toujours avec son foulard sur la tête sans saluer, comme les autres… Je suis sûre que je penserai toujours à Debout Payé lorsque je regarderai un spectacle à travers mon écran de téléphone alors que celui-ci se déroule sous mes yeux; chaque fois que je verrai le pagne être prôné comme signe d’africanité…ou encore chaque fois que je passerai devant un magasin Sephora… Debout, assis ou couché, quitte à consommer quelque chose sans modération, autant que ce soit un bon livre…






vendredi 13 février 2015

Quelque chose de gentil !


J’ai toujours trouvé plus facile d’évoquer ou d'exprimer ses sentiments en anglais plutôt qu’en français. Il y a donc de fortes chances qu’AyeLive soit beaucoup plus personnel que Méli-Mélo d’Une Intello. Mais comme je le disais dans cet article, je ferai mon possible pour traduire certaines publications. Ce qui suit est donc une traduction, et vous pouvez lire l’article original ici.

J’ai un ami que j’admire beaucoup parce que quelles que soient les épreuves par lesquelles il passe, il prête toujours une oreille attentive à ceux qui en ont besoin. C’est exactement le genre d’ami que nous souhaiterons tous avoir mais combien parmi nous sommes justement cet ami ?

Je prends actuellement un cours en ligne de communication interpersonnelle grâce auquel j’en apprends un peu plus sur la notion de self-concept. Celui-ci se définit tout simplement comme  un ensemble relativement stable des perceptions que nous avons de nous-même en tant qu’individus. Le sujet étant très vaste, j’ai eu envie d’écrire uniquement sur l’influence que chacun de nous a sur le self-concept de l’autre.  

Nous avons des attentes élevées vis-à-vis de notre entourage, nonobstant le fait que nos proches, et parfois même des inconnus aimeraient également que nous soyons une source de réconfort, de galvanisation. Les mots sont puissants mais ils sont surtout irrécupérables. D’ailleurs en Côte d’Ivoire on dit qu’on ne peut pas ramasser l’eau une fois versée. Ce que nous disons aux autres peut les blesser de la même manière que leurs mots peuvent nous affecter.

Certaines plaisanteries que nous échangeons avec nos amis, frères, sœurs et autres proches, même sous le couvert de l’amusement peuvent blesser. Bien que cela semble amical, nos remarques engendrent souvent des dégâts chez les autres. Nous façonnons notre self-concept à partir des commentaires et des jugements de ceux qui nous entourent et ce surtout dans notre plus jeune âge. Notre entourage peut nous faire nous sentir aimé, apprécié, et capable. Ou alors, il peut nous envoyer des messages négatifs, nous amenant à douter de notre valeur. Le self-concept est donc un produit de messages que nous recevons tout au long de notre vie.

Pendant ma lecture, je me suis mise à penser à tous ces mots qui m’ont blessée auparavant. Il y a de fortes chances que je n’ai pas exprimé ma peine mais en général, certaines remarques laissent des traces. Bien sûr, c’est à nous de décider si ces mots prononcés par l’autre nous définissent ou alors de leur prouver qu’ils ont tort. La manière dont nous gérons les remarques des autres déterminera ce que nous allons penser de nous-même car en fin de compte la seule chose qui compte est ce que nous croyons.   

En lisant sur ce sujet, j’ai malheureusement été prompte à blâmer les autres pour ce qu'ils m’ont dit. Cependant, je me suis soudain rendue compte que certaines personnes pensent surement aux propos déplaisants que j’ai eu à leur endroit. Il est difficile d'évaluer l'impact qu’ont les autres dans notre vie. Toutefois, autant nous voudrions entendre de quoi nous aider à rehausser notre valeur, autant nous devrions aider les autres à développer un self-concept sain.

Qu’il s’agisse d’un ami, d’un frère, d’un parent ou d’un enseignant… tout le monde peut influencer la perception que nous avons de notre personne. Si vous n’avez pas encore entendu parler de Ms. Lopez de Mott Hall Bridges Academy, je vous invite à lire cet article. Nous devrions tous aspirer à être des personnes qui inspirent. Quelqu’un qui montre aux autres à quel point ils sont précieux. Je vous invite par la même occasion à découvrir la page Facebook Humans of New York.



« Ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerais pas que l’on te fasse. » Nous sommes nombreux à citer cette phrase sur les réseaux sociaux mais tellement peu de personnes la mette en pratique.  Je ne suis certainement pas une exception mais j’essaierai d'appliquer le "Si vous n’avez rien de gentil à dire, alors ne dites rien du tout. " 

Je partage avec vous ma chanson préférée du moment et j’espère que je serai (nous serons) le genre d’ami murmurant «  N’abandonne pas, tu es intelligent, tu es belle, tu es précieux, tu es important. » 



mercredi 21 janvier 2015

Cauchemars En Série !

Illustration par Tatou Dembele

Je me souvenais encore des alertes que lançait le curé de la paroisse Saint Marc cinq ans auparavant. « Faites attention à vos enfants et à vous-même. Ne passez pas par des endroits obscurs tous seuls, surtout les jeunes filles. Avec les fréquents enlèvements qu’il y a eu dernièrement, mieux vaut être prudent. » Et pourtant je me retrouvais à cette heure indue de la nuit dans une ruelle réputée pour avoir été le lieu de bon nombre de kidnappings. Je venais de terminer la messe anticipée du Samedi et c’est ce raccourci que j’avais décidé d’emprunter comme je le faisais depuis plus de trois ans. Maintes fois, mes amies m’avaient déconseillée ce chemin, mais à chacune de leurs plaintes, répondait un haussement d’épaules désinvolte. « Ne vous déplacez qu’en groupe lorsque vous devez rentrer chez vous les soirs, ne laissez pas vos enfants partir tous seuls à la boutique, même si elle se trouve à cinq mètres de la maison. » Tous ces conseils bien qu’utiles n’avaient pas empêché le drame de se produire…

L’homélie du prêtre avait porté sur l’amour du prochain et le pardon. Comme il y a de cela quelques années il nous a aussi invités à la prudence, les mêmes causes produisant les mêmes effets. Lorsque j’empruntai une énième fois ce couloir, je ne m’attendais pas à tomber nez à nez avec cet homme qui tirait par la force Kitana, la fille de ma voisine. Une lueur macabre brillait dans ses yeux, perceptible malgré le mauvais éclairage du couloir. Il se fit de plus en plus menaçant à mon approche et resserra son étau autour du poignet de Kitana. Je me demandais ce qu’elle faisait dehors à cette heure, mais cette question laissa rapidement place à l’imminence du danger. Ce n’était même plus Kitana que j’apercevais. À travers cette scène, je voyais mon propre enfant luttant pour rester auprès des siens. Tout à coup les images se firent plus claires dans mon esprit. L’homme devant moi circulait beaucoup dans le quartier bien que n’y habitant pas. Il avait l’habitude de s’asseoir à l’aire de jeux où les enfants jouaient au football…

Je trainais depuis longtemps une sourde colère tenant compagnie à une tristesse sans nom. Cette tristesse qui me suivait telle mon ombre depuis le jour que j’ai perdu Donikan. Chaque nuit je revoyais son sourire, les fossettes qui creusaient joliment ce tendre visage trop tôt enlevé au cocon familial. Son petit corps frêle m’apparaissait, gesticulant dans le quartier, tapant dans un ballon de foot avec ses petits camarades. Puis comme un cauchemar surgissaient tous ces petits corps dénués du moindre souffle de vie, mutilés pour servir des desseins malsains. Pendant longtemps je me suis demandée si c’était des êtres humains qui commettaient de telles atrocités. Pour le pouvoir, la richesse, ils étaient nombreux à endeuiller des familles en leur arrachant ce qu’ils ont de plus précieux.

Malgré les cinq longues années qui s’étaient écoulées, j’avais l’impression de tout revivre à nouveau. Et pour cause, les élections approchaient, et des enfants ainsi que de nombreuses jeunes filles disparaissaient. - Il faut croire que la jeunesse et la gent féminine est beaucoup appréciée par les esprits malins qui se cachent derrière tous ces sacrifices humains.- À nouveau tout le monde était aux aguets, surtout chez le petit peuple. Les rumeurs disaient que c’étaient des autorités, des « grands types », qui étaient à l’origine de cette macabre chasse à l’homme car ils devaient consolider leurs positions après les élections. Et comme si cela ne suffisait pas, une nouvelle race de prédateurs avait vu le jour depuis quelques années. 

