mardi 30 avril 2013

JUSTE UNE LEGENDE

Dessiné par Saraï d'Hologne


Yves venait de raccompagner son énième conquête lorsque son père demanda à le voir. 

-          Yves, chaque fois je te parle de ta vie de débauche mais tu sembles faire fi de mes conseils. C’est la dernière fois que je te mets en garde sur tes relations intimes avec des femmes mariées. Assieds-toi que je te raconte une histoire qui s’est passée dans notre village.

Yves s’assit sur le vélo de course de son père et l’écouta religieusement.

« Samuel était un bel homme, charmant, soigné qui venait d’être muté à Napiélédougou comme enseignant à la nouvelle école primaire du village. Le vieux Koné un ami à son père avait consenti à l’héberger le temps que l’Etat construise les logements des instituteurs, les précédents établissements ayant faits les frais de la crise sociopolitique. Samuel débarqua la veille de la rentrée des classes et on l’installa dans l’une des indépendances de la maison du vieux Koné. Après avoir pris sa douche, il fut invité à partager le repas de ses hôtes.
-     Bonne arrivée mon fils, le salua Koné. J’espère que tu as fait bon voyage.

-          Merci le vieux, oui oui malgré l’état de la route le voyage s’est quand même bien déroulé. 

-          Dieu merci donc, comme je te l’ai déjà dis tu es ici chez toi. Ton défunt père était un grand ami à moi et 
c’est avec plaisir que je te reçois; j’espère que tu t’y plairas.

-          Merci papa Koné. 

-          Avant tout j’aimerais attirer ton attention sur l’un de tes défauts que nous connaissons tous les deux. Tu es frivole mon enfant et ton charme et ton titre de citadin n’aideront pas à freiner tes ardeurs dans ce village. Je ne te demande qu’une seule chose, évite les femmes mariées. Jamais, au grand jamais tu ne dois approcher une femme déjà en couple avec un homme car le Senoufo ne pardonne pas l’adultère.

-          Eh papa Koné j’ai changé hein, je ne suis plus le jeune irresponsable et coureur de jupons que tu as connu pendant ton séjour à Abidjan. Je saurai me tenir tranquille.

-          Tant mieux mon fils.

La deuxième épouse du vieux Koné apporta la sauce arachide qui devait accompagner le plat de riz déjà disposé sur la table et les hommes entamèrent le repas.

Deux mois étaient passés depuis l’arrivée de Samuel au village et malgré son soi disant changement, il avait collectionné les jeunes filles comme un gamin collectionnait des billes. Aucune ne lui résistait car même si il n’était pas très grand de taille comme la majorité des acteurs de films à l’eau de rose, il dégageait un charme irrésistible du haut de ses 1m65 et n’avait rien en commun avec ces hommes qui s’usaient dans les champs de Napiélédougou. Presque toutes les belles jeunes filles avaient partagé sa couche mais son cœur ne battait que pour Inès l’épouse du vieux Yéo.

Inès avait tout pour plaire à un homme, de sa forme awoulaba à son teint clair naturel en passant par son ventre plat tel un tapis marocain, et par-dessus tout elle maniait très bien la langue de Molière contrairement à la plupart des filles du village. Inès était très joviale à l’extérieur mais enfouissait une grande colère à cause son mariage forcé avec le vieux Yéo dû à une dette impayée contractée par ses parents pour payer sa scolarité.

Lorsque Samuel avait commencé à lui tourner autour, Inès lui avait dit qu’elle était mariée et que son mari ne supporterait pas d’être cocu. Samuel n’en avait que faire des menaces d’un vieux Senoufo et face à son insistance la jeune fille lui céda l’accès à son intimité. Tout s’était passé dans la plus totale discrétion et Inès était rentrée chez elle lorsque Samuel ressentit le besoin d’uriner. 

Il s’apprêtait à se libérer, lorsqu’une petite fourmi rouge sorti de son orifice. Une, puis deux, puis trois puis une multitude d'insectes sortirent de son sexe lui infligeant par la même occasion une terrible douleur. Samuel ne comprenait pas ce qui lui arrivait, son pantalon grouillait de fourmis qui le gratifiaient de douloureuses morsures le long de ses jambes. Le jeune homme sortit en courant et alla expliquer la situation au vieux Koné qui lui demanda ce qu’il avait fait de répréhensible récemment. Après quelques minutes de silence, il raconta qu’il avait eu des relations coupables avec la femme du vieux Yéo.

