samedi 16 février 2013

ANGE..ANGE ET.........Démon

Dessin par Saraï D'Hologne

Lui et Elle, Elle et Lui, peu importe l’ordre formaient le couple parfait et personnifiaient le mot amour. Roméo et Juliette dans leur tombe tremblaient de jalousie lorsqu’ils voyaient son père à Elle rigoler avec sa mère à Lui. Tout le monde s’accordait pour dire que leur amour était beau, simple, pur, mature, étincelant, scintillant, éclatant, magnifique, authentique, en un mot extraordinaire.

Adam et Eve ont créé l’amour pourtant Elle et Lui pourraient leur apprendre à aimer. Samson s’est battu pour l’amour mais il n’aurait surement pas eu à le faire si son amour était comme le leur. Dezy Champion a chanté l’amour inspiré par la clarté de leur relation.

De l’extérieur on ne voyait que leur charme, la complicité qui semblait régner entre les deux tourtereaux mais personne ne savait qu’il y avait un problème aussi minime que courant dans ce jeune couple pris dans l'engrenage des passions entre l’adolescence et l’âge adulte. Elle s’appelait Ange et il s’appelait Ange également. Pour parler d’eux on disait « le couple d’ange » alors qu'au fond, Lui s’avait qu’il finirait par ne plus accepter ce statut. Il voulait d’une relation plus que platonique alors qu’elle voulait rester chaste jusqu’au mariage pour lui. Il faisait croire à ses amis qu’il avait consommé le fruit défendu alors que pour ses amis à elle, Elle était le modèle même de la vertu. Il lui disait qu’ils étaient destinés à rester ensemble alors qu’ils le fassent maintenant ou plus tard ne faisait que retarder l’échéance. Elle répondait à chaque fois que plus l’attente était longue encore plus délicieuse serait la récolte. De 15ans à 20 ans cinq longues années étaient passées et son désir pour elle ne cessait de grandir tandis qu’elle sentait ses forces l’abandonner face aux avances charnelles de son bien aimé.

C’était son anniversaire et elle lui offrit une belle fête avec leurs amis communs. Il ne s’y attendait pas car la veille ils s’étaient disputés mais comme d’habitude il fallait entretenir l’image du couple modèle pour l’entourage. Il avait pris une décision mais cette fête l’empêchait de lui en faire part en ce moment précis. Il attendit la fin de la cérémonie pour la remercier.

-         Ne me remercie pas maintenant mon Ange, tu n’as toujours pas reçu ton cadeau. Suis moi mon amour et tu auras le plus beau présent qui puisse exister. 

Il l’avait suivit se demandant ce qu’elle pourrait bien offrir de plus que cette magnifique fête en son honneur mais ils retournèrent chez ses parents à lui. La maison avait été vidée de ses occupants après un accord fait entre Elle et les parents de son Ange. Les domestiques, les frères et sœurs, tout le monde avait été prié de libérer les lieux pour l’occasion. Des bougies parfumées embaumaient la chambre et lui donnait un aspect féérique. Il voulait parler mais elle l’en empêcha. 

-          BB ouvre ton cadeau sur le lit.

Il l’ouvrit et découvrit le « Ail Phone 7 » qu’elle lui avait acheté grâce aux contacts de son père alors que les inventeurs ne l’avaient même pas encore conçu.

-          Merci mon Ange c’est vraiment le plus beau cadeau que tu pouvais m’offrir mais je dois te dire quelque chose. 

-          Non chéri aujourd’hui tu en as assez dit, terminons cet anniversaire en beauté et demain on aura tout le temps pour discuter.

Il voulait encore parler mais elle l’interrompit en posant délicatement ses lèvres sur les siennes. Il aurait aimé résister mais la chair est faible et ses forces l’étaient encore plus; Elle le guida comme si elle avait fait ça toute sa vie. Lui était tenaillé entre son désir de tout arrêter pour lui annoncer sa décision et l’envie de vivre enfin ce dont-il a rêvé des nuits durant. Là où un homme et une femme sont isolés, le désir prend très souvent le dessus sur les pensées pieuses et Lui ne put résister à la tentation de découvrir enfin ce que ses amis appelaient le septième ciel terrestre. Il se laissa entraîner et ils n’eurent de répit qu’au moment de s’endormir.

 Il était 10h et Elle lui apporta son petit déjeuner au lit comme pour éterniser l’instant romantique de la nuit précédente.

