« J’ai cru à ton départ que jamais je ne me relèverais
pourtant me revoilà toujours plus forte et rayonnante que jamais. Quand tu es
parti tu sais, j’ai longtemps pleuré ; j’ai passé des nuits blanches à
écrire dans ce journal que tu m’avais offert à mon anniversaire. Les mots ont
été les meilleurs remèdes à mes maux car même si Maude essayait de me consoler
mes blessures refusaient d’être pansées.
Quand tu es parti j’écoutais tout le temps Amel Bent « tu
n’es plus là » et la seule question qui me hantait était pourquoi.
Pourquoi tu t’en étais allé sans un au revoir, sans une justification à mon
égard. Ne méritais-je pas deux minutes dans ta vie lorsque tu avais pris dix
sept années dans la mienne ? Tu peux t’en aller définitivement car de toutes les
façons tu n’as jamais été là que pour satisfaire tes besoins.
Les seules fois où tu étais présent ta main se trouvait sous
ma jupe et malgré mes larmes je pensais que tu m’aimais à ta manière. Ma
ressemblance avec celle qu'autrefois tu aimais m’a été fatale peut être parce
que ma naissance lui a ôté la vie. Papa tu es parti sans une lettre d’adieu
après m’avoir enlevé ma virginité à 15 ans. Tu es parti à l’orée de mes 17 ans, sans te soucier de ce que je deviendrais, mais aujourd’hui j’ai 34 ans et je
viens de mettre au monde un enfant. Je voulais juste que tu saches que je l’ai
appelé Frédérique en hommage à ce père qui n’a jamais été là que sous ma
couette. »
Drôle de discours pour un baptême me disais-je, après que Lili
ait fini son discours. Je me souvenais de cette période de sa vie puisque j’étais
la Maude qui la consolait mais je ne comprenais pas pourquoi elle avait choisi
ce jour là pour en reparler surtout devant toute cette assemblée. Je ne
comprenais pas jusqu’à ce que je me retourne et aperçoive mon oncle Frédérique,
son père se retourner vers la sortie la tête baissée et les yeux noyés par les
larmes.
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