-          Samuel ? Dans tout ce village c’est avec Inès que tu as eu envie de t’amuser ? Mon fils la dernière personne que tu aurais dû défier est ce vieux sorcier. On ira le voir dès demain matin en espérant qu’il sera assez indulgent pour annuler le sort. 

Malheureusement le lendemain matin, on apprit que le vieil homme avait été assassiné par sa jeune épouse Inès qui tombée follement amoureuse de Samuel avait décidé de se débarrasser de ce vieil homme qui profitait de sa jeunesse. Samuel fut ainsi condamné ; le supplice des fourmis le conduisit à se donner lui-même la mort. »

-          Papa je suis sûr que tu as inventé toute cette histoire pour me faire peur, dit Yves après l’histoire de son père. Ce n’est qu’une vieille légende du village.

-          Crois ce que tu veux mon fils je t’aurais prévenu.

Yves souhaita bonne nuit à son père (qui n’était autre que le vieux Koné) et retourna dans sa chambre à coucher. Il se rendit aux toilettes et étant sur le point d’uriner, il aperçut une fourmi rouge sur son indexe sans savoir d’où celle-ci venait.

vendredi 26 avril 2013

CINQ HOMMES, UN LOGICIEL


J’ai décidé d’écrire chaque semaine sur des personnes dont la vie ou les actions ont une place importante dans l’histoire du monde ou dans la mienne tout simplement. 


Lorsqu’on dit Mark Zuckerberg, presque tout le monde sait qu’il s’agit du fondateur de Facebook. Lorsqu’on parle de feu Steve Jobs on pense immédiatement à la pomme fruit préféré de bon nombre d’accros aux TICS. Lorsqu’on dit Bill Gates, au-delà des millions on pense au concepteur de Microsoft. Pourtant si je vous parle de Niklas Zennström et Janus Friis ou encore Ahti Heinla, Priit Kasesalu et Jaan Tallin personne ou presque personne ne saurait me dire de qui il s’agit.

Ce soir j’ai envie de vous parler de ces cinq hommes qui nous ont rendu un grand service bien que presque personne ne semble s'en rendre compte. Combien de fois avons-nous eu envie de voir notre famille, nos amis alors que nous nous trouvions à des kilomètres ? Combien de fois nous sommes nous rués sur nos ordinateurs afin de parler à ces personnes qui nous sont chères mais qui pour raisons diverses vivent loin de nous ?

 Depuis un moment je me demandais qui a donc créé ce logiciel qui nous permet de voyager assis devant un simple écran d’ordinateur ? A qui devons nous ce magnifique logiciel qui nous aide à moins ressentir l’absence de nos proches ?

Toi oui toi qui te trouves derrière ton ordinateur. N’es-tu pas content lorsque tes parents t’appellent et que toute ta famille te chante joyeux anniversaire alors que vous êtes séparés par des étendues d’eau salée ? Toi ma copine qui me lit, la dernière fois ton sourire ne t’offrait-il pas un chignon gratuit quand tu conversais avec ton Jules grâce à Skype ? 

Pourtant tu ne savais même pas que Skype avait été fondé par Niklas Zennström et Janus Friis et développé par Ahti Heinla, Priit Kasesalu et Jaan Tallinn. Moi je ne fais que te donner les noms mais voilà tout ce que j’ai pu trouver sur ces hommes pour qui nous devons avoir une pensée chaque fois que nous utilisons skype.  




mercredi 17 avril 2013

Une Vie, Un Modèle, Jésus et Issa


J’ai décidé d’écrire chaque semaine sur une personne dont la vie ou les actions ont une place importante dans l’histoire du monde ou de la mienne tout simplement. 

Pour commencer j’ai choisi de vous parler de Jésus (paix et bénédiction sur lui) dans la Bible et Issa (paix et bénédiction sur lui) dans le Coran. Il y a bien sûr plusieurs histoires sur Jésus (pbs) mais je ne veux parler que de ce  dont les livres saints peuvent attester de la véracité et qui résument un peu les croyances islamiques et chrétiennes sur sa vie.  Je préfère ne pas citer des Hadiths ou des textes qui ne font pas partis de la bible car il est difficile de savoir lequel est vrai et lequel est inventé alors je me contenterai de vous donner des informations dont les références sont faciles à vérifier.