-          Tu n’aurais pas dû te donner tant de mal ma puce.

-           Ne t’inquiète pas mon ange je voulais prolonger cet anniversaire et te montrer combien je t’aime malgré les nombreuses disputes que nous avons ces temps-ci.

-          Merci BB j’ai vraiment apprécié tout ce que tu as fait pour moi hier merci encore.

-          Ya pas de quoi, quelle était donc cette nouvelle que tu avais à m’annoncer ?

Il avait imaginé la scène plusieurs fois dans sa tête mais la donne avait changé et hier nuit elle avait fait un grand sacrifice pour lui. En l’espace d’une minute, il repensa à tout ce qui s’était passé dans sa vie récemment sans qu’il n’en fasse part à quiconque. Il n’aurait jamais imaginé prendre cette voie mais il ne pouvait plus reculer et le couperet tomba.
Dessin par Saraï D'Hologne

-          Ange je veux devenir prêtre et je rentre au séminaire dans une semaine.




jeudi 14 février 2013

UNE FÊTE PAS COMME LES AUTRES


Je me demande bien ce qui se passe aujourd’hui car c’est la cinquième fête à laquelle je viens de me faire renvoyer alors que j’y étais invité. Le paysage de la ville n’est pas pour atténuer ma colère car bien au contraire tout semble concourir à me rendre de mauvaise humeur. Regardez moi ces deux ados main dans la main, enlacés et se faisant les yeux doux comme s’il n’y avait personne autour d’eux. Il ne manquerait plus qu’ils se placardent « AMOUREUX » au dos de leur T-shirts. De l’autre côté de la route j’aperçois encore un panneau publicitaire qui prône la fête de la St Valentin comme presque partout à Abidjan. C’est de l’arnaque cette histoire de fête et aujourd’hui j’en suis convaincu. Je suis dans les rues du plateau depuis plus de deux heures à la recherche d’un bon endroit où passer la fête mais ils sont tous inaccessibles pour moi. Ah voilà un restaurant ouvert je vais voir si je peux enfin manger. 

-          Bonsoir monsieur, je suis là pour l’offre spéciale Saint Valentin qui est passée à la télé.

-          Bonsoir monsieur, puis-je voir votre carton d’invitation ? 

-          Non mais j’ai ma carte d’identité regardez.

-         Désolé monsieur mais sans invite vous ne pouvez pas profitez de la soirée ici.

Désolé, désolé, ils n’ont que ce foutu mot à la bouche comme s’il pouvait calmer la symphonie qu’a entamé mon estomac. C’est bien ce que je me disais c’est de l’escroquerie pure et simple cette histoire de fête car on ne devrait pas fournir à manger selon que tu possèdes une carte d’invitation où non. J’ai été invité en direct à la télé tout le monde l’a vu et aujourd’hui ces malhonnêtes me refusent l’accès à leurs locaux sous prétexte que je ne possède pas leur soi-disant carton. Ils auraient pu me prévenir à l’avance car Diallo le boutiquier du quartier a jeté des cartons vides dans la benne à ordures qui est passée ce matin. Je n’aurais eu qu’à écrire sur l’un d’eux « INVITATION » et je ne serais pas là à me pavaner  dans toute la ville à la recherche d’un restaurant où passer la Saint Valentin. 

Depuis deux ans que je suis venu du village, j’espérais enfin pouvoir goûter aux mets qu’on sert dans les grands restaurants de la place mais finalement je pense que je vais devoir me contenter du kabato que maman a préparé au risque de mourir de faim ici.

Aminata et Joël sont en train de s’amouracher devant ma porte comme si il y’avait marqué quelque part « banc public ». J’ai bien envie de les gratifier d’une bonne douche glacée mais alors je n’en aurais plus assez à boire. Je me demande bien ce qu’ils ont tous à jouer aux amoureux aujourd’hui, est-ce un jour spécial ? Qu’y a-t’il de si particulier pour que même Amoin la vendeuse d’eau glacée au coin de la rue ait fait sortir son plus joli badef pour aller en promenade ? Diallo dont la saleté effraie même les cafards les plus teigneux a fait le ménage dans sa boutique aujourd’hui et il est à peine 20h que c’est déjà fermé. Seul Dieu sait ce qu’il est en train de tramer à l’intérieur avec Ahou la fille du voisin qui ne paie jamais ses dettes. Ma petite sœur et ma mère sont les seules à être à la maison en train de s’affairer sur la marmite de kabato que je mangerai contre ma volonté ce soir. 