Ils avaient commencé par arnaquer les Européens sur internet - soit disant pour se faire rembourser la dette coloniale-. Sans tenir compte de la mauvaise propagande qu’ils faisaient de leur pays, ils se sont ensuite attaqués à tout le monde y compris aux Africains - surement cette fois pour venger les esclaves vendus par leurs propres frères pendant la traite négrière- … Ceux que l’on appelle brouteurs faisaient donc partie de ceux dont on devait se méfier au risque de perdre un proche ou sa propre vie. Lorsque les pigeons se faisaient rares, ces bovidés amateurs de chair humaine détruisaient des vies sur les recommandations de leurs charlatans. Pour être riche dans certaines sphères, il fallait offrir des organes humains aux génies…

Lorsque je vis la lame du couteau briller dans le noir, ma main avait déjà saisi mon revolver et s’en était suivi un bruit sourd. L’homme était à terre, touché à l’épaule et avait lâché l’arme blanche. La petite avait crié avant de courir se mettre derrière moi. Il me regardait, se trainait, gémissait de douleur et me suppliait de le laisser vivre.

-          Je vous en prie, c’est la misère qui m’a conduit sur ce chemin. Je t’en prie je ne recommencerai plus. 

-          Écoutais-tu les supplications de cette fillette il y a de cela quelques minutes ? M’aurais tu épargnée la vie si tu en avais eu l’occasion ? Vous êtes tous pareils, des monstres qui ne méritez pas de vivre.

Je m’apprêtais à tirer lorsque j’aperçu au loin surplombant les habitations, un panneau publicitaire affichant « Alerte enfants en détresse appelez le 116. » À quelques encablures de là se trouvait également la gendarmerie d’un côté et le commissariat de police de l’autre. Le coup de feu aurait dû alerter quelques curieux dans les minutes suivantes. J’aurais pu attendre que la justice fasse son travail. Mais devant moi, se succédaient les différents cadavres d’enfants que j’avais du identifier à la recherche de mon fils. 

Face à ce criminel sous mes yeux, se superposait l’image du lit vide de Donikan. Le rêverais-je un jour ? Finirais-je par savoir ce qu’il est advenu de mon bien aimé ? Pourquoi ne devrais-je pas me faire justice ? Pourquoi ne pas lui faire payer pour les crimes qu’il a commis et qu’il commettra surement si jamais les forces de l’ordre ne font pas correctement leur travail ? Tandis que j’ajustais mon arme pour faire feu, des gouttes de pluie me tombèrent sur le visage…ou plutôt des perles de sueur après avoir encore fait le même cauchemar. Je me réveillai en sursaut. À mes côtés, dormait ce petit être fragile qui illumine mes journées. Je le serai dans mes bras en ayant une pensée pour ces familles endeuillées par des êtres sans vergogne...



dimanche 30 novembre 2014

Tant que le coeur bat...


Les histoires de sorcellerie sont courantes dans certaines régions de l’Afrique. Je me souviens encore de quelques anecdotes que ma tante me racontait au sujet d’enfants sorciers démasqués par une voyante nommée Massandjé. Ces histoires m’ont toujours semblé vraies car l’Afrique est réputée pour ses mystères. Toutefois, il arrive parfois que la vie de quelqu’un soit gâchée par des révélations mensongères de pseudo prophètes ou autres mystiques.

J’ai toujours plaisir à partager des histoires d’espoir, des exemples vivants de réussite qui nous prouvent que la vie est pleine de rebondissements. L’on peut naitre dans une famille aisée et se retrouver du jour au lendemain à la rue sans rien n’y personne. Tout comme l’on peut passer de la rue aux tapis rouges des Oscars.