Jésus (pbs) a son histoire en islam et dans le christianisme. Les deux histoires diffèrent en certains points mais ont un grand nombre de similitudes que j’aimerais partager avec vous. Je précise avant tout que je n’ai pas la science nécessaire pour prétendre détenir une vérité absolue aussi toute rectification serait la bienvenue.

Les divergences entre les deux religions au sujet de la vie de Jésus (pbs) se situent principalement sur son caractère divin. En Islam, Jésus (pbs) est le messie (Coran 3 : 45) mais pas le fils de Dieu. Il est un prophète tout comme Noé (pbs) , Abraham (pbs), Muhammad  (pbs) et d’autres encore l’étaient. (Coran 4 : 171). Enfin pour ce que je sais, Jésus (pbs) selon le Coran n’a pas été crucifié mais plutôt élevé directement vers Allah (Coran 4 : 157-158).

Dans la religion chrétienne, Jésus (pbs) est considéré comme le fils de Dieu (Marc 1: verset 1). Dans le catholicisme on parle de la sainte Trinité mais je ne vais pas m’attarder sur ce sujet au risque d’aller vers certains débats que je ne maîtrise pas. Selon la Bible, Jésus (pbs) a été crucifié (Luc23 : 32-33), puis est ressuscité le 3e jour (Luc24: verset 7) avant d’être élevé plus tard au ciel (Luc24 verset 51).

Certaines personnes volontairement ou non semblent oublier qu’il y a des similitudes dans le Coran et la Bible. Tout d’abord le Coran tout comme la Bible soutient que Jésus (pbs) est né d’une mère vierge qu’on appelle Maryam (Coran 19 : 16-22) chez les musulmans et Marie chez les chrétiens (Luc 1 : 26-38). Les deux livres évoquent le fait que Jésus (pbs) réalisait des miracles au nom du Dieu suprême. Ils soutiennent également que Jésus (pbs) était un homme pur, parfait (Coran 19: 19 et Hébreux 4: 15).  On admet dans les deux religions qu’on ne pourrait trouver les ossements de Jésus (pbs) dans un quelconque tombeau car il a été élevé au ciel. Enfin, l’islam et le christianisme s’accordent aussi sur le fait que Jésus (pbs) était le messie.

Au-delà des polémiques sur la religion je pense qu’on pourrait s’asseoir et parler de ce qui nous rassemble. Il y a certes des divergences mais Allah, Dieu est le seul à savoir ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Je parle de Jésus (pbs) parce qu’il est une personne importante dans ma vie et dans celle de plusieurs autres personnes bien que je sois musulmane. Il y a tellement de débats stupides sur la religion que parfois je me demande si on ne les crée pas juste à la recherche de tensions. Quoi qu’il en soit Jésus (pbs) fut un personnage important en islam et dans le christianisme et sa vie (bien que je ne l’ai que survolée) est un exemple pour tous.


NB: Pbs: Paix et bénédiction sur lui est une formule que l'on rajoute à chaque fois que l'on énonce un prophète en islam.

samedi 6 avril 2013

SOS MELI,


Mélissa Guéï ou encore Méli pour les intimes est une jeune file très impolie mais quand même bonne conseillère. Moi je l'appelle "Vanou 8500 volts" mais pour cette rubrique elle essaiera de diminuer la dose de bêtises et de "gbès" qui l'anime. Je me charge de recruter des histoires (fictives) que rencontrent souvent des jeunes (bizarres ou pas) de notre âge. J'espère que vous aimerez ce duo de M².










Chère Méli, 

J’ai longtemps hésité avant de te faire parvenir ce courrier mais si je le fais c’est que je suis désespéré. J’ai connu ta rubrique par le biais d’une amie à moi qui n'en ratait jamais un numéro. Je sais que tu parles sans prendre de gants et c’est la raison pour laquelle je t’écris. Je m’appelle Didier et je suis amoureux de la meilleure amie de ma maman. 

J’ai 18 ans et elle en a 40, je suis conscient de la différence d’âge mais Méli essaies de me comprendre. Tantie Huguette malgré son âge mûr n’a rien à envier aux jeunes filles de ma génération. Elle a un « moutou » à faire baver Meiway, des lolos à faire frémir de jalousie Nastou. Eh Méli si tu voyais la forme «guitaresque» de la tantie, tu serais tentée de devenir lélé. 

Méli je sais que tu vas m’insulter mais j’ai besoin d’entendre des vérités crues de la part de quelqu’un. J’attends patiemment ta réponse et pourquoi pas une invitation dans ton cabinet ? Oui oui je sais que tu as ouvert un cabinet de psychologue et j’aimerais beaucoup avoir une séance avec toi. Merci Méli de me donner l’occasion de m’exprimer dans ta rubrique.

