lundi 25 novembre 2013

JE T'ATTENDAIS

Dessin par Saraï D'Hologne

Le regard perdu dans le néant, j’attendais ton retour. Au début, je regardais l’horloge du grand salon mais j’ai fini par croire que le temps s’était figé. Il était temps que tu rentres car de bonnes choses t’attendaient. Pendant ta longue absence j’avais eu le temps de faire une myriade choses. J’ai confectionné tes plats favoris et mis au frais ta cannette de coca light. Je savais que tu l’aimais bien glacée et j’avais hâte de t’admirer en train de manger tes pommes de terre frites devant la télévision. Apres la cuisine, je me suis assise dans le canapé et j’ai encore attendu. 30 minutes ? Une heure ? Peut-être une heure trente minutes, je ne m’en souviens plus exactement mais je sais que j’en ai eu marre de ne rien faire alors je me suis mise au ménage. A ton retour tu aurais pu voir ton reflet dans le carrelage tant je me suis appliquée à le faire briller. Tu aurais sans doute compris pourquoi je ne cessais de te répéter que tu étais beau, bien plus beau que moi. 
J’attendais avec impatience que tu passes le pas de la porte et que tu embellisses la maison de ton rire contagieux. J’aurais sans doute ri moi aussi mais seulement parce que je trouvais cela mignon quand tu bégayais animé par un enthousiasme trop grand pour ton petit corps. 

Lasse d’attendre à l’intérieur, je me suis assise sur le perron de la porte et j’ai regardé certains voisins passer avec leurs enfants. Ils riaient a gorge déployée pendant que moi je t’attendais. Ils riaient alors que moi j’étais à la fois anxieuse et excitée. J’étais aussi excitée qu’à chaque fois que je t’attendais. Excitée à l’idée de revoir ta petite frimousse, ton visage angélique et cet air innocent que tu transportais tout le temps avec toi. Pourtant j’étais aussi anxieuse parce que je craignais le pire; tout était trop beau, trop frais pour être vrai. Je n’avais connu que des orages et des éclairs et tu étais le premier mais oh combien éclatant rayon de soleil que je recevais dans ma vie.

En repensant à toutes ces années pendant lesquelles j’étais le sujet principal des commères du quartier, je ne me suis pas aperçue de la présence du vieil autobus jaune de ton école devant la maison. Ton ami Malick en descendit et je t’aperçus juste derrière lui. Tu avais l’uniforme taché d’encre de toutes les couleurs et tu portais fièrement ton sac à dos à l’effigie de Mickey; le sac que tu m’avais presque forcé à acheter. Tu descendis et couru te jeter dans mes bras. Comme chaque jour de la semaine tu crias « Maman » et mon cœur rata un battement. Oui j’étais heureuse car je n’étais plus cette femme que les autres pointaient du doigt. Je t’avais certes adopté mais tu étais mien, tu étais mon fils, j’étais ta mère et il n’y a que cela qui comptait.


20 Novembre 2013, Journée internationale des Droits de l’Enfant. J’ai une pensée spéciale pour tous ces enfants qui n’ont pas la chance d’avoir un toit, des bras chaleureux dans lesquels se blottir, des parents sur qui compter… Mais je pense également à ces femmes qui attendent impatiemment de pouvoir vivre ce qu’il y a de plus beau. Qui sait ? Il y a peut-être un enfant quelque part qui lui n’attend que vous…

vendredi 22 novembre 2013

JULIE ET JULES


J'ai écrit ce texte avec Mélissa et c'était amusant d'essayer quelque chose de nouveau, une histoire née de la spontanéité de chacune. 

Illustre par SARAI D'HOLOGNE

C'était un garçon à l'air misérable, aux cheveux trop longs et aux yeux trop grands, très marrons, toujours étonnés. Il avait un charme triste. Du haut de ses vingt ans, on pouvait remarquer que c’était un drogué déjà fatigué. On avait envie de lui chuchoter dans l'oreille quand il dormait qu'on était là, qu'on allait le faire vivre un peu plus longtemps; qu'il allait revoir le soleil et qu'il n'en croirait pas ses yeux. Mais vite, on se rappelait qu'il ne voulait plus de ça. Alors, on se ravisait tristement.

C’était une fille à l’air innocent, élancée, raffinée aux yeux rieurs, qui sentait et respirait la joie de vivre. Du haut de ses 18 ans on pouvait voir qu’elle n’avait connu que le miel et que des années de vaches grasses l’attendaient encore. Elle avait la beauté de ces princesses décrites dans les contes des frères Grimm que Maman me racontait au temps jadis. Son rire était contagieux mais moi j’étais majeur et vacciné contre le bonheur alors le virus de sa joie ne m’atteignait pas.

Jules était un gars particulier. Le genre de garçon que tu n'espérais jamais rencontrer. J'étais secrètement amoureuse de lui mais pas de son passé; de son futur, peut-être; s'il acceptait de l'envisager, moins ténébreux.

Julie était une fille particulière. Le genre de fille dont je n’oserais rêver même après une overdose de ma drogue préférée. J’étais secrètement amoureux d’elle mais je savais que je n’en avais pas le droit. Je l’aimais pour sa beauté, pour sa pureté, pour ses mimiques, pour son parfum; mais je savais qu’elle ne méritait pas qu’un déchet ambulant s’intéresse à elle.

J'étais persuadée qu'il méritait mieux qu'une mort précoce due à un bad trip. Je voulais être avec lui, l'aider à aller de l'avant et espérer qu'un jour, il tombe amoureux de moi.

Lorsqu’elle m’a parlé pour la première fois, je me suis retourné croyant qu’elle s’adressait à une quelconque personne derrière moi. Et pourtant, elle me parlait à moi, aussi invraisemblable que cela pouvait paraître. Elle me parlait de mon futur, de ce que je pourrais être si jamais je voulais me donner la chance de changer. Je me demandais ce qu’elle avait à se prendre pour une pêcheuse d’âmes perdues. Elle savait surement que j’avais ces maudits sentiments à son égard alors cela l’amusait bien d’enfoncer la flèche de Cupidon dans ce qui me restait de pompe de sang.

