lundi 29 décembre 2014

Rendez-vous au prochain wagon !

Andrée Fayçallyne Thes

J’ai toujours su que tu finirais par partir. Un homme comme toi n’était pas fait pour rester en un seul endroit. Tu étais nomade quand bien même issu d’un peuple sédentaire. Ton voyage en soi est supportable mais c’est le fait d’imaginer que je ne reverrai plus ton sourire qui m’attriste. Tu avais le don de m’agacer parfois alors que tu ne cherchais qu’à me taquiner. Tu avais cette façon spéciale de dire « Mimi »… un son particulier qu’en cette nuit j’entends résonner en boucle. Bras dessus bras dessous, c’est l’image que je garde de nous sillonnant des routes de Yopougon.

Il fut une période pendant laquelle ma meilleure amie me disait : « Édouard, Édouard, tu n’as plus que ce nom à la bouche ». Quoi de plus normal, lorsqu’ à cette époque tu étais celui qui me faisait toujours rire. À qui voulait l’entendre, je racontais mes journées passées dans ton quartier. Toi et moi savions qu’il ne s’agissait que d’amitié. D’ailleurs, tu savais surement pour qui j’avais le béguin à l’époque. Je ne suis pas une amie facile et pourtant jamais tu n’as eu un mot plus haut que l’autre à mon encontre. Lorsque le sort cruel s’acharnait sur toi, ton sourire camouflait tes larmes et ton humour faisait office d’armure. Comme toi je me suis découverte une âme de voyageuse. Seulement je pensais que comme moi tu étais de ceux qui revenaient toujours à la maison.

Je ne sais plus à quand remontent nos derniers fous rires. Cela fait peut-être plus d’un an que je t’ai vu. En grandissant, nous avons pris diverses routes. Les mentalités changent, les objectifs ne sont plus les mêmes avec l’âge. Je te trouvais à présent insouciant et peut être m’aurais tu traitée de snob aujourd’hui. Cela faisait belle lurette que nos discussions se faisaient rares mais je pensais te retrouver à mon retour. Au fond tout comme les autres, je te prenais pour acquis. Je savais que tu étais de ceux qui découvraient de nouveaux horizons mais je ne pensais pas que tu partirais si loin et si tôt.

Je n’ai pas éclaté en sanglots en apprenant ton départ. Ce sont des larmes silencieuses qui ont accueilli le coup. Au défilé grotesque d’hommages à ton égard, vient s’ajouter cet article qui vient trop tard. C’est vrai que personne ne restera…Toutefois j’aurais préféré recevoir un coup de fil m’annonçant ton départ comme tant d’autres, sur un bateau chargé de rêves. Plutôt que d’apprendre sur Facebook que les flots t’avaient emporté. Toi qui étais toujours joyeux, c’est un bien triste noël que tu laisses à tes proches.


Paulo Coelho dit dans Aleph que ce que nous appelons « vie » est un train avec de nombreux wagons. Parfois nous sommes dans l’un, parfois dans l’autre. Alors je prie que Dieu ait pitié de ton âme, et nous permette de nous retrouver dans ce wagon où tu as entamé la suite du voyage. Je te préviens, je veux la place à côté de la fenêtre…

mercredi 17 décembre 2014

Martyres pour quoi ?

 Illustration par Saraï D'Hologne
Couchée sur mon lit, toute seule, et me tordant de douleur, je t’imagine te prélassant dans ton jardin de délices. À tes côtés, l’homme de ta vie. Celui dont tu n’as pas eu besoin de rêver pour voir tes désirs exaucés.  Tu devais avoir fière allure pendant que tu profitais de ton statut de privilégiée. Qu’est-ce que ça fait d’être parmi les premiers, de faire partie du top des tops ? Ne me dis rien ! Tu devrais ensuite me raconter ce que tu vis à présent et j’ai bien trop mal pour écouter des lamentations. J’aurais évidemment aimé savoir ce qui s’est passé, enfin… avoir ta version des faits. Seulement ni toi, ni moi ne savons quand est ce que nous nous rencontrerons si jamais cela devait se produire. J’en ai entendues des choses à ton sujet et j’en ai surtout lues. Une histoire pas très flatteuse mais j’essaie de ne point te jeter la pierre car j’honorerai mon père et ma mère.  