Didier l’amoureux transi. 



Réponse :

Sacré Didier! A mon avis, tu as plus besoin d'un psychiatre que d'un psychologue. Amoureux de la meilleure amie de ta mère? Et puis quoi encore? Amoureux de ta mère? Tu sais Didier, nous sommes en Afrique et ici, les cousine, amie, sœur  camarade et même collègue de ta mère sont un peu comme tes tantes. Tu as essayé d'imaginer? Tu sortirais avec ta tante? 

Imagine une seule seconde ton cousin qui sort avec ta maman. Tu verras que cette idée n'est qu'un cocktail de péché et de folie. C'est de l'inceste. C'est juste inconcevable. Et puis, c'est lolo que tu n'as jamais vu à Abidjan ici ou bien c'est un postérieur quarantenaire qui te parait venu du ciel? Ressaisis-toi. Je sais. Tu vas me dire que c'est l'amour, que c'est plus fort que toi, que ce genre de sentiment ne s'oublie pas en une seconde et nanani et nanana. Je te propose de l'éviter au maximum et de t’intéresser aux choses et personnes de ton âge surtout.

Chaque chose doit être faite en son temps. Tu n'as que 18 ans, intéresse toi donc aux filles de ta génération. Et puis, tu comptes sur quoi même? Si tu commets la triste erreur de t'hasarder à lui avouer tes ignobles sentiments, il n y aura pas deux cas: dans tous les cas, tu ne seras pas sauvé. Si elle ne se charge pas elle même de te faire entendre raison, c'est ta mère qui le fera; et avec toutes les conséquences que cela comporte. J'ai de l'espoir car tu sais déjà que tu n'es pas sur le bon chemin. La balle est dans ton camp: reviens sur le chemin de la normalité. Si ça t'intéresse, je serais très heureuse de t'aider.

jeudi 4 avril 2013

MASTER CHEF C'EST REPARTI !!!



Depuis quelques jours c’est reparti pour une nouvelle saison de master chef avec cette fois un ingrédient imposé, le poisson. Vous pouvez utiliser tout ce que vous voulez, une baleine, un requin, un silure, un dauphin, une dorade, tant qu’il s’agit d’un animal aquatique vertébré que l'on pêche pour sa chaire comestible cuisinez le. 

Vous pouvez l’agrémenter d'humour, de drame, d’ironie, ou même de stupidité, tant qu’il est cuisiné en avril, on essaiera d’en accepter le goût. Les cuisiniers rivalisent d'ingéniosité dans leurs plats, souvent au plaisir mais presque tout le temps au détriment des invités.

Ah tiens ! Hier mon cousin a décidé de cuisiner pour sa fiancée; je me demandais ce qu’il allait faire là bas, lui qui ne sait même pas bouillir un œuf mais il m’a dis « n’aies crainte couzo ». Il nous a mijoté une bonne soupe de poisson, hum vous auriez dû y goûter. C’était tellement bon qu'à la fin du repas il était célibataire. 

Ah tu as compris, ce n’est pas partout qu’on cuisine poisson en avril oh. Tu as essayé d’en braiser un pour ta maman ? Elle a appelé ton papa pour qu’il soit le critique culinaire et au final mon ami grâce à ton poisson tu seras privé de pognon jusqu’au mois de mai.

Je le reconnais, j’aimais beaucoup cuisiner le poisson en avril, qu’il passe au four, sur la braise, ou dans une sauce, moi j’aimais juste le déposer sur une table à manger pour mes amis et frères. Ah mais même si je n’ai pas encore été lapidée par l’un de mes clients je préfère vous dire que si vous ne dosez pas bien votre assaisonnement quelqu’un vous jettera le piment à la figure.

Mes amis on se connaît hein, il y a certaines vérités que vous masquez dans les poissons d'avril; pour cette année essayez d'assumer, on va bien trier les arrêtes de poisson là. 

A bon entendeur pêchez.

mardi 2 avril 2013

LA DOT


Illustré par Saraï D'Hologne


Le jour tant attendu par la famille Kassi était enfin arrivé. En Afrique tout le monde savait qu’un mariage n’unissait pas seulement deux êtres mais aussi deux familles, deux villages, deux peuples. Mr Kassi passait son temps à se vanter de la beauté de sa fille Rachelle et personne ne pouvait le contredire car sa fille unique était vraiment belle.