Jules était tout ce que j'aimais. Mystérieux, ténébreux, charmant, intelligent. Non, en fait Jules était tout. Tout ce qu'on espère d'un homme.

Julie n’était pas mon idéal féminin, elle était l’idéal féminin. Aucun homme sur terre ne pourrait résister à son charme car elle alliait parfaitement la beauté et la douceur à l’intelligence et la pudeur.

J'aurais bien voulu le présenter à maman. Mais elle s'imaginerait tout un tas de trucs notamment que je sortais avec un drogué. Maman était championne des conclusions hâtives. Cette hypothèse était donc annulée. Jules m'a dit qu'il a arrêté les études après la licence. Il étudiait la physique aérodynamique. Il a arrêté juste comme ça. Je ne comprenais pas pourquoi il se donnait autant de mal pour gâcher sa vie.

C’était cela aussi son défaut, elle aimait fouiner partout. Aucune question ne devait rester sans réponse avec elle tandis que moi j’avais un univers entier d’équations sans solution. Elle pensait que je n’avais pas de rêves, que je m’évertuais à me détruire par pur masochisme alors que la vérité était toute autre bien plus noire que ce qu’elle paraissait.

Je ne pensais plus arriver à le comprendre un jour. On n’avait vraiment pas la même façon de voir le monde. J'étais trop dans les normes et lui, il détestait les normes. Je ne sais pas pourquoi je l'aimais finalement; encore moins pourquoi je m'efforçais à vouloir à tout prix le mettre sur le droit chemin: il détestait le droit chemin

Elle semblait avoir enfin compris que j’étais irréparable. Je la voyais s’éloigner et avec elle les fragments restants de mon cœur. J’avais envie qu’elle reste, qu’elle m’aide à changer mais en y repensant je n’avais pas tellement envie du changement. Pourquoi aurais-je voulu ressembler aux autres quand je pouvais être moi ?

J'avais décidé de le laisser seul avec ses théories farfelues. Il pouvait mourir, ce n'était plus mon problème. De toutes les façons, les sourds ne peuvent pas entendre. Encore moins quand leur surdité est confortable.

Tout était dit, elle en avait marre. J’ai essayé de crier pour la retenir mais à quoi bon quand je savais que jamais nous ne nous accorderions ? Nous étions comme l’eau et le feu, l’ange et le démon, destinés à nous regarder mais seulement de loin de crainte que l’un ne corrode l’autre. Je l’aimais mais s’il fallait pour cela devenir normal, alors je préférais la regarder s’en aller.

En fait, j'avais compris qu'il ne m'aimait pas. C'est comme ça dans la vie: on aime toujours ceux qui se passeraient aisément de nous. Je ne devais plus l'aimer. Et puis, c'est tout.







mardi 19 novembre 2013

THE TEACHER SAYS IT'S UNREALISTIC


C’est l’histoire d’un petit garçon dans les années 60 à qui la maitresse avait donné un exercice à rendre sur ce qu’il voudrait avoir ou être dans le futur. « I want to be on TV » telle était la seule phrase que Steve rendit à la maitresse. L’enseignante informa la mère de Steve qui à son tour après avoir grondé son fils rendit compte à son époux. Le père demanda à son épouse à quel niveau se trouvait le problème. « The teacher says it’s unrealistic» répondit-elle. « How the hell does she know that? » renchérit monsieur Harvey.

Désolé pour ces parties en anglais, j’aimais juste le dialogue dans sa version originale. Pour revenir au sujet d’aujourd’hui, c’est l’histoire d’un personnage fascinant, auteur, acteur, animateur de radio, producteur exécutif…Steve Harvey a plus d’une corde à son arc. L’auteur de Act Like a Lady, Think Like a Man était présent dans les locaux de notre université pour nous raconter son histoire d’amour avec le succès. Il a énuméré certains points qui je pense pourrait aider toute personne ayant des rêves.

1)      God gave me what I have.

Un homme qui possède la gloire, la richesse, la renommée, des choses pour lesquelles certaines personnes seraient prêtes à tuer de nos jours mais qui plutôt que de s’enorgueillir reconnait le rôle de Dieu dans sa vie. Dieu est celui qui l’a gratifié de son don de « beau parleur », de son humour, de son talent d’acteur, de tout ce qui fait de lui ce qu’il est. Bien qu’arrivé au sommet, il continue de lui rendre gloire car il se sait créature du créateur.

2)      Successful people know the secret of how to condition your mind…How do you handle when you fail? If you want to accomplish something, prepare yourself, get into your mind that it’s gonna be difficult

A l’école nous apprenons à « lire et à écrire », nous sommes en quête de diplômes. Toutefois l’école ne nous enseigne en aucun cas comment faire face à la vie réelle. Nous n’y apprenons que des théories alors que la route du succès nécessite la pratique, beaucoup de pratique. Le chemin qui mène au succès, à la réalisation de nos rêves est parsemé d’embuches et il va falloir à un moment ou à un autre que nous trébuchions. Toutefois la chute ne fait pas de nous des perdants bien au contraire, il s’agit d’un test pour savoir si nous avons l’âme de gagnants. Les vainqueurs ne baissent pas les bras et malheureusement l’école ne nous apprendra pas à nous relever. Il faut que nous fassions un travail personnel afin de conditionner nos esprits.

3)      If you quit you will never see the end.

Dans le 2e point, il s’agissait de préparer son esprit à des moments sombres, des périodes de doute car pour vaincre il faut d’abord lutter. Combien de fois certaines personnes ont-elles abandonné en cours de route ? On pleure pour de mauvaises notes en classe, on pleure parce que l’on pense s’éloigner de nos objectifs. Il est bon de pleurer si cela peut nous aider à nous libérer. Pleurons si le cœur nous en dit, mais n’abandonnons pas, car le meilleur moyen de s’avouer vaincu est d’abandonner ses ambitions.