J’ai récemment découvert l’histoire de Rachel Mwanza à travers son passage à TEDxParis. Traitée de sorcière et accusée d’être la responsable de tous les maux de sa famille, Rachel a dû survivre dans la rue. Sa vie témoigne des dégâts que peuvent causer le manque d’éducation, les superstitions africaines, mais surtout la pauvreté. Toutefois, le but de Rachel n’est pas de susciter la pitié des uns et des autres. Bien au contraire, elle est porteuse d’une histoire, d’un message qui interpelle chacun de nous : TANT QUE LE CŒUR BAT TOUT EST POSSIBLE et un conte de sorcière peut un jour devenir un conte de fée.

Nul besoin de vous conter son histoire quand elle-même le fait si bien…


lundi 10 novembre 2014

Cinq Leçons Pour La Vie


Il est 1 h et quelques minutes quand je referme Les cinq personnes que j’ai rencontrées la haut. Quelqu’un disait que «lire n’est pas un but mais un moyen. Il nous faut distinguer dans un livre les valeurs à se mettre pour toujours dans la tête et les passages sans intérêt – à ne pas lire si possible ou tout au moins à ne pas trainer comme un lest mutile.–»

Alors à la fin de la lecture du livre de Mitch Albom, je détermine les cinq leçons qu’Eddie a appris après sa vie ou plutôt après sa mort. J’ignore en quoi est ce que ces leçons seront encore utiles à celui qui ne fera plus jamais d’entretien…Je pense comme le dit Anne Berthod, que ce livre est surtout un joli conte moderne pour réconcilier les lecteurs avec la vie sur terre.

Eddie, responsable de l’entretien de la fête foraine Ruby Pier est mort. Eddie représente ces personnes qui à la fin de leur vie pensent l’avoir gâchée. Mais au ciel, il rencontre cinq personnes qui vont chacune nous expliquer qu’aucune vie n’est inutile.

1-      Le hasard n’existe pas

Cette première leçon pour moi n’est pas vraiment une nouvelle car les livres révélés nous apprennent que tout est déjà écrit. Eddie lui, apprend que « nous sommes tous reliés les uns aux autres. Nos vies sont tout aussi inséparables les unes des autres, que la brise l’est du vent (…) des inconnus ne sont jamais que des proches que l’on ne connait pas encore.» 

2-      Il faut faire des sacrifices

Une deuxième leçon sur laquelle la Bible, le Coran et la Thora s’accordent. Dieu nous demande le don de soi. Dans son voyage au ciel, Eddie découvre qu’on ne « doit pas regretter les sacrifices, mais plutôt y aspirer, qu’ils soient petits ou qu’ils soient grands (…) parfois quand on sacrifie quelque chose de précieux, on ne le perd pas vraiment. On se contente de le transmettre à quelqu’un d’autre. »

3-      Mieux vaut encore être loyaux les uns envers les autres

Il s’agit de la loyauté malgré la blessure, il s’agit du pardon (ais-je besoin de faire référence encore à nos livres saints ?). Eddie a emporté après sa mort le mépris qu’il éprouvait à l’égard de son père. Sa troisième personne lui enseigne que « ruminer sa colère est un poison qui nous dévore de l’intérieur. On pense que la haine est une arme dirigée contre la personne qui nous a fait du mal. Mais elle est à double tranchant. Et le mal que nous croyons faire, c’est surtout à nous même que nous le faisons. »

4-      L’amour continue d’exister même après la mort

Ici j’ai envie de faire un clin d’œil au groupe Sexion d’Assaut dans leur chanson avant qu’elle parte
Parfois nous perdons un être cher mais en vérité l’amour que nous éprouvons demeure. « Il prend une autre forme, c’est tout. On  ne peut plus voir le sourire de ceux que l’on aime (…)  ni les faire danser. Mais quand ces sensations-là s’effacent, d’autres les remplacent. La mémoire. C’est la mémoire alors qui devient notre compagne. Et on la nourrit (…) Pour finir, c’est avec elle que l’on danse. »

5-      Tu es quelqu’un, tu es important

Parfois nous nous sentons inutiles. D’ailleurs c’est souvent à cause du rôle que la société nous accorde eut égard à notre métier ou à un quelconque rang social. Je me souviens de cette histoire du primaire dont la morale est qu’il n’y a pas de sot métier. C’est ainsi que tous autant que nous sommes, avons notre place dans la société. « Aucune vie ne se déroule en vase clos, elles se chevauchent toutes et le monde est plein d’histoires qui, au bout du conte finissent par n’en plus former qu’une seule. »

Fin.