Rachelle avait hérité des traits fins de sa mère d’origine peulh. Elle avait un teint clair naturel, ce qui semblait être un mirage dans ce désert de peaux artificielles offert par les produits cosmétiques. Sa mère lui avait également transmis son joli grain de beauté juste au dessus de ses belles lèvres pulpeuses. Rachelle était plutôt mince malgré la gourmandise dont elle faisait preuve à chaque repas. Elle n’avait certes pas de rondeurs comme les femmes awoulaba mais sa forme n’enlevait rien à sa beauté africaine. Elle était belle et le savait sans toutefois abuser de ses charmes.

Hermann avait rencontré Rachelle alors qu’il effectuait une course pour son père à Prima. Ce qui l’avait marqué était l’élégance et le calme avec lequel elle traitait un ivrogne qui l’avait accosté à l’entrée de l’hypermarché. Hermann avait garé son véhicule dans le parking du centre commercial et était revenu voler au secours de la belle demoiselle. Depuis, ils avaient sympathisé et ne s’étaient plus quittés.

Rachelle vivait dans une villa de cinq pièces avec ses deux parents. Sa mère était ménagère mais son père arrivait parfaitement à subvenir à tous leurs besoins. Personne ne savait le travail qu’il faisait, ni ses voisins, ni son épouse et encore moins sa fille. Elle le voyait tout le temps sortir de la maison, cartable en main sans jamais avoir de réponse à la question « Papa dis moi enfin, où travailles-tu ? ». Elle avait bien essayé de le prendre en filature mais n’avait jamais réussi à savoir ce que son géniteur faisait comme boulot pour assurer leur train de vie.

Dans le quartier des Kassi, plusieurs rumeurs couraient sur le compte du chef de famille mais l’épouse et la fille n’en avaient cure ou du moins ne laissaient rien paraître de leurs frustrations. Certaines mauvaises langues pensaient que Mr Kassi était un trafiquant d’organes, pour d’autres un dealer de drogues, et chacun y allait rajoutant son grain de sel pour créer des histoires de plus en plus folles.

Hermann venait d’arriver au domicile des Kassi accompagné par son ministre de père et des membres de sa distinguée famille. Il allait enfin demander et avoir la main de sa dulcinée. Il était pressé de s’unir à Rachelle devant toute sa famille et selon les coutumes des deux familles. Son père avait insisté pour que tout se fasse dans la discrétion afin de ne pas ameuter les médias. Après que les invités soient installés, le maître de cérémonie en la personne de l’oncle de Rachelle prit la parole.

-       C’est un honneur pour nous de recevoir les membres de cette illustre famille dans notre humble demeure. Nous savons tous la raison pour laquelle nous sommes rassemblés ici alors nous n’allons pas faire perdre de temps à Monsieur le Ministre.

-          Merci à vous de nous recevoir renchérit le porte-parole de la famille Miezan. C’est également un honneur pour nous de venir ici demander la main de la perle que vous avez dans votre famille. La mère du fiancé est un peu en retard mais  comme il s’agit d’une histoire de dot, nous pouvons commencer à tout régler entre hommes.

Madame Miezan n’était pas pour cette union avec une famille dont on ne savait rien mais devant l’insistance de son fils et la bonne impression que lui avait donnée Rachelle, elle avait fini par céder. Elle était allée faire des emplettes de dernière minute pour la dot et devait rejoindre les autres membres de la famille plus tard.

Tout se déroula dans les normes et les Kassi acceptèrent la dot remise pour leur enlever leur unique enfant. Cette dot était à la hauteur du rang ministériel de la famille et ce n’est pas Mr Kouassi qui s’en plaindrait. La cérémonie tirait à sa fin, tout le monde avait fini par se connaître et le beau monde devisait joyeusement autour de quelques amuses-bouche. Madame Miezan arriva et son époux entreprit les présentations avec leur nouvelle belle famille. Au niveau du père de Rachelle la mère du fiancé sursauta.

-          C’est vous le père de Rachelle ?

-          Oui madame, pourquoi ?

-          Vous ne me reconnaissez pas ?

-          Non madame désolé.

-          Ah c’est vrai qu’on dit que les gens sont en deux exemplaires dans le monde mais je ne suis tout de même pas une folle. Moi je vous reconnais car vous êtes le mendiant à qui je remets toujours de l’argent à la sortie de l’Eglise Saint Jean De Cocody.