-          Pff !

-          Qu’est ce qu’il y a mon fils ? Pourquoi soupires-tu de la sorte ?

-          Maman laisse celui là il n’a pas envie de manger Kabato ce soir, c’est pourquoi il affiche cette mine.

-          Aline on ne t’a rien demandé. Bien sûr que je n’ai pas envie de manger cette pâte de maïs dégoûtante mais c’est autre chose qui m’énerve. 

-          Dis moi donc mon fils.

-          Maman aujourd’hui c’est bien la fête de la Saint Valentin ?

-          Oui comme chaque 14 février.

-          Eh bien à la télé ils ont dit dans plusieurs annonces publicitaires que nous pourrions passez une bonne fête de Saint Valentin dans divers endroits que j’ai presque tout visité aujourd’hui.

-          Et alors ?

-          Aucun endroit n’a voulu me recevoir tant que je ne présenterais pas un carton d’invitation pourtant j’avais ma carte d’identité avec moi.


Aline éclate de rires avant de rajouter « Mais maman ton fils c’est un gaou hein ! La Saint Valentin ce n’est pas comme la Saint Béatrice ou la Saint Joseph, la Saint Valentin est la fête des amoureux. Donc tu pensais que parce que tu t’appelles Valentin on t’offrirait le couvert gratuitement aujourd’hui? Redescends sur terre mon ami, il serait temps de te trouver une petite amie et de quoi vous offrir à tous les deux une bonne fête de Saint Valentin. 

-          Ah je comprends mieux pourquoi tout le monde semblait plus amoureux aujourd’hui mais tout de même ont-ils besoin d’un jour spécial pour démontrer leur amour ?

-          Mon frère cela ne te regarde aucunement. Va plutôt t’asseoir au salon afin d’attendre qu’on te serve ton plat. Ton ventre a déjà commencé l’hymne de la faim alors il ne faudrait pas que tu tombes devant nous.

-          Hum Aline c’est parce que je suis affamé que je te laisse parler mais gare à toi si après le repas je te vois avec le petit « brouteur » du quartier; ta Saint Valentin tu la passeras à l’hôpital. A bon entendeur, Valentin te salue.

100 MOBILES (suite et fin)


La situation est « soayée » car Marc veut savoir qui est Philippe et si on rentre à l’intérieur de la boîte il le découvrira surement. Je n’ai qu’une envie, gifler ces deux énergumènes qui m’ont « vendue » mais pour l’heure il faut que je trouve une explication valable pour contenter Marc.

-          Tu sais BB, ce Philippe est juste un ex qui ne compte plus pour moi.

-          Un ex ? Cela fait un mois qu’on sort ensemble et ton anniversaire a été fêté il y a un mois également; pourrais-tu me jurer qu'il n'y a plus rien entre vous deux ?

-          Nous avons rompu juste après mon anniversaire, bien avant que toi et moi ne soyons en couple. Tu penses que j’aurais pu jouer un double jeu ? Tu n’as donc aucune confiance en moi ? Merci bien, je ne vais pas faire de scandale devant tout le monde je préfère rentrer.

-          Qu’est ce que cela signifie ? On vient à peine d’arriver que tu veux rentrer, dis plutôt que tu as peur de te retrouver entre tes deux amants.


-          Je ne vais pas te permettre de m’insulter davantage. Taxi !

-          Ce n’est pas la peine de te fâcher pour si peu. Si tu dis qu’il n’y a plus rien entre toi et ce type alors je te crois, rentrons maintenant.


-          Non je te connais si on rentre tu risques de me faire honte là bas donc changeons de boîte ou alors raccompagne-moi chez moi.

J’obtiens toujours ce que je veux alors nous allons dans une autre boîte pas très loin de mon quartier et la soirée se déroule sans autre embûche. Marc me raccompagne et je rallume mon téléphone pour découvrir des dizaines d’appels manqués de Philippe. Je suis sûre que demain il me rappellera donc je préfère me glisser dans le lit pour « lover » avec Morphée.

