J'ai écrit
ce texte avec Mélissa et c'était amusant d'essayer quelque chose de nouveau,
une histoire née de la spontanéité de chacune.
Illustre par SARAI D'HOLOGNE |
C’était une fille à l’air innocent, élancée,
raffinée aux yeux rieurs, qui sentait et respirait la joie de vivre. Du haut de
ses 18 ans on pouvait voir qu’elle n’avait connu que le miel et que des années
de vaches grasses l’attendaient encore. Elle avait la beauté de ces princesses
décrites dans les contes des frères Grimm que Maman me racontait au temps
jadis. Son rire était contagieux mais moi j’étais majeur et vacciné contre le
bonheur alors le virus de sa joie ne m’atteignait pas.
Jules était un gars particulier. Le genre de
garçon que tu n'espérais jamais rencontrer. J'étais secrètement amoureuse de
lui mais pas de son passé; de son futur, peut-être; s'il acceptait de
l'envisager, moins ténébreux.
Julie était une fille particulière. Le genre de
fille dont je n’oserais rêver même après une overdose de ma drogue préférée.
J’étais secrètement amoureux d’elle mais je savais que je n’en avais pas le
droit. Je l’aimais pour sa beauté, pour sa pureté, pour ses mimiques, pour son
parfum; mais je savais qu’elle ne méritait pas qu’un déchet ambulant
s’intéresse à elle.
J'étais persuadée qu'il méritait mieux qu'une
mort précoce due à un bad trip. Je voulais être avec lui, l'aider à aller de
l'avant et espérer qu'un jour, il tombe amoureux de moi.
Lorsqu’elle m’a parlé pour la première fois, je me
suis retourné croyant qu’elle s’adressait à une quelconque personne derrière
moi. Et pourtant, elle me parlait à moi, aussi invraisemblable que cela pouvait
paraître. Elle me parlait de mon futur, de ce que je pourrais être si jamais je
voulais me donner la chance de changer. Je me demandais ce qu’elle avait à se
prendre pour une pêcheuse d’âmes perdues. Elle savait surement que j’avais ces
maudits sentiments à son égard alors cela l’amusait bien d’enfoncer la flèche
de Cupidon dans ce qui me restait de pompe de sang.
Jules était tout ce que j'aimais. Mystérieux,
ténébreux, charmant, intelligent. Non, en fait Jules était tout. Tout ce qu'on
espère d'un homme.
Julie n’était pas mon idéal féminin, elle était l’idéal
féminin. Aucun homme sur terre ne pourrait résister à son charme car elle
alliait parfaitement la beauté et la douceur à l’intelligence et la pudeur.
J'aurais bien voulu le présenter à maman. Mais
elle s'imaginerait tout un tas de trucs notamment que je sortais avec un drogué.
Maman était championne des conclusions hâtives. Cette hypothèse était donc
annulée. Jules m'a dit qu'il a arrêté les études après la licence. Il étudiait
la physique aérodynamique. Il a arrêté juste comme ça. Je ne comprenais pas
pourquoi il se donnait autant de mal pour gâcher sa vie.
C’était cela aussi
son défaut, elle aimait fouiner partout. Aucune question ne devait rester sans réponse
avec elle tandis que moi j’avais un univers entier d’équations sans solution.
Elle pensait que je n’avais pas de rêves, que je m’évertuais à me détruire par
pur masochisme alors que la vérité était toute autre bien plus noire que ce qu’elle
paraissait.
Je ne pensais plus arriver à le comprendre un
jour. On n’avait vraiment pas la même façon de voir le monde. J'étais trop dans
les normes et lui, il détestait les normes. Je ne sais pas pourquoi je l'aimais
finalement; encore moins pourquoi je m'efforçais à vouloir à tout prix le
mettre sur le droit chemin: il détestait le droit chemin
Elle semblait avoir
enfin compris que j’étais irréparable. Je la voyais s’éloigner et avec elle les
fragments restants de mon cœur. J’avais envie qu’elle reste, qu’elle m’aide à
changer mais en y repensant je n’avais pas tellement envie du changement.
Pourquoi aurais-je voulu ressembler aux autres quand je pouvais être moi ?
J'avais décidé de le laisser seul avec ses
théories farfelues. Il pouvait mourir, ce n'était plus mon problème. De toutes
les façons, les sourds ne peuvent pas entendre. Encore moins quand leur surdité
est confortable.
Tout était dit, elle
en avait marre. J’ai essayé de crier pour la retenir mais à quoi bon quand je
savais que jamais nous ne nous accorderions ? Nous étions comme l’eau et
le feu, l’ange et le démon, destinés à nous regarder mais seulement de loin de
crainte que l’un ne corrode l’autre. Je l’aimais mais s’il fallait pour
cela devenir normal, alors je préférais la regarder s’en aller.
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