Pour ceux qui préfèrent les films aux livres, on a pensé à vous. La bande originale du film est disponible ici. 


lundi 6 octobre 2014

LA VRAIE QUESTION




"Il était la personne que j’admirais le plus au monde, il était mon père. Il me ramenait toujours des friandises en revenant du travail et me mettait sur ses pieds pour me raconter de belles histoires. Il disait que j’étais sa princesse et pour moi il était le plus grand roi qui est jamais existé. Il disait qu’il me protègerait envers et contre tous et moi j’y croyais. Puis un jour, un évènement, peu importe ce qui arriva, changea le cours des choses. Cet homme que j’appelais « père » était devenu mon bourreau et sous chacun de ses coups je me demandais qui me protégerait de lui." Je suis Arielle et je suis Battue par mon père.


"Il avait cet air énigmatique qui dès nos premiers rendez-vous a su m’attirer et me retenir à ses côtés. Il n’était pas particulièrement beau, non il n’avait rien de Brad Pitt ou de Will Smith mais il était mon Apollon à moi et c’est tout ce qui comptait. Il avait le don de me faire rire quand bien même la situation n’avait rien de drôle. Il savait m’écouter quand j’en avais besoin et chaque mot qu’il prononçait me rassurait. Quand est ce que tout cela a changé ? Je ne sais pas, toujours est-il que les choses n’étaient plus comme avant. Il ne m’écoutait plus, et ne me faisait plus rire. Il ordonnait et me faisait pleurer. Tout parti d’une gifle insignifiante puis, de coups de ceinture en coups de poings j’eus ma carte d’abonnement à la PISAM. Un verre brisé, une réprimande de son patron au boulot, la viande trop cuite, et mon corps subissait ses assauts de colère. Je ne comptais plus les marques sur mon beau corps d’antan qui s’était transformé en treillis. Plus d’une fois j’ai voulu partir mais il me promettait de changer. J’espérais qu’il redevienne l’homme aimant qui a su conquérir mon cœur alors je restais et je priais. Cet homme à qui j’avais dit « oui » était devenu ma source de souffrance et après chaque larme versée, je cherchais celui qui me ferait à nouveau sourire." Je suis Nadia et je suis battue par mon époux.

« Dénonce-le » C’est le conseil que certains me donnait. « Pourquoi est-ce que tu ne pars pas ? » C’est la question que tout le monde me posait. J’aurais bien aimé partir mais où me serais-je retrouvée ensuite ? Je ne suis pas la seule dans mon cas et beaucoup d’autres comme moi ne savent où donner de la tête lorsque le cœur lui agit comme bon lui semble. Nous aimons nos bourreaux et c’est bien là le seul péché que nous ayons commis. Telle une malédiction cet amour nous consume, nous détruit faisant de nous des victimes que le monde extérieur prend en pitié. Pourtant les choses n’avaient pas toujours été ainsi mais il fallait un déclencheur afin que nous découvrions l’envers du décor. De l’extérieur vous êtes tentés de nous juger. Pour certains nous sommes stupides, pour d’autres aveuglées par l’amour. C’est peut-être vrai ce que peuvent penser les uns et les autres mais jamais vous ne comprendrez sans avoir vécu dans ces prisons dorées. Chaque femme battue à son histoire. Chaque femme reste pour une raison précise. Lorsque ce n’est pas la crainte de voir une autre femme maltraiter le fruit de ses entrailles, c’est tout simplement la peur de quitter le mauvais pour s’aventurer dans des endroits encore plus sombres. Qui te dit que tu ne vivras pas pire que ce que tu traverses ? Qui te dit que tu trouveras un homme qui saura t’apprécier a ta juste valeur ? Nous restons pour des raisons diverses, mais quoi qu’il en soit la question n’est pas pourquoi est-ce que nous demeurons dans ce calvaire.