Il est 10h du matin à mon réveil et toute la maisonnée semble sortie. Je dois aller chercher le cadeau de Marc pour la Saint Valentin, une gourmette en or plaqué  sur laquelle j’ai fait graver ses initiales. Contrairement à mes habitudes j’ai décidé d’offrir un cadeau à quelqu’un d’autre que moi parce que sans le vouloir je commence sincèrement à tenir à cet homme. Je ne dis pas que je n’ai jamais aimé mais en général je sors avec des hommes pour le matériel et avec Marc c’est différent. Bien entendu je ne l’aurais pas considéré si c’était un « rienneux » mais au-delà du pouvoir d’achat, il a ce petit quelque chose qui a fait naître une étincelle. Cela ne signifie pas que je suis devenue la parfaite petite amie mais après avoir reçu les cadeaux de Philipe et de mes autres « menuisiers » j’essaierai de l’être.

*****

La Saint valentin, la fête de tous les amoureux où encore la fête des plus amoureux. Le jour où tu découvres si tu es la titulaire de ton homme ou si ta femme en aime un autre plus que toi. Le jour où la ville est peinte en rouge et n’écoute que du Céline Dion. Le jour où les célibataires seraient prêts à tout pour avoir une personne à qui offrir un présent. Le jour où les hommes pleurent pour leurs poches pendant que les femmes attendent avec impatience le programme de la soirée. Ce jour là, moi j’ai deux hommes à voir alors que certaines n’en ont même pas un.

J’ai déjà prévenu Philippe qu’on passera juste la matinée ensemble alors vêtue de ma nouvelle robe blanche bustier que j’ai achetée pour l’occasion, j’emprunte un taxi à destination d’ Angré. Philippe habite seul dans un appartement au 22ème arrondissement, qu’il a su aménagé avec goût. Il manque une touche féminine qu’il me supplie de rajouter mais je garde mes marques pour mon Marc, et la seule maison que je décorerai sera la nôtre. Vous vous demandez sans doute pourquoi est-ce que je continue avec Philippe si j’aime Marc ? Eh bien Philippe est le genre de personne à vous couvrir de cadeaux en toute occasion, alors pour la Saint Valentin,  je sais que j’aurai une belle surprise et je ne veux en aucun cas la rater.

-          Allo Philippe ! Je suis là viens ouvrir la porte.

-          Ok mais je ne suis pas seul actuellement donc ne sois pas surprise.

-          Je pensais qu’on passait la matinée rien que tous les deux.

-          Oui mais mon cousin est venu me présenter sa fiancée donc tu vas les rencontrer aussi et ils partiront dans quelques minutes.

-          Hum okay !

Deux minutes plus tard, Philippe m’ouvre la porte et j’aperçois dans le salon une très belle fille métisse, la taille d’un mannequin et le sourire d’un acteur pour une pub de dentifrice. A ses côtés un homme, mon homme.

vendredi 8 février 2013

100 MOBILES




« Elle a les yeux revolvers elle a le regard qui tue elle a tiré la première elle m’a touché c’est… »

-          Odette si tu ne me coupes pas cette musique ce n’est pas avec un regard que je te tuerai mais un vrai 
revolver.

Dessin par Saraï D'Hologne
Ce Philippe va me créer des ennuis à force de m’appeler à toute heure, à croire que l’amour est forcé. Depuis deux semaines je lui ai clairement signifié que tout était fini entre nous mais il continue à me pourrir la vie. Par sa faute j'ai dû éteindre mon Nokia, il a donc commencé à m'appeler sur le Samsung que j'ai dû aussi éteindre finalement. Maintenant il fait pleurer m
mon BB parce qu'il sait que je succombe toujours à ses cris. 

Pour ceux qui ne le savent pas mon BB est un Blackberry de dernière génération et je suis l’une des premières personnes à l’avoir à Abidjan. Je reconnais que c’est Philippe qui me l’a offert il y a un mois à l’occasion de mon anniversaire mais que voulez vous ? Un cadeau est un cadeau et l’amour est toute autre chose. On s’est aimé mais de mon côté la flamme s’est éteinte alors je ne vais tout de même pas passer la Saint Valentin avec un homme que je n’aime pas. 

Marc mon nouvel amoureux a préparé tout un programme pour ce 14 février et je compte bien en profiter. Philippe a fait son temps et il devrait se sentir heureux d’avoir partager un épisode de la vie d’une fille bon chic bon genre comme moi. Aujourd’hui il faut bien qu’il laisse quelqu’un d’autre en profiter. D’ailleurs s’il continue je vais finir par faire dormir BB également. Tout à l’heure en m’appelant au moment même où le feuilleton préféré de maman passait il a bien faillit me faire tuer. Maman déteste qu’on la dérange lorsqu’Antara essaie de dire un nouveau mot.