4)      Your dream is the most important...Dream big

Comme je l’avais dit au début l’enseignante comme si elle possédait une baguette magique lui permettant de décider de l’avenir avait déclaré irréaliste le rêve de Steve. Tout comme Steve, nous rencontrerons dans notre vie des personnes, des évènements qui nous laisseront penser que nos rêves sont hors d’atteintes mais Steve Harvey à travers son experience nous dit que le plus important n’est pas ce que disent les autres. Le plus important est ce dont nous rêvons et nous avons pleinement le droit de rêver de manière grandiose.


5)      It isn’t what you are, it’s what you think…Change your transmitting frequency

L’auteur prend un exemple banal pour nous parler du pouvoir de nos pensées. Une femme qui se met en tête que tous les hommes sont mauvais ne rencontrera sur son chemin que de mauvaises graines. Je dirai même qu’elle pourrait en rencontrer de bonnes mais n’aura pas assez de discernement pour les reconnaitre. Lorsque nous voulons quelque chose, conditionnons nos pensées afin d’obtenir l’objet de nos désirs. Penser négativement ne nous apportera rien de positif. Nous ne sommes pas nés pour souffrir, notre créateur a en sa possession le menu de notre vie et c’est à nous de lui demander ce que nous voulons afin de voir les choses changer, afin d’obtenir les meilleurs plats.

6)      The Key to success is faith

Steve termine son speech en nous invitant à croire, à nourrir notre foi. La clé du succès repose sur cette foi que chacun de nous place en son créateur, peu importe qui il considère comme étant l’être suprême. Il partage enfin avec nous cette phrase qu’il a retenu de sa mère:

« Don’t forget to pray, don’t be ashamed to pray, don’t be too proud to pray because prayers change things. »















lundi 18 novembre 2013

ALERTE AUX "ECRIVEURS" !!!



Ça ne va plus du tout alors là PLUS DU TOUT. Je ne suis pas la seule à m’en plaindre mais moi j’ai envie de crier un tout petit peu d'écrire mon ras le bol. Les concernés se reconnaitront  et vont sans doute critiquer mon point de vue mais c’est ma manière de voir et l'on n’y peut rien; dans tous les cas ce qui est écrit est écrit. La majeur partie des personnes présentes sur les réseaux sociaux et Facebook en particulier a déjà mis les pieds à l’école et j’ose croire, a déjà suivi au moins un cours de français. Pourquoi diantre certaines personnes nous abiment-elles donc les yeux avec des « xuxu » ou des phrases dont on peine à découvrir le sens ?

« Asso xest vre h1 dem1 la parti non vers et pui les ga meme ca oui. » « penx a ns ox6 o » «  kwkw fam mm dja u è ariv a bas u oubli. » « xest kmenx ndk dep8 laa » «lamou xes tro cmplik. U m fe soufri dep8 la mes 1 jr u va reget tt c k u me fe»

Nous ne sommes pas dans une salle de classe c’est un fait. Facebook n’est pas fait pour reprendre les cours de français et encore moins pour se voir corriger à la moindre erreur grammaticale par des pseudos professeurs je suis d’accord. Mais prenez vos amis en pitié quand vous écrivez. De nos jours les utilisateurs de Facebook utilisent soit un ordinateur, soit un Smartphone pour se connecter. Les inventeurs de ces différents outils ont pris tout leur temps pour mettre à notre disposition  TOUTES les lettres de l’alphabet et nous avons en plus des correcteurs à notre service. Ce n’est pas obligé d’écrire un statut sur Facebook, on se passerait bien également de vos grandes phrases à chacune de vos publications de photos. Non seulement certains vont évoquer un éternel "goumin" mais en plus en lisant leur orthographe tu as envie de commenter, pas etonnant qu’on t’est largué yako mais il faut revoir tes cours de français après avoir appelé Carglass pour réparer ce cœur brisé.  

Quand vous correspondez par message que ce soit sur internet ou ailleurs, prenez la peine d’écrire 
convenablement. Je comprends que certains soient pressés parce que le temps c’est de l’argent, toutefois votre interlocuteur perdra encore plus de temps à essayer de comprendre vos messages codés que vous n’en prendriez à écrire chaque mot correctement.

Je suis "kpakpato" je le sais mais je viens de lire un statut qui m’a tellement traumatisée qu’il fallait que j’en parle. Nous ne sommes certes pas des « Molière » mais il y a un minimum à respecter. Je reconnais et j’avoue avec beaucoup de honte que j’ai moi aussi eu ma periode « xuxu » et il m’arrive également de faire des fautes d’orthographe en l’occurrence sur Twitter, mais à un certain moment il faut évoluer et aussi anodin que cela puisse paraitre chez certaines personnes, cette évolution, l’acquisition de maturité, inclut notre manière de nous exprimer à l’écrit sur les réseaux sociaux et ailleurs. Non seulement ces textes outrageusement abrégés (si on peut appeler cela de l’abréviation) sont difficiles à comprendre, mais en plus cela laisse entrevoir une image peu glorieuse de son auteur.

Pour ma part si tu m’envoies « XLT KMEN TU VAS YA LGTEMPS HEIN »,  je te répondrai avec beaucoup de retenue d’écrire plus correctement. Toutefois sans vouloir paraitre prétentieuse, il y a de fortes chances que la conversation prenne fin plus tôt que prévu si je ne comprends rien à ce que tu racontes. Pitié pour mes yeux je porte déjà des lunettes...

Bisous les copains !


*Goumin: chagrin d'amour à l'ivoirienne
*Kpakpato: Qui se mele de ce qui ne le/la regarde pas
*Yako: expression baoule devenue populaire en Cote d'Ivoire pour exprimer son soutien dans une situation difficile.




jeudi 24 octobre 2013

UNE FEMME D'EXCEPTION


Rosa Parks et Martin Luther King, 1955

J’ai un rêve, celui de devenir une femme d’exception. Une bonne épouse oui, une mère de famille modèle bien entendu mais aussi une femme avec des valeurs à défendre et dont l’histoire se souviendra comme une combattante. J’aimerais être comme cette couturière qui, huit ans après son départ demeure un modèle de bravoure dans beaucoup d’esprits.