La vraie question est qu’est-ce qui pousse un homme, un père, un époux, un frère, un petit ami, à lever la main sur une FEMME. Pourquoi donc s’évertue-t-on à détruire la vie, le corps, l’âme de celle-là même qui exerce le plus beau métier du monde ? Plutôt que de nous juger il serait peut-être temps de sensibiliser ceux qui nous martyrisent. Peu importe la cause, que ce soit la perte d’une épouse, d’un emploi, la pauvreté, l’alcool, rien ne devrait justifier que l’on s’acharne ainsi sur ce que Dieu a créé de plus sensible. Ils pourraient inventer tout ce qu’ils veulent pour justifier leurs actes, ils demeurent coupables. Coupables de coups et blessures aussi bien physiques que moraux. Je m’appelle Chantal et je pense qu’il serait temps qu’à chaque bourreau l’on demande des comptes.


En ce 25 Novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, il est temps que chaque femme sache ce qu’elle mérite, qui elle est vraiment. 


Merci à Grace pour le lien de cette vidéo.


mercredi 17 septembre 2014

CES PRENOMS QUI DERANGENT...


Petite j’étais le souffre-douleur de mon grand frère Nonyaha (laissez-moi au moins un) mais on le lui pardonne. L’une de ses blagues favorites pour me mettre dans l’embarras est la suivante “Quand on devait lui choisir un prénom, il y a une mouche qui est passée devant maman et celle-ci s’est écriée oh mais putain ! L’officier chargé d’établir l’acte de naissance a alors écrit Pitin sur son extrait.” Si j’explosais en larmes face à ce genre de jeux de mots et de blagues toutes pourries (j’étais une petite fille), aujourd’hui j’aime bien TOUS mes prénoms. Silué Tchonté Pitin Mireille, c’est ainsi que mes parents ont choisi de m’appeler. Pitin la mère de Papa était également la fille de Tchonté – le grand père de papa – aussi, j’ai finalement compris que ces deux prénoms me permettaient de jouir de certains privilèges. Mais bon cet article n’a pas pour but de parler de moi mais plutôt de ces prénoms africains qui dérangent.

Le peuple Sénoufo dont je suis issue n’est pas réputé pour son poro et son folklore uniquement mais aussi pour ses prénoms atypiques. S’il existe des prénoms propres à chaque tribu africaine, ceux des Sénoufo sont surtout connus pour leur longueur et prononciation difficile. Ainsi Gninhinninchionni (Dieu est avec nous) l’une de mes amies a préféré mettre G. sur son compte Facebook pour ne pas avoir à l’écrire en entier et à le prononcer pour certaines personnes. J’avoue moi-même avoir eu beaucoup de mal à appeler Pénégnanon (c’est parce que vous avez vu que je suis seul) un autre de mes grands frères quand j’étais plus jeune. Seulement peu de gens s’intéressent à l’histoire et à la signification de ces prénoms. Les détenteurs eux même plutôt que de s’enorgueillir de leurs beaux prénoms africains s’empressent de donner le prénom dit « français » lorsqu’on leur demande de déclarer leur identité.

D’aucuns diront que les prénoms français sont plus faciles à prononcer et donc plus commodes tandis que d’autres cherchent à échapper aux moqueries de leurs amis parce que portant des prénoms ridicules aux yeux des autres. Lorsqu’il s’agit de mettre une photo dans une tenue pagne et de déclarer que nous sommes Africains et fiers de l’être, pas besoin de se faire prier. Mais lorsqu’il faut porter cette même fierté à travers nos prénoms, nous nous défilons très rapidement.

Selon la croyance populaire en Afrique, le prénom que porte une personne peut influencer son caractère. Si cela s’avère vrai, je comprends mieux la multitude de statuts sur Facebook de mon cousin Songrofohl dont le prénom signifie « celui qui pense beaucoup ». Hemtcha désigne une personne qui rassemble tandis que Kignelman est une expression signifiant « tout ce que je fais est dans la main de Dieu ». Certains prénoms ont des significations multiples. C’est le cas de Soukpafolo qui se dit d’une personne en qui l’on peut avoir confiance et signifie également la volonté du cabri (aux temps jadis, la majorité des Sénoufo adorait les animaux). Mais n’allez pas croire que tous nos prénoms sont aussi "fantaisistes" car certains tel que Kolo (attribué à un enfant né à la suite de jumeaux) sont très "jolis" et "simples" aux yeux de tout le monde.  

