Hier tu m’as demandée si je t’aimais et j’ai répondu
« non ». Désolée d’avoir été si brutale dans ma réponse mais je
n’aime pas tourner autour du pot. Ta question permet moi de la reformuler était
« est-ce que tu m’aimais ». En fait tu n’as jamais été un as en
conjugaison et cela je l’ai remarqué depuis notre première conversation. Alors
la vraie question selon moi aurait dû être « est ce que tu
m’aimes ? » et j’aurais répondu « Non ». Seulement
avec un peu plus de douceur dans la voix et un sourire malicieux.
Te souviens-tu de notre première rencontre ? Il
parait que les gens amoureux se souviennent toujours de la première fois qu’ils
ont aperçu l’être aimé. Je ne doute pas de ton amour mais tes lacunes en
conjugaison n’égalent pas tes trous de mémoire alors je vais tout de même te
faire un petit rappel. C’était un soir d’été alors que le soleil achevait sa
longue course de la journée…Pause. Tu ne pensais tout de même pas que j’allais être
fleur bleue ? Si ? Ah tu devrais me connaitre mieux que ça.
Je t’ai aperçu la première fois à la sortie d’un
garbadrome. Tu portais un jean délavé et un T-shirt de publicité. Cela faisait
une éternité que j’avais vu un T-shirt avec marqué en grand OMO-Multi-action.
Quelle ironie ! Tes vêtements semblaient ne pas avoir connu de lessive
depuis un bon moment. Tu venais de terminer ton travail et moi j’étais triste
de ne pas être arrivée à temps car, il n’y avait plus de poisson thon. En me
voyant, mon assiette vide à la main, tu as prononcé cette phrase dont j’aurais
pu me passer. «Ma chérie poisson est fini. »
Primo, je n’étais pas ta chérie, nous ne nous
connaissions pas. Deuxio, j’avais deux yeux pour me rendre compte, par
moi-même, qu’il n’y avait plus de poisson. Je n’avais certainement pas besoin
que l’on me rappelle que je n’aurais pas droit à mon garba du vendredi. Comme
tu as pu le deviner à ma mine serrée ce jour-là, je ne te portais pas dans mon
cœur. Et pourtant deux années plus tard, tout le quartier nous appelait les
amoureux du garbadrome.
Chaque soir après mes cours, je venais te tenir
compagnie pendant que tu grillais les poissons pour ton grand frère. J’aimais
bien discuter avec toi et j’avais découvert en toi des qualités que les autres
ne voyaient pas. Ces autres qui ne comprenaient pas que moi Lucia l’intello, je
sois amoureuse d’un haoussa grilleur de poisson thon. Ces autres qui de toi, ne
voyaient que les tenues délavées. Ces autres qui plusieurs fois, ont dit que tu
m’avais envoutée. Ces autres qui seront encore plus surpris demain d’apprendre
que nous allons nous marier.
Que ne ferait-on par amour ? Je t’ai aidé à
prendre des cours du soir parce que tu voulais toi aussi aller à l’école. Tu
étais un élève forcené et c’est grâce à ton acharnement que tu as fini par
obtenir le BEPC. Ton amour pour les nouvelles technologies a fait de toi un développeur
d’application connu et apprécié par les plus grandes structures du pays. J’ai
encore du mal à croire que c’est ta photo à la une du magazine « Plus de
Tics, moins de tares » du mois dernier. Tu as su devenir « quelqu’un »
comme tu le rêvais. Et je suis fière d’avoir contribué à ton succès d’une
manière aussi minime qu’elle soit.
Enfin, si tu me reposais la question et me demandais
si je t’aime, je te répondrais sans doute « Non ». Juste parce que
c’est avril, et que tu mérites un gros poisson d’avril en souvenir du bon vieux
temps.
* Haoussa: Peuple du Sahel que l'on retrouve en Côte d'Ivoire et que l'on assimile la plupart du temps aux vendeurs de garba.
*Garbadrome: Endroit où l'on vend du garba.
ehh bien la tu m'as vraiment eu.... nice work dear you have found yourself a producer. I am ready whenever you are we will make it happen. cheers n take care
RépondreSupprimerLol thank you! And take care too.
RépondreSupprimerWow ! J'avais l'mpression que c'était une histoire vraie...
RépondreSupprimerLol, merci Armie :)
SupprimerHello mate great blog posst
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