Rosa Louise McCauley Parks naquit le 04 février 1913 à Tuskegee une ville de l’Alabama. A 42 ans, couturière et par moment aide-soignante, elle faisait partie des Noirs qui refusaient de se considérer inferieurs aux hommes Blancs. Elle était engagée dans la lutte des droits civiques notamment en étant membre de l’ « American Civil Right Movement » et secrétaire de section de la NAACP (National Association for the Avancement of Colored People).

Bien que son dévouement pour l’abolition de la ségrégation n’était pas secret de polichinelle, Rosa n’avait en aucun cas prévu ce qui arriva ce 1er decembre 1955. Alors qu’elle rentrait chez elle après une journée de travail, elle se vit demander par le chauffeur de bus de céder sa place à un homme blanc. Quand j’y repense, on a l’impression que la galanterie était conçue autrement à cette époque  et que ce n’était pas aux hommes de céder leurs sièges aux femmes mais plutôt aux Noirs de le faire au profit des Blancs. Cependant ce jour la Rosa était fatiguée. Non pas extenuée par son travail ou par toute autre chose mais fatiguée de céder. Fatiguée de subir la loi de l’homme Blanc, fatiguée d’être traitée comme un sous homme, fatiguée de se lever dans un bus au profit d’un homme de race soit disant supérieure. Face à son refus d’obtempérer, Rosa se vit mise aux arrêts et condamnée à payer une amende de 15 dollars. Elle fit appel au jugement et fut soutenue par Ralph Albermathy et Martin Luther King alors inconnu à l’époque. Tous deux  lancèrent une campagne de protestation et de boycott contre la compagnie de bus qui dura 381 jours. Le 13 novembre 1956 la Cour Suprême déclara anticonstitutionnelles, les lois ségrégationnistes dans les bus.

Pour l’autre petite histoire en 1943 le chauffeur de bus James Blake avait auparavant forcé Rosa à rentrer chez elle à pied et sous la pluie après un incident survenu dans le bus. Le destin aura voulu que ce soit ce même chauffeur de bus qui rencontra Rosa Parks ce 1er décembre et subit « l’affront » de son refus. Ce n’était pas la première fois qu’une personne de couleur refuse de siéger sa place à une personne blanche mais ce fut la première fois que cela créa une aussi grande révolte sans doute parce que Rosa était déjà un modèle de vie dans la société.

Aujourd’hui la ségrégation n’existe plus ou plutôt de manière officielle, on considère que le racisme ne fait plus partie de la vie des habitants des Etats Unis. Qui oserait dire le contraire lorsque le président actuel de la république est lui-même un homme de couleur ? Il n’en était pas de même lorsque l’on remonte le temps et beaucoup de sacrifices ont dû être consentis pour qu’aujourd’hui les Afro-américains en arrivent là où ils sont. On n’oublie pas ces grands hommes qui ont lutté pour la cause des Noirs et on oublie encore moins cette femme d’exception qui s’en est allée le 24 Octobre 2005 en nous laissant un merveilleux cadeau. Celui de s’asseoir dans le bus à la place que nous désirons; un petit geste pour Rosa Parks une grande avancée dans la lutte des droits civiques.

J’ai voulu rendre un bref hommage à cette femme de qualité mais vous pouvez en apprendre plus sur sa vie grâce à ces sites.



dimanche 20 octobre 2013

DES MOTS SANS MAUX



Après une année passée à son service j’avais finis par être habituée à ce que tantie Myriam me martyrise. Pas une journée ne s’écoulait sans qu’elle ne m’abreuve d’injures.

« Anita toi fille de pauvre là qui a volé mon jus d’orange ? »

J’ai découvert grâce à ma patronne qu’être un enfant de pauvre était une faute grave. Comment aurais-je pu voler un jus que j’avais moi-même extrait ? Tantie oubliait qu’il m’aurait suffi de boire le jus bien avant de le lui présenter si j’avais voulu commettre un larcin. Parfois je me demandais si elle avait vraiment été a l’école tant elle faisait preuve de stupidité.
Tenez par exemple la dernière fois elle a trouvé dans la chambre conjugale, un slip qui ne lui appartenait pas. Elle m’accusa d’en être la propriétaire alors que le slip en question faisait deux fois ma taille. Comment pouvait-elle m’ériger en bouc émissaire face à l’infidélité flagrante de son époux ? Je ne mettais jamais les pieds dans leur chambre en l’absence de l’un comme de l’autre et d’ailleurs cette chambre était toujours verrouillée à double tour lorsque les deux patrons n’étaient pas présents.

« Anita est ce que tu as servi à manger à mon fils ? Je ne veux pas qu’il devienne aussi maigre que toi hein vilaine et pauvre fille. »

J’avais souvent envie de rire face aux insultes de la maitresse de maison bien qu’elles m’atteignaient parfois. 
J’avais envie de rire parce que non seulement j’étais plus belle qu’elle mais qu’en plus sa forme de guêpe ne pouvait en aucun cas rivaliser avec la mienne d’awoulaba. Par ailleurs, son fils Tommy âgé de seulement 10 ans, était aussi gros que la célèbre Big Mama et n’aurait pu même après une semaine de jeûne avoir la même forme que moi.

Chaque fois qu’elle m’injuriait je baissais la tête, refrénais un fou rire ou une larme selon la gravité de l’injure et je me retirais dans la cuisine. En effet, si je supportais le fait qu’elle m’insulte directement j’avais du mal à accepter le fait qu’elle s’attaque à ma famille. Hier par exemple elle a soutenu que ma mère était tellement irresponsable qu’elle laissait une petite fille de 15 ans travailler comme servante chez des gens qu’elle ne connaissait pas.

