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mon travail après tout ce que je venais d’apprendre aurait été difficile.
J’ai eu la malchance de naître fille aînée car cela me destinait à suivre les
traces de ma mère de gré ou de force. Arrachée au doux son de la voix du maître
de CM1 j’ai pris la direction de la case du rituel. Je savais depuis fort longtemps quel était mon destin mais tout au fond de moi je gardais cet infime
espoir de pouvoir déroger à mes obligations. J’aurais pu résister, me plaindre
mais j’aurais alors affronté le regard de ma mère et cela aurait été trop dur à
supporter. Malgré le fait que j’excellais à l’école, j’ai du laissé les bancs
pour la natte de l’initiation. Pendant deux années, j’ai assisté ma mère à
chaque séance afin de devenir moi aussi la meilleure exciseuse de la région.
Tout était mis en place pour que moi Korotoum remplace dignement ma mère en
tant qu’exciseuse de Tchontékaha. Cependant personne n’avait prévu que le
magazine Amina tomberait entre mes mains tout comme personne ne savait non plus
qu’on y traitait ce mois là des conséquences fâcheuses de l’excision.
Au fur et
à mesure que je parcourais les lignes de ce mensuel, ma colère grandissait
car jamais mon initiatrice ne m’avait parlé des risques de l’excision. Je me
contentais de soulever la lame et de la rabaisser sur ce tout petit morceau de
chair et ma mission s’arrêtait une fois que l’ablation du clitoris avait été accomplie.
Certaines femmes plus âgées dans le
village s’occupaient de soigner les jeunes filles excisées pendant deux
semaines. Je n’avais plus aucune nouvelle de ces demoiselles, hormis celles qui
étaient habitantes de Tchontékaha. Ce jour là après avoir lu cet Article du
médecin Malimouna Kané, j’ai décidé de déposer ma lame. De mémoire d’homme,
aucune exciseuse n’avait osé le faire mais moi je n’étais pas n’importe quelle
exciseuse. Les exciseuses ne savent ni lire ni écrire alors que moi j’avais eu
cette chance qui faisait de moi une excisée singulière. J’étais Korotoum
l’exciseuse lettrée et je savais exactement où je mettais les pieds. Cette nuit
là était la veille d’une cérémonie qui devait rassembler toutes les jeunes
filles de la région en âge d’être excisées. Je devais jouer un rôle que je
n’avais pas choisi alors j’ai décidé qu’ils me trouveraient bien une doublure
pour l’occasion. Mon baluchon sur la tête, je déposai ma lame devant la case de
maman et pris le chemin de la ville.
J'ai aimé te lire :) j'espère que la suite sera tout aussi captivante ... amitiés :)
RépondreSupprimerB
Merci Bouba j'essaierai en tout cas :)
RépondreSupprimerla souiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiite :'(
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