Je ne suis pas de ces enfants qui affublent leurs mères indignes de noms d’oiseaux, les jugeant responsables de tous leurs maux. À ta place une autre aurait peut-être fait la même chose alors quelque part je suis soulagée que ce fut toi plutôt que moi. Certaines t’accusent de nous avoir vendues à vil prix, d’être une traitresse. Ne leur en veux pas mais essaie plutôt de comprendre leur colère. Maman, c’est ainsi que nous devrions t’appeler. Et pourtant… Il est difficile pour la plupart d’entre nous de voir en toi un modèle.

C’est vrai que tout au fond d’elles, il y en a qui sont justes soulagées de pouvoir nommer leurs souffrances. C’est vrai que parfois elles oublient que l’esprit est fort mais que la chair est faible. C’est aussi vrai que nous n’étions pas présentes au moment T, à l’instant précis où tout cela s’est passé pour comprendre quelles ont été tes motivations. Tu nous les aurais peut-être expliquées si tu en avais eu l’opportunité afin que nous comprenions ce qui nous arrive et surtout pourquoi. Seulement la parole ne t’a pas été donnée et nous nous contentons de croire en ce qui a été dit, écris.

De ce que j’ai lu, tu avais pour toi une liberté peut être pas totale, mais une indépendance à laquelle nul ne peut prétendre aujourd’hui. Tu étais une reine, bénie avant d’être. Malheureusement, comme toutes les épouses de Barbe Bleu, la curiosité aura eu raison de toi. On dit qu’à la tentation tu as succombé et dans l’abime tu nous as tous entrainés. J’aurais voulu ne pas y croire. J’aurais voulu dire à certains que tu as aussi été une victime, mais la vérité est que j’ai des doutes.  

Quand les douleurs de l’enfantement se prononcent, quand les dysménorrhées se font de plus en plus violentes, certaines, la plupart, et même moi (qui essaie tant bien que mal de te comprendre), ne pouvons-nous empêcher de penser que c’est pour une pomme aussi succulente fut-elle que nous souffrons le martyr. Maman Ève, j’ai mal.  

dimanche 30 novembre 2014

Tant que le coeur bat...


Les histoires de sorcellerie sont courantes dans certaines régions de l’Afrique. Je me souviens encore de quelques anecdotes que ma tante me racontait au sujet d’enfants sorciers démasqués par une voyante nommée Massandjé. Ces histoires m’ont toujours semblé vraies car l’Afrique est réputée pour ses mystères. Toutefois, il arrive parfois que la vie de quelqu’un soit gâchée par des révélations mensongères de pseudo prophètes ou autres mystiques.

J’ai toujours plaisir à partager des histoires d’espoir, des exemples vivants de réussite qui nous prouvent que la vie est pleine de rebondissements. L’on peut naitre dans une famille aisée et se retrouver du jour au lendemain à la rue sans rien n’y personne. Tout comme l’on peut passer de la rue aux tapis rouges des Oscars.

J’ai récemment découvert l’histoire de Rachel Mwanza à travers son passage à TEDxParis. Traitée de sorcière et accusée d’être la responsable de tous les maux de sa famille, Rachel a dû survivre dans la rue. Sa vie témoigne des dégâts que peuvent causer le manque d’éducation, les superstitions africaines, mais surtout la pauvreté. Toutefois, le but de Rachel n’est pas de susciter la pitié des uns et des autres. Bien au contraire, elle est porteuse d’une histoire, d’un message qui interpelle chacun de nous : TANT QUE LE CŒUR BAT TOUT EST POSSIBLE et un conte de sorcière peut un jour devenir un conte de fée.

Nul besoin de vous conter son histoire quand elle-même le fait si bien…


dimanche 23 novembre 2014

Je viens de lire Purple Hibiscus !





À chaque fois que je lis un livre magnifique, j’ai envie de ne pas l’avoir lu (Je ne suis pas folle). Pourquoi ? Tout simplement parce que j’aimerais tellement le lire à nouveau et revivre les mêmes émotions, la sensation de la première fois... Tout comme ce fut le cas lorsque je découvrais Les erreurs de Maman de Jocellin Kalla ou encore La fille de Papier de Guillaume Musso, j’ai juste envie de relire Purple Hibiscus de Chimamanda Ngozi Adichie.