Non seulement j’avais envie de lui dire qu’elle était aussi irresponsable d’embaucher une mineure comme domestique mais j’avais surtout mal qu’elle salisse le nom de ma défunte mère. Je travaillais pour subvenir aux besoins d’un père aveugle et de mes deux petits frères. Je n’avais pas besoin de sa pitié mais de son respect et étant donné qu’elle n’était pas prête à me le donner je continuais de subir ses accès de colère sans broncher. Cependant hier, après qu’elle m’ait copieusement insultée, traiter mes parents de tous les noms, elle sortit faire des courses pour noël avec son fils. C’est alors que monsieur son époux s’est approché de moi. Langoureusement il m’a dit à l’oreille «  Anita tu es belle».


Il n’en fallut pas plus pour que je succombe. Il m’a tenu la main et a continué à me dire des mots doux que je préfère garder jalousement. Il m’entraina dans sa chambre et je lui offris mon corps non pour de l’argent ou pour sa beauté et encore moins par esprit de vengeance. Qualifiez-moi de fille aux mœurs légères si vous le voulez mais à cet homme je succombai parce que cela faisait une éternité que j’avais entendu des mots sans maux. 

lundi 14 octobre 2013

UNE FETE, UN SACRIFICE


Aujourd’hui 15 octobre 2013 les musulmans du monde entier célèbrent l’Aid El Kebir (encore appelé Aid al-kabir, Aid kebir ou Aid al-Adha) qui signifie « la grande fête ». Chez nous en Afrique plus précisément en Côte d’Ivoire, la fête la plus importante de l’islam est appelée la Tabaski et certains la surnomment la fête du mouton parce que les familles ayant les moyens sacrifient un mouton qui sera partagé entre les membres de la famille, les voisins et les besogneux.
La Tabaski commémore la soumission d’Ibrahim (Abraham) (paix et benediction d'Allah soit sur lui) à Dieu lorsque celui-ci lui ordonna de sacrifier son fils unique. Pour ceux qui ignorent l’histoire, Abraham conçut son premier fils à un âge très avancé avec Agar la servante de son épouse Sarah. Ismaël comme il fut nommé fut demandé en sacrifice par Allah afin d’éprouver la fidélité de son serviteur Abraham. Abraham mettant de côté son amour pour son fils décida de se soumettre à l’ordre du très haut mais fut arrêté par celui-ci avant qu’il ne commette le sacrifice. En échangé il sacrifia un bélier qui se trouvait non loin de l’endroit du sacrifice.
Ibrahim est considéré par les musulmans comme le modèle du croyant mais aussi comme le premier musulman et messager de Dieu. Les musulmans célèbrent cette fête car le message du prophète Muhammad (pbs) retourne aux traditions d’Ibrahim.

Selon la Bible, Isaac le premier fils de Sarah fut celui demandé en sacrifice plutôt qu’Ismaël mais cela relève d’un autre débat. Retenons tout simplement que la fête de la Tabaski symbolise le sacrifice qu’un grand homme était prêt à faire au nom de son amour pour Allah et pendant que nous mangerons notre viande de mouton demandons-nous combien de fois nous rechignons à poser certains actes nécessitant des efforts et des concessions moindres pour prouver le nôtre.

Bonne fête de la Tabaski a tous les musulmans du monde entier ! 


*Pbs: paix et benediction d'Allah sur lui

mercredi 9 octobre 2013

MATINEE AVEC LE DALAI LAMA



J'ai passé une superbe journée hier et je tenais à la partager avec vous. Tout d’abord j’ai honte de le dire mais jusqu’à très récemment j’ignorais qui était le Dalai Lama; fort heureusement toutefois je suis aujourd’hui moins ignorante grâce à sa visite à Emory University.

A la question de savoir s’il connaissait le Dalai Lama, l’un de mes amis me répondit : « Bien sur tout le monde le connait ». Sur le coup j’ai senti mon taux d’ignorance augmenter et pourtant je n’étais pas la seule à ne pas connaitre le plus grand personnage religieux et politique du Tibet. Pour ceux qui ne le savent pas, le Dalai Lama Tenzi Gyasto est l’une des personnes les plus connues au monde pour son engagement au service de la paix et de l’éthique universelle. Il est le leader spirituel du Tibet et le prix Nobel de la paix de 1989. Il se décrit lui-même comme un simple moine bouddhiste (Extrait d’une brochure distribuée à l’occasion).

Mardi 08 Octobre 2013, le XIV Dalai Lama est invité à entretenir des milliers de personnes sur les valeurs humaines fondamentales et sa vision de l’éthique laïque de l’éducation. Un email avait été envoyé afin que les étudiants de mon université désireux de participer à l’évènement puissent s’inscrire sur la liste ouverte à cet effet. N’eut été l’insistance de deux de mes amis, j’aurais raté cette belle opportunité, car oui la rencontre fut riche. Certains points ont particulièrement retenu mon attention.




1-      Change must start from individuals.

Selon le Dalai Lama ou sa sainteté le Dalai Lama comme on le nommait à chaque fois, l’humanité est formée de plusieurs individus à part entière aussi,  si l’on veut voir les choses changer, évoluer, on devrait commencer soi-même par modifier son comportement.

2-      “It is not sufficient to complain when heard Syria’s problems, Iraq problems or Africa’s problems (…) I believe actions are more important than faith, than prayer”

En entendant cette partie j’ai directement pensé à un article découvert grâce à Facebook et qui dénonçait les viols perpétrés en RDC sous le couvert de la guerre. C’est bien beau de s’indigner, d’insulter tous les responsables des guerres et autres actes répréhensibles mais que faisons-nous ? On prie cela est vrai, on a foi en Dieu mais peut être qu’au-delà de la prière et de la foi on pourrait chercher à agir, poser des actes directs en vue de stopper sinon de freiner ce vent de destruction autour de nous et ailleurs.

3-      I think this century can be compassionate.

La compassion était le mot qui revenait le plus souvent au cours de cette conférence. Le Dalai Lama nous invite à avoir de la compassion pas seulement pour la misère et la souffrance que l’on voit de nos propres yeux mais aussi pour celle endurée au-delà de nos frontières.