Il est 22h, Marc et moi devons sortir mais il ne m’a toujours pas appelée. Ah mais oui! Merde il n’a toujours pas le numéro de BB et il a pour habitude de m’appeler sur le Nokia ou le Samsung. Dans quel pétrin me suis-je encore mise par la faute  de cet idiot de Philippe! Hum 15 appels manqués, il faut dire que mon nouveau chéri tient à moi. Le voici qui rappelle à  nouveau je trouverai bien un mobile parmi tant d'autres pour expliquer le fait que mes deux téléphones soient éteints...

-          Allo !

-          Bonsoir chéri !

-          Bonsoir Odette, qu’est ce qui t’arrive ? J’ai essayé de te joindre plus d’une dizaine de fois pourquoi ne répondais-tu pas ?

-          Ne te fâche pas mon amour tu sais, aujourd’hui c’était la journée mondiale sans téléphone mobile et maman a tenu à ce que toute la maisonnée y participe. Je suis même dans la douche actuellement pour ne pas qu’elle m’entende car sinon elle me tuerait.

-          Ah désolé chérie, c’est parce que je t’attends depuis une demi-heure au carrefour comme convenu et cela m'a énervé que tu ne répondes pas. Encore désolé !

-          Ce n’est rien je m’apprête à sortir viens te garer devant ma porte car je n’ai pas très envie de marcher avec mes talons.

- Ok je me rapproche de ta maison.

Je l’ai échappée belle si jamais Marc apprends que j’ai rompu avec Philippe il n’y a pas si longtemps il risque de rompre aussi. Tout compte fait si ma copine Raïssa ne m’avait pas parlé de cette soi-disant journée sans téléphones mobiles je ne sais pas comment j’aurais fait. Et revoilà Philippe qui me rappelle, je ne vais plus le rabrouer puisqu’il a du temps et de l’argent à gaspiller.

-         Allo ! Bonsoir Philippe rappelle moi dans deux heures je te promets de décrocher mais là je suis occupée.

-         D’accord ma puce, à tout à l’heure donc.

Ne me regardez pas avec cet air réprobateur, j’ai bien essayé de le repousser mais il n’en fait qu’à sa tête alors si je peux avoir plusieurs cadeaux pour la Saint Valentin autant en profiter. Hum Marc est tout beau adossé sur sa voiture et en plus il a mis le parfum que j’aime je peux le sentir à des milliers de kilomètres.

-         Bonsoir chéri !

Un bisou plaqué rapidement sur ses lèvres, je m’installe dans sa voiture après qu’il m’ait ouvert la portière en vrai gentleman. J’adore l’odeur du climatiseur, je ne sais pas si vous la connaissez aussi mais il y a un tout petit parfum qui s’échappe souvent de la climatisation et je l’aime trop. Marc s’installe à son tour et nous partons au Green Club pour une soirée inoubliable avec quelques amis. L’entrée du Club est gardée par deux cerbères qui connaissent très bien Philippe j’espère qu’ils ne me reconnaîtront pas.

-         Bonsoir les gars !

Marc aussi qu’est ce qu’il a à saluer tout le monde ? Moi je ne les saluerai pas car ils ont la langue bien pendue ces deux gorilles.

-         Mais la vieille mère tu ne nous salue pas aujourd’hui ? C’est pas toi qui a fêté ton anniversaire ici le mois passé ? Comment va le vieux père Philipo ?

-         Mais toi tu ne l’as pas vu rentré tout à l’heure où quoi ? renchérit le deuxième il doit être en train d’attendre la vieille mère à l’intérieur.

Voilà c’est bien ce que je disais, ils ne ferment jamais leur clapet ces deux là; ils viennent de me mettre dans une situation « drap ». Le regard interrogateur de Marc me fait comprendre que tout compte fait j’aurais dû passer toute la journée sans décrocher mon téléphone et je me serais évitée bien des ennuis.