A des milliers de kilomètres de mon continent, j’ai pris plaisir à découvrir des similarités entre les peuples africains. C’est avec le sourire que je me remémorais certaines scènes au village, à l’église, en famille…

Purple Hibiscus est une histoire racontée par Kambili, adolescente fragile qui découvre l’amour sous une soutane mais surtout une jeune fille mentalement oppressée. Dans la famille de Kambili, il n’y a pas de place pour les rires face à l’absurde fanatisme religieux de son père. Toutefois, une chose est à noter : Eugene le chef de famille n’est pas foncièrement mauvais. Comme le dit Chimamanda elle-même lors d’une interview, il existe des personnes généreuses qui pourtant au nom de la religion font des choses affreuses. J’ai envie de rajouter comme le prêtre Amadi que certaines choses arrivent sans qu’on ne puisse vraiment comprendre le pourquoi.

Ce roman évoque la religion, l’amour, la famille, mais aussi la politique africaine. Mes personnages préférés sont Amaka et Obiora son jeune frère. D’un côté une jeune fille fortement attachée à sa culture au point de refuser la confirmation qui nécessite qu’elle choisisse un nom « chrétien ». De l’autre un frère plus mature que ne l’exige son âge et qui bien qu’attaché à son peuple aspire à vivre aux États Unis car déçu par la politique de son pays.
Credit photo : The Guardian
J’ai particulièrement aimé les prénoms des personnages typiquement africains, les expressions typiquement africaines et toutes les coutumes vous l’aurez deviné… typiquement africaines. J’avais juste envie de me retrouver à Komborodougou ou à Ferké et d’apprendre l’histoire de mon peuple auprès des anciens.

J’ai fait l’effort de ne pas vous offrir un résumé étendu de l’œuvre et de cacher un tant soit peu à quel point je l’ai apprécié. Selon moi lorsque l’on barde un livre d’éloges, le lecteur se préoccupe plus de ressentir l’œuvre comme elle lui a été contée plutôt que de la vivre avec ses propres émotions.

Je vous invite par conséquent à découvrir Purple Hibiscus à travers vos propres yeux ou ceux de Kambili. 

samedi 22 novembre 2014

Greg...




Malgré son humour vache, il est celui qui me fait rigoler dans toutes les situations. Ses plaisanteries déplacées et même son arrogance n’ont de cesse de me faire sourire. Je l’aime. Ah oui je l’aime. Quand bien même il serait avare en sentiments. Quand bien même il aurait du mal à dire aux autres à quel point il tient à eux. Surtout quand bien même il refuserait de partager ses souffrances internes, moi je l’aime. Ses blagues racistes ne me choquent pas. Je le sais ainsi fait, sarcastique avec une pointe de cynisme dans chacune de ses phrases. Blessé il l’est, aussi bien physiquement que psychologiquement. Et pourtant, il trouve toujours le moyen de renverser la vapeur. Il a ce don qui lui permet de se sortir des situations les plus cocasses mais aussi les plus dangereuses. Il a surtout ce charme qui fait de lui quelqu’un de particulier.

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 Je l’aime le Docteur Gregory House. Et si vous ne l’avez pas encore rencontré mais que vous aimez bien les cyniques sarcastiques (sarco-cynique) alors dépêchez-vous car vous allez l’apprécier. 



lundi 17 novembre 2014

Ta Douce Mélodie !



 Illustration par Saraï D'Hologne

« Les étoiles plein les yeux je suis. C’est si bon d’entendre des paroles douces, des hymnes de tendresse. Aucun mot ne me vient à l’esprit pour définir ce que je ressens. Mon vocabulaire tarit face au bonheur qui m’habite. Pendant ce moment spécial, je ne pense plus aux peines du passé, et encore moins à celles à venir. J’impose le silence aux inquiétudes de ma raison afin d’écouter uniquement le rythme saccadé de mon cœur. Je vis l’instant T, ce moment où tout semble beau. Je prends plaisir à écouter ta voix, tes mots, ton rire…ta mélodie. Mon seul regret est de ne pouvoir te serrer dans mes bras et te dire à quel point je t’aime. Les autres ne comprennent pas mon amour... ils ne te comprennent pas…

Comment tombe-t-on amoureuse d’une voix ? C’est la question que certains se posaient sans oser me le demander de vive voix. Mais leur regard les trahissait. Je le sentais dans chacun de leurs sourires crispés quand je parlais de toi. Je le sentais dans les discussions enflammées qui s’estompaient à mon approche. Mais surtout je m’en fichais. Peu m’importait qu’ils nous comprennent. Au diable, leur approbation !