4-      A hero is someone which under difficult circumstances will not develop anger, hatred.

Prenant l’exemple d’un jeune homme qui à l’âge de 10 ans s’est retrouvé aveugle par la faute d’un militaire Britannique, le Dalai Lama nous parle d’amour, de pardon, de l’exclusion de la haine et de la colère. Ce jeune homme devenu un père de famille a appris à vivre sans en vouloir à ce militaire, allant même jusqu’à devenir plus tard son ami. Un bel exemple qui devrait à tous nous servir de modèle.

5-      The real faith is the practice of love.

Le judaïsme, le christianisme et l’islam, ces religions bien que divergeant sur certains points, cultivent toutes l’amour du prochain. La religion en elle-même est la pratique de l’amour car cela ne sert à rien de se proclamer croyant lorsque l’on vit avec la haine et la jalousie.

Je pourrais ecrire encore longtemps sur ce que cette journée m’a apporté mais je vais m’en tenir à ces quelques aspects tout en faisant remarquer que personne ne fait l’unanimité. En allant et revenant du Gwinnett Center, lieu de la conférence on pouvait apercevoir un groupe de personnes offrant des brochures et un livre visant à révéler la « vraie face du Dalai Lama », il aurait un discours pacifique quand il agirait comme Hitler.


Chacun son opinion mais de cet homme aujourd’hui j’ai retenu un artisan de la paix ayant par ailleurs le sens de l'humour.




mardi 1 octobre 2013

ANITA


Dessiné par Saraï D'Hologne
 Anita ne comprenait pas ce qui lui arrivait ses derniers temps et ne savait plus à quel saint se vouer. Les seuls confidents qu’elle avait étaient sa mère et Jessy sa meilleure amie, mais elle ne se sentait pas capable de leur expliquer ce qui la tracassait depuis un moment. Qui pourrait comprendre ses angoisses lorsque ce qu’elle ressentait était sujet aux critiques de la société ? Elle avait pourtant essayé de refouler ses sentiments mais rien n’y fit car elle demeurait éperdument amoureuse de Charles. Charles cet Apollon aussi sexy que dangereux tel Daemon Salvatore avait su trouver le chemin qui menait à son cœur pourtant fermé à toute tentative masculine avant lui. Depuis plus de 5 ans que son ex fiancé lui avait brisé le cœur, aucun homme jusque là n’avait réussit à la faire tomber sous son charme mais Charles avait quelque chose de mystérieux et ce petit côté énigmatique qu’on n’arrivait pas à capturer la fascinait.

*****

Le jour de l’anniversaire d’Anita était enfin arrivé mais loin d’être ravie elle craignait de se retrouver encore une fois face aux yeux perçants de Charles. Ah ses yeux ! Lorsqu’ils vous fixaient vous aviez l’impression qu’ils pourraient découvrir vos secrets les plus enfouis, du premier coup d’œil sur la copie d’un voisin jusqu’à la tâche de naissance au bas du dos que personne ne pouvait voir. Peut être avait-il compris qu’il envoûtait les gens du regard car en général il vous fixait toujours droit dans les yeux lorsqu’il voulait obtenir quelque chose de vous.

-          Allo ! bonjour ma chérie et joyeux anniversaire.

-          Bonjour Jessy merci beaucoup.

-          J’espère que je suis la première à t’appeler.

-          Regarde ta montre, il est 00h01 qui d’autre aurait pu m’appeler avant cette heure ?

-          Ah oui oui c’est vrai bon je te laisse te rendormir ma puce, on se retrouve dans quelques heures pour les courses de la fête.

Anita avait eu du mal à se rendormir après l’appel de son amie, et entreprit de lire un roman de la collection Adoras « La Sirène Africaine ». Plus elle parcourait ce roman, et plus sa peine croissait. On aurait dit que l’auteur avait été inspiré par son histoire tant les similitudes étaient nombreuses entre l’histoire de l’héroïne et la sienne. Elle ne jouait cependant pas le rôle de la gentille mais plutôt celle à qui l'on attribue les adjectifs les plus péjoratifs. Pendant trois heures de temps elle dévora littéralement l’œuvre avant de se rendormir le cœur plein de tristesse.

*****

Les emplettes terminées, Anita et Jessy se rendirent dans un salon de coiffure pour l’occasion. Les salons de coiffures sont considérés comme le bistrot des femmes. Deux inconnues y partagent leurs joies, peines, succès et échecs sans même savoir si leur interlocutrice est journaliste pour un magazine de potins. On s’y livre sans tabous ou presque et encore plus facilement que chez un prêtre. Comme à l’accoutumée les deux amies s’installèrent sur des sièges voisins et écoutèrent la discussion du jour avant d’y ajouter leur grain de sel. Ariane l’une des apprenties du salon racontait le « taper dos » que venait de lui faire l’une de ses amies.

-          Hum femme ? Femme ? Femme est mauvaise deh ! s’écria Jessy à la fin de l’histoire.

-          Ma sœur faut dire ça fort encore, renchérit Ariane.

-          Elle riait avec toi hein, te consolait quand tu avais des problèmes avec ton gars, djaaa elle le guettait mal  mal.

-         C’est ça oh, aujourd’hui elle et lui ne peuvent plus me regarder dans les yeux tellement qu’ils ont honte; mais moi je laisse pour moi à Dieu, un jour ils le paieront très cher.

