lundi 16 juin 2014

MI KLOWO


Quand Pascal disait que « le cœur a ses raisons que la raison ne connait point » je me demande si cela incluait aussi la raison religieuse. En effet il n’est pas rare de voir des parents s’opposer au mariage de leurs enfants issus de religions différentes. En Côte d’Ivoire, – Je ne connais pas beaucoup de juifs ou de bouddhistes – c’est surtout entre les hommes chrétiens et les femmes musulmanes que le problème se pose. Aussi je vois plusieurs personnes s’indigner lorsque des musulmans refusent d’accorder la main de leur fille en mariage à une personne d’une autre confession religieuse. Je donne ici mon point de vue, peut-être pas ce qui est juste mais il n’en demeure pas moins mon avis.

En islam un homme musulman peut épouser une femme chrétienne ou juive mais l’inverse n’est pas autorisé. D’après ce que j’ai lu et compris, cela est dû au fait que l’homme est considéré comme le chef de famille. De ce fait, les enfants devraient suivre la religion de leur père. Pour moi qui suis une reconvertie, je sais combien cela peut affecter une famille (surtout un parent) lorsque son enfant fait un choix religieux différent du sien. Par ailleurs, certains croient que la femme sous l’influence de son mari serait tentée de changer de religion, ou de faire preuve de laxisme.

Je connais des foyers où l’homme chrétien et sa femme musulmane vivent ou paraissent vivre en harmonie. Certains couples mixtes sont plus heureux que des couples issus de la même religion. D’autres ne résistent pas aux intempéries, qu’elles soient dues à la religion ou pas. Quoi qu’il en soit, l’on ne saurait évaluer le succès d’un mariage en se basant sur la compatibilité religieuse. Toutefois, avant de crier au scandale lorsqu’un père ou une mère s’oppose à l’union de son enfant, il serait préférable de s’informer sur les raisons qui poussent le ou les parents à prendre une telle décision. L’éducation des enfants n’est pas la seule zone d’ombre dans les mariages interreligieux. Chaque couple est unique et les conjoints doivent faire différents compromis pour l’harmonie de leur ménage.  

Enfin, je suis sûre que bon nombre de personnes aimeraient partager leur vie avec une personne qui partage les mêmes convictions religieuses. Si l’on peut choisir de qui on tombe amoureux (évitons le débat) certaines questions ne se poseraient même pas. Pour moi il est préférable que les deux conjoints soient issus de la même religion ; toutefois il est inadmissible qu’une personne se convertisse uniquement dans l’optique du mariage. Il vaut mieux aimer le Créateur plus que la créature.

Récemment, un ami artiste chanteur a décidé de traiter le sujet du mariage interreligieux. Je vous propose de découvrir et d’apprécier N’Klowô de Onew. Une histoire d’union entre un chrétien et une musulmane. Un sujet toujours d’actualité. Si les raisons religieuses sont compréhensibles, nul n’a le droit de juger l’amour entre deux personnes car que l’on aime en dioula ou en baoulé, Mi klowô signifie la même chose que M’bifè.

                           

Dioula : Langue africaine. Au départ un terme utilisé pour désigner des commerçants ambulants en Afrique occidentale ; aujourd’hui on appelle dioula en Côte d’Ivoire toute personne appartenant au grand groupe des Mandés du nord. La majorité des dioulas est musulmane.

Baoulé : Langue africaine du peuple des Baoulés. C’est un peuple installé principalement au centre de la Côte d’Ivoire. Les Baoulés sont généralement chrétiens.

Mi klowô / M’bifè : Je t’aime en baoulé et en dioula. 

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