PS: L'histoire a été écrite le 06 février qui a été déclaré journée mondiale sans téléphone mobile.
Pour la suite attendons la St Valentin.

mercredi 6 février 2013

LA LAME DE MON DEPART


Dessin par Saraï D'Hologne
Continuer mon travail après tout ce que je venais d’apprendre aurait été difficile. J’ai eu la malchance de naître fille aînée car cela me destinait à suivre les traces de ma mère de gré ou de force. Arrachée au doux son de la voix du maître de CM1 j’ai pris la direction de la case du rituel. Je savais depuis fort longtemps quel était mon destin mais tout au fond de moi je gardais cet infime espoir de pouvoir déroger à mes obligations. J’aurais pu résister, me plaindre mais j’aurais alors affronté le regard de ma mère et cela aurait été trop dur à supporter. Malgré le fait que j’excellais à l’école, j’ai du laissé les bancs pour la natte de l’initiation. Pendant deux années, j’ai assisté ma mère à chaque séance afin de devenir moi aussi la meilleure exciseuse de la région. Tout était mis en place pour que moi Korotoum remplace dignement ma mère en tant qu’exciseuse de Tchontékaha. Cependant personne n’avait prévu que le magazine Amina tomberait entre mes mains tout comme personne ne savait non plus qu’on y traitait ce mois là des conséquences fâcheuses de l’excision. 

Au fur et à mesure que je parcourais les lignes de ce mensuel, ma colère grandissait car jamais mon initiatrice ne m’avait parlé des risques de l’excision. Je me contentais de soulever la lame et de la rabaisser sur ce tout petit morceau de chair et ma mission s’arrêtait une fois que l’ablation du clitoris avait été accomplie.  Certaines femmes plus âgées dans le village s’occupaient de soigner les jeunes filles excisées pendant deux semaines. Je n’avais plus aucune nouvelle de ces demoiselles, hormis celles qui étaient habitantes de Tchontékaha. Ce jour là après avoir lu cet Article du médecin Malimouna Kané, j’ai décidé de déposer ma lame. De mémoire d’homme, aucune exciseuse n’avait osé le faire mais moi je n’étais pas n’importe quelle exciseuse. Les exciseuses ne savent ni lire ni écrire alors que moi j’avais eu cette chance qui faisait de moi une excisée singulière. J’étais Korotoum l’exciseuse lettrée et je savais exactement où je mettais les pieds. Cette nuit là était la veille d’une cérémonie qui devait rassembler toutes les jeunes filles de la région en âge d’être excisées. Je devais jouer un rôle que je n’avais pas choisi alors j’ai décidé qu’ils me trouveraient bien une doublure pour l’occasion. Mon baluchon sur la tête, je déposai ma lame devant la case de maman et pris le chemin de la ville.

samedi 2 février 2013

Pourquoi j'écris par Grac'ee K. Coulibaly

Aujourd'hui l'article que je poste n'est pas de moi mais il traduit tellement bien ce que j'aurais voulu dire que j'ai préféré le poster ici. Un jour je me suis demandée pourquoi est-ce que j'écrivais. Des centaines de réponses me sont passées par la tête et je me suis dite qu'un jour j'en ferais un article pour que les non initiés à l'écriture puisse me comprendre un tant soi peu. Tout à fait par hasard, je suis tombée sur le blog d'une jeune fille de twitter et le premier article m'ayant plu j'ai décidé d'en lire d'autres. Grande fut ma surprise de voir l'article de mes pensées sur ce blog car oui c'est "MON ARTICLE". Bien entendu je le dis pour rire mais sur le champ j'ai été sous le choc car en plus d'avoir mis le même titre que l'article que je prévoyais d'écrire elle a aussi utilisé presque les même expressions. Coïncidence, destin? Je ne sais pas ce qui s'est passé mais j'ai été ravie de voir qu'une autre personne avait eu la même idée et les même sentiments que moi. Je vous laisse apprécier par vous même ce magnifique poème "POURQUOI J'ECRIS". Pour découvrir la source cliquez ici.


Certains s’expriment à travers des dessins, d’autres au travers de la danse, qu’importe du moment qu’on arrive à faire passer le message voulu.
MOI:
Quand je suis angoissée j’écris
Quand je suis en pleur j’écris
Quand je suis énervée  j’écris
Quand je suis en joie  j’écris
Quand j’ai peur j’écris
Je n’écris pas parce que je n’ai personne à qui parler
j’écris parce que sur une feuille ou un clavier je ne suis pas obligée de trouver les bons mots
j’écris parce qu’avec une feuille et un stylo j’arrive mieux à transcrire mes états d’âme au moment T
j’écris parce que nous sommes prisonniers de ce que nous disons mais MOI je suis maîtresse de mes écrits
J’écris parce que je suis libre de laisser subsister mes écrits ou de les faire disparaître
j’écris parce qu’il m’est difficile de croire que ce que je dis à une personne, cette dernière ne l’utilisera pas un jour contre moi
Si un jour tu veux vraiment savoir ce que je pense, lis ce que j’écris