La conversation était intéressante pour tout le monde sauf Anita car le sentiment de culpabilité qu’elle avait depuis peu venait de grimper. Elle aussi pourrait faire un « taper dos » à sa meilleure amie alors qu’elle ne l’a jamais souhaité. Si elle avait rencontré Charles avant Jessy elle serait sûrement en couple avec lui mais le destin en a voulu autrement. Ces filles sont en train de critiquer une jeune fille qui n’a pas demandé à tomber amoureuse, mais qui est juste victime du satané Cupidon et de ses flèches empoisonnées. C’est vrai que le bon sens exige qu’on ne tombe pas amoureuse de l’homme de sa meilleure amie mais pourquoi est ce que ce bon sens ne le rend pas laid à nos yeux ? Pourquoi est ce que le bon sens n’agit que sur notre conscience au lieu de tuer nos sentiments dès la racine? Anita n’a jamais été une mauvaise fille, elle n’avait jamais envisagé ne serait-ce qu’une seule fois de sortir avec le fiancé de Jessy mais la réalité était qu’elle ne pouvait s’empêcher de l’aimer.

-          Annie qu’est ce qu’il y a ? D’habitude tu es la première à insulter les voleuses de gars mais aujourd’hui tu n’as pas émis le moindre son depuis notre arrivée.

-          De récents évènements m’ont permis de comprendre qu’il ne faut pas juger les gens sans savoir ce qu’ils ressentent.

-          De quoi parles-tu ? Quelque soit les sentiments d’une personne elle n’a en aucun cas le droit de sortir avec l’ex de son amie a plus forte raison son copain du moment. J’appelle cela de la sorcellerie.

-          Que dirais-tu si la personne luttait contre ses sentiments, souffrait en silence sans jamais déclarer sa flamme à l’être aimé mais qu’elle continuait à rire avec son amie?

-          C’est aussi de la sorcellerie, elle ne devrait même pas poser son regard sur l’homme de son amie, elle devrait l’éviter comme la peste. Les sentiments n’ont pas lieu d’être dès l’instant où il est engagé avec sa meilleure amie.

    
Dessiné par Saraï D'Hologne
-          Jessy suis-je donc une sorcière parce que j’aime ton fiancé depuis plus de six mois? Suis-je mauvaise parce que je te conseille à chaque fois de lui pardonner ses erreurs alors qu’intérieurement j’aimerais que tu le laisses tomber ? Dis moi donc ma chère amie si j’ai fais exprès de tomber amoureuse de l’homme de ma meilleure amie. 

MÉLANCOLIQUE ANONYME


Cher Gnanm,

Bonsoir j’ai 21 ans et je suis mélancolique. Je sais que tu connais déjà toute l’histoire mais j’aimerais bien revenir sur certains souvenirs que j’ai ressassés alors que j’étais censé suivre mon cours de droit.

A 16 ans, j’ai souffert d’une maladie assez grave qui m’a fait sombrer dans le coma une semaine durant. D’après ce que j’ai appris à mon réveil, maman à dû prendre des congés pour rester à mes côtés tout le temps. Nous avons toujours été très proches car je suis le dernier de ses trois enfants aussi, je pense qu’elle souffrait beaucoup de me voir dans cet état. Lorsque je suis revenu à moi elle m’a aidé à récupérer, s’assurant que je prenais tout le temps mes médicaments. Un mois plus tard grâce au suivi et aux attentions de maman je reprenais ma vie normale d’ado.

Septembre 2008 alors que je suis en voyage avec mes frères, papa nous demande de rentrer d’urgence parce que maman est hospitalisée. Nous sommes rentrés sur le champ et le lendemain nous sommes allés la visiter à la polyclinique des 2 plateaux. De toute ma vie, je n’ai jamais autant prié qu’en cette période. 
Depuis plus de dix ans que maman était diabétique, c’était la première fois que son cas était alarmant; je ne savais plus à quel saint me vouer.

Papa ne me laissait pas la voir dans son état craignant que je n’arrive pas à le supporter. J’avais pourtant tellement envie de la voir, de lui dire que je l’aime. Je n’avais jamais autant eu peur, je repensais à la dernière fois que je l’ai vu en bonne santé, la dernière fois qu’on s’est parlé et je maudissais cette dispute qu’on avait eue. J’aurais dû baisser le ton ce jour là, j’aurais dû lui dire que j’étais désolé avant d’effectuer ce voyage, j’aurais dû, j’aurais dû, malheureusement je n’ai pas pu. Elle a passé un mois dans le coma, un mois pendant lequel je me disais qu’elle avait pris ma place sur ce lit d’hôpital, un mois pendant lequel je demandais à Dieu de me laisser la chance de profiter à nouveau de ma maman.

Samedi 04 Octobre 2008, je suis rentré du parc pour découvrir une atmosphère lourde à la maison. Ma grande sœur s’enfermait dans la chambre, mon frère aux Etats Unis appelait mais refusait de me parler, ma cousine était venue passer la nuit avec ma sœur, bref je sentais que quelque chose clochait. Le dimanche alors qu’on se rendait à l’Eglise en famille comme d’habitude, papa me parla sur un ton qui se voulait serein.

- Aimar, tu es grand maintenant, je sais que c’est difficile mais tu dois faire avec…
Je devais faire avec ? J’étais confus, je refusais de croire qu’il parlait de ma maman, il ne pouvait pas s’agir de l’être que j’aimais le plus au monde, elle ne pouvait pas être partie.

- Qu’est ce qui se passe ?

Ma sœur éclata en sanglots à l’arrière de la voiture, papa m’a dit cette phrase qui résonne encore dans ma tête chaque fois que je pense à elle « Maman nous a quitté »

C’était donc vrai, elle était partie là d’où personne ne revient, ce lieu dont tout le monde parle mais dont on envoie jamais de carte postale. Sur le coup on ne réalise pas ce qui se passe, je n’admettais pas que je ne la reverrais plus jamais, que mon dernier souvenir avec elle serait une stupide dispute. Il m’a fallut 5 min, le temps de passer en revue toutes les images d’elle que j’avais, et l’adage un garçon ne pleure pas a été démenti. Le plus courageux du monde n’aurait pu refouler ses larmes qui coulaient le long de mes joues, je venais de perdre un trésor inestimable.