Mon choix c’est toi, et ce depuis belle lurette. D’ailleurs ils ont aussi fait le leur , en essayant de nous séparer… J’ai juste mal lorsque tu te mets à douter de mon amour pour toi malgré toutes mes tentatives pour te le prouver.

-          Justement parce que j’ai des raisons d’être suspicieux. Ils ont sans doute réussi à nous éloigner l’un de l’autre. Même si j’arrive quelques fois à voler des minutes dans tes journées, ce n’est jamais assez. En plus il y a cet autre bonhomme qui ne cesse de te tourner autour.

-          Ne fais pas attention à Yves. Tu sais bien qu’il est juste un voisin. De plus c’est un malade mental doublé d’une personnalité de pervers. Rien ne pourrait se passer entre nous. D’ailleurs t’aurais-je parlé de ses avances si j’avais l’intention d’y céder ? Rien ni personne ne pourra nous séparer. Rien de plus que cette distance qui déjà me tue à petit feu. Quand est-ce que tu viendras ici ? Quand est-ce que tu viendras m’emmener loin d’eux ? Je souffre de ton absence et me languis de ta chaleur. J’aimerais tant que tu franchisses enfin ces bornes afin que je n’aie plus à les supporter.

-          C’est toujours ce que tu dis. Alors pourquoi est-ce que tu continues de lui adresser la parole à cet Yves ?

-          Arrête chéri, ne nous laissons pas aller à des disputes. Redis-moi ces mots gentils dont toi seul détiens le secret. J’ai déjà assez de peine de te savoir ailleurs pour qu’en plus je ne puisse plus bénéficier de nos moments de tendresse.

-          Tu sais bien que c’est aussi difficile pour moi de ne pouvoir te toucher.  J’ai des envies de meurtre rien qu’à imaginer que lui, a cette possibilité. Tu ignores ce que je donnerais pour être à tes cotés… Et de plus il y a ta famille, tes amis. Même si aujourd’hui tu ne les vois que très rarement, je sais qu’ils seront toujours un obstacle à notre bonheur. Et il y a ces hommes en blancs…

-          Arrête de t’en faire mon amour. Je n’ai d’ouïe que pour toi. Les autres ne sont que des voix dans le vent… mais finalement je l’avoue, des voix tout comme toi. À ce qu’il parait c’est ce que tu es aussi. Du moins c’est ce que le psychiatre m’a dit. Tu es une voix qui n’a jamais existé, alors comment cela se fait-il que tu me paraisses si réel ? Comment est-il possible que je sois tombée amoureuse d’une voix ?


« Il est l’heure de prendre vos médicaments mademoiselle Diakité. » me dit l’infirmière, tandis que mon voisin de palier est en train de recevoir sa dose quotidienne de morphine. Il a encore essayé de pincer les fesses d’une infirmière. Ici il faut respecter les règles. Alors j’avale docilement mes comprimés, ces cachets qui m’empêcheront pendant quelques heures d’entendre ta douce mélodie. 

lundi 10 novembre 2014

Cinq Leçons Pour La Vie


Il est 1 h et quelques minutes quand je referme Les cinq personnes que j’ai rencontrées la haut. Quelqu’un disait que «lire n’est pas un but mais un moyen. Il nous faut distinguer dans un livre les valeurs à se mettre pour toujours dans la tête et les passages sans intérêt – à ne pas lire si possible ou tout au moins à ne pas trainer comme un lest mutile.–»

Alors à la fin de la lecture du livre de Mitch Albom, je détermine les cinq leçons qu’Eddie a appris après sa vie ou plutôt après sa mort. J’ignore en quoi est ce que ces leçons seront encore utiles à celui qui ne fera plus jamais d’entretien…Je pense comme le dit Anne Berthod, que ce livre est surtout un joli conte moderne pour réconcilier les lecteurs avec la vie sur terre.