Chez d’autres peuples, j’apprécie aussi les prénoms de certaines amies comme Singa et Wonseu qui signifient respectivement « or » et « bonheur » en Yacouba, ou encore Kossia généralement attribué aux personnes nées le dimanche chez les Abron.


Je pourrais vous citer toute une panoplie de prénoms africains aussi beaux et lourds de sens les uns que les autres mais il ne suffit pas de s’appeler Tchonté Pitin et de l’arborer fièrement pour prétendre défendre son identité culturelle. Lorsque je saurai parler et comprendrai parfaitement ma langue maternelle, je reviendrai vous enquiquiner sur notre pseudo fierté qui se limite très souvent à notre accoutrement. 

Sinon, c’est quoi votre prénom africain ? 

mardi 12 août 2014

LA VILLE DE TOUS LES PARIS !


« Depuis ton enfance là, avion passe au-dessus de ta tête. Tu as grandi, tu ne montes pas dans avion, jeune homme allons à Paris1 ».

Pour de nombreux Africains, la France demeure encore l’eldorado, la terre promise, le paradis qui mettra un terme à leur enfer sur terre. Déjà petits, plusieurs d’entre nous rêvaient de voir la capitale célèbre pour sa mode et sa cuisine (surtout pour les connaisseurs et les nantis) mais aussi pour sa fameuse Tour Eiffel.

Merci à Dieu et à mes parents qui m’ont permis de découvrir enfin Paris, la ville de tous les paris. Je ne viens pas vous parler de la majestueuse Tour Eiffel, ni du fameux pont des arts. Je viens partager ma surprise de découvrir que Paris n’est pas si différent d’Abidjan. Outre les dialectes africains que mon oreille pas si fine a immédiatement capté dans le bus, je me suis rendue compte que même certaines rues ressemblent à des rues d’Abidjan.

Toutefois c’est surtout en me rendant à la Tour Eiffel (Ah oui il fallait bien que je la vois de mes propres yeux) que j’ai été interpellée par les similitudes entre Paris et Abidjan.


Chez nous, on appelle ce jeu « rouge gagne, noir perd » car on joue avec des cartes de deux couleurs. Deux cartes noires et une carte rouge que l’on change de place plusieurs fois. Le joueur mise une certaine somme qui sera doublée s’il réussit à identifier la carte de couleur rouge. Ici, il s’agissait de trois objets que l’on déplaçait et il fallait trouver le lieu d’emplacement de l’objet qui avait un caractère unique. Parfois un miroir était collé à l’objet à retrouver ou alors il s’agissait de trois récipients dont l’un renfermait une boule.

Je voyais les touristes se faire arnaquer par une bande organisée d’escrocs (qui n’étaient pas noirs) sous l’œil avisé de leurs complices dans la foule. Ces complices qui faisaient semblant de jouer et attirait ainsi des personnes avides de gain facile. Par moment on pouvait voir ces « travailleurs » se disperser et ranger leur attirail sans crier gare. Le vendeur d’illusion pouvait alors s’en aller bras dessus, bras dessous avec une fille du public qui était il y a une minute une joueuse. Si vous ne comprenez rien à ce brusque changement, regardez bien autour de vous. Vous apercevrez alors à une dizaine de mètres, un policier à bicyclette effectuant sa ronde.

Les chiens ne font pas des chats dit-on. Si Paris ressemble tant à Abidjan du moins à mes yeux ou si plutôt Abidjan a des traits de ressemblance avec Paris c’est peut-être aussi parce que la France et la Cote d’Ivoire ont déjà eu plus d’une aventure ensemble.  

Les photos étant interdites, merci à ma tutrice qui a su user de stratagèmes pour prendre ces photos comme une détective en mission.

1-      Extrait de la chanson « Allons à Paris » de l’artiste ivoirien Dezy Champion.