Avec du recul, on comprend que la présence d’une mère est la chose la plus importante qui soit, et son absence crée un fossé quasiment impossible à combler. La douleur d’un orphelin est toujours grande, mais de savoir que nous nous sommes disputés la dernière fois que je l’ai vue en vie, amplifie la mienne de douleur. Avec des si on refait le monde, malgré des si ma maman ne serait surement toujours plus là, pourtant avec des si j’aurais pu lui dire que je ne pensais pas ce que j’ai dis ce jour là. La mort est certes un passage obligé pour tout le monde mais lorsque celle qui nous a donné la vie la perd sans qu’on ait le temps de lui dire qu’on l’aime on se demande à quoi cela sert de vivre.

Cinq années sont passées, j’ai eu le temps de comprendre que maman ne reviendrait plus mais de tout là haut j’espère qu’elle sait combien je regrette et que je l’aime. Bon Dieu, par cette missive que tu as surement déjà lu avant que je ne la conçoive, je te demande de prendre soin de ma maman chérie là où elle se trouve et de la protéger comme j’aurais tant voulu le faire.

Aimar un mélancolique anonyme sur une page blanche en ce 28 février 2013.

Dessiné par Saraï d'Hologne

























*Gnanm : Dieu en Adjoukrou

CAUSERIES AUTOUR D'UN BABY-FOOT



La semaine avait été plutôt harassante mais un tour à la salle de sport et les deux amies Josiane et Audrey se sentaient mieux. Cela faisait un bon bout de temps qu’elles avaient abandonné les exercices et reprendre leurs séances hebdomadaires de sport leur faisait beaucoup de bien.

-          Et si on allait faire une partie de babyfoot ? Il y a bien longtemps que je t’ai foutu une raclée à ce jeu.

-          Hum Audrey, est ce que tu es capable de maintenir ton gardien dans les buts avant d’espérer gagner ne serait-ce qu’un match contre moi ?

-          C’est ce qu’on verra tout à l’heure très chère.

Serviettes au cou elles se dirigèrent vers la salle de jeu qu’abritait le centre de sport du quartier de Josiane. L’employé de ladite salle était content de retrouver ces deux femmes car leurs bavardages sur leurs vies intimes lui permettaient d’oublier la monotonie de son travail. En effet chaque fois que Josiane et son amie se retrouvaient autour de ce jeu elles oubliaient qu’il y avait du monde autour et se livraient à de véritables confessions un tantinet bruyantes sur leurs vies privées respectives.

-          Alors chérie comment va François ton nouvel amoureux?

-          Oh très bien Josy. Hier il m’a offert une belle montre sertie de diamants, hum une merveille ma copine. C’est vrai qu’il est dans un petit club mais il est issu d’une famille tellement aisée que son salaire de footballeur ne représente que des miettes pour lui.

-          Tu as beaucoup de chance. Toi au moins tu as pêché un gros et bon poisson. Quant au mien Dieu seul sait ce qu’il me fait subir dernièrement.

-          Eh ne t’inquiète pas Josy, ils sont tous comme cela une fois qu’ils ont obtenu ce qu’ils veulent. Regarde toi Josiane, tu es belle, jeune et surtout indépendante financièrement. Des hommes à la recherche d’une femme comme toi on les ramasse à la pelle dans Abidjan.

-          Je sais Audrey mais cela n’empêche pas le fait que je ne veux pas de n’importe quel homme. Rappelle-toi la promesse que nous avons faite toutes petites.

-          EPOUSER UN FOOTBALLEUR.

-          Tu vois ? Je veux bien perdre Marc mais aurais-je la chance d’avoir un footballeur encore une fois ?

-          Je vois je vois. Mais tu sais les stars du foot sont aussi très sollicitées par les jeunes filles de ce pays et même d’ailleurs. Je rencontre plusieurs difficultés avec François malgré ce qui parait. Figure toi que dernièrement j’ai défiguré Annie la Barbie du lycée qui courait après les gars des autres. Elle avait osé se mettre sur mon terrain mais en tout cas elle saura désormais à qui s’en prendre.

-          Ah bien fait pour elle ! Il y a bien longtemps que je voulais la corriger depuis l’histoire avec le métisse de terminale.

-          Ce goujat la ? Il n’en valait pas la peine de toutes les façons tu valais et continue de valoir mieux que lui.

-          CASSA MOULER ! s’exclama Josiane. 

-          Ah ! Je suis en train de te parler et puis tu marques comme ça ? Moi qui voulais te proposer un diner a quatre pour que François te présente à l’un de ses amis. Ce n’est plus la peine.

-          Ah Audrey toi aussi, ce n’est pas parce que je te gagne que tu vas gâcher mon bonheur. Pardon programme ça rapidement parce que j’en ai marre de ce Marc qui cherche à battre le record du plus grand nombre de slips féminins ôtés.

-          D’accord attends que j’appelle François d’ailleurs il devait passer me prendre ce sera l’occasion pour vous de faire connaissance.

-          Hum dans quel club tu as dit qu’il jouait déjà ? Il faut vraiment que je commence à regarder le foot si je veux m’attraper un autre de ces sportifs. A part les matchs de FC Vanou le club de Marc je ne m’intéresse pas tellement aux compétitions.

-          Ah tu devrais hein, le téléphone sonne…Allo ! Mon Baby-foot préféré je t’attends à la salle de sport, tu arrives dans combien de temps ?

-          ….

-          D’accord à toute l’heure mon amour.

Josiane rangea ses effets et se retourna vers son amie quand celle-ci raccrocha le téléphone.

-          Ah Audrey tu appelles ton gars Baby-foot comme moi ?

-          Hum ma chère il aime que je l’appelle comme ça oh. Tiens le voilà qui arrive il était dans les parages.

Marc François approcha et fut surpris de découvrir Josiane et Audrey ensemble à la salle de sport. Il ignorait que ses deux conquêtes se connaissaient et ne pouvait plus rebrousser chemin.

-          Audrey, c’est ton Baby-foot qui est là ?

-          Oui Josiane pourquoi ?

-          Parce qu’aux dernières nouvelles c’est Marc mon Baby-foot à moi.



Cassa Mouler : Expression ivoirienne pour désigner un superbe but au baby-foot.