Eddie, responsable de l’entretien de la fête foraine Ruby Pier est mort. Eddie représente ces personnes qui à la fin de leur vie pensent l’avoir gâchée. Mais au ciel, il rencontre cinq personnes qui vont chacune nous expliquer qu’aucune vie n’est inutile.

1-      Le hasard n’existe pas

Cette première leçon pour moi n’est pas vraiment une nouvelle car les livres révélés nous apprennent que tout est déjà écrit. Eddie lui, apprend que « nous sommes tous reliés les uns aux autres. Nos vies sont tout aussi inséparables les unes des autres, que la brise l’est du vent (…) des inconnus ne sont jamais que des proches que l’on ne connait pas encore.» 

2-      Il faut faire des sacrifices

Une deuxième leçon sur laquelle la Bible, le Coran et la Thora s’accordent. Dieu nous demande le don de soi. Dans son voyage au ciel, Eddie découvre qu’on ne « doit pas regretter les sacrifices, mais plutôt y aspirer, qu’ils soient petits ou qu’ils soient grands (…) parfois quand on sacrifie quelque chose de précieux, on ne le perd pas vraiment. On se contente de le transmettre à quelqu’un d’autre. »

3-      Mieux vaut encore être loyaux les uns envers les autres

Il s’agit de la loyauté malgré la blessure, il s’agit du pardon (ais-je besoin de faire référence encore à nos livres saints ?). Eddie a emporté après sa mort le mépris qu’il éprouvait à l’égard de son père. Sa troisième personne lui enseigne que « ruminer sa colère est un poison qui nous dévore de l’intérieur. On pense que la haine est une arme dirigée contre la personne qui nous a fait du mal. Mais elle est à double tranchant. Et le mal que nous croyons faire, c’est surtout à nous même que nous le faisons. »

4-      L’amour continue d’exister même après la mort

Ici j’ai envie de faire un clin d’œil au groupe Sexion d’Assaut dans leur chanson avant qu’elle parte
Parfois nous perdons un être cher mais en vérité l’amour que nous éprouvons demeure. « Il prend une autre forme, c’est tout. On  ne peut plus voir le sourire de ceux que l’on aime (…)  ni les faire danser. Mais quand ces sensations-là s’effacent, d’autres les remplacent. La mémoire. C’est la mémoire alors qui devient notre compagne. Et on la nourrit (…) Pour finir, c’est avec elle que l’on danse. »

5-      Tu es quelqu’un, tu es important

Parfois nous nous sentons inutiles. D’ailleurs c’est souvent à cause du rôle que la société nous accorde eut égard à notre métier ou à un quelconque rang social. Je me souviens de cette histoire du primaire dont la morale est qu’il n’y a pas de sot métier. C’est ainsi que tous autant que nous sommes, avons notre place dans la société. « Aucune vie ne se déroule en vase clos, elles se chevauchent toutes et le monde est plein d’histoires qui, au bout du conte finissent par n’en plus former qu’une seule. »

Fin.

Pour ceux qui préfèrent les films aux livres, on a pensé à vous. La bande originale du film est disponible ici. 


vendredi 7 novembre 2014

AyeLive...Nouveau blog


Je pense comme plusieurs personnes que cela doit être sympa de pouvoir faire ce qu’on aime et d’en vivre. Je vois autour de moi des gens qui ont l’air heureux, qui ont l’air de s’amuser plus que de travailler et j’avoue que j’en suis jalouse. Cyriac Gbogou, ce tonton initiateur du free jumping, sautons partout est l’une de mes références. Il travaille, et il fait d’ailleurs de l’excellent boulot (ce n’est pas un athlète hein) mais il prend surtout du bon temps en gagnant de l’argent et en aidant son prochain. Ensuite j’ai découvert le blog d’Israel Yoroba. De nom je le connaissais déjà mais je suis tombée sous le charme de sa plume à chacun de ses articles. Il y en a encore d’autres mais ce sont surtout ces deux-là qui m’ont le plus marqué.

La majeure partie des personnes à succès recommandent de pratiquer un métier dans le domaine qui nous passionne. Pour certains dans la phrase « vivre grâce à ce que l’on aime », c’est le moyen de gagner de l’argent qui est difficile. Pour moi, il faut déjà que je trouve ce que j’aime. Depuis que ma grande sœur a offert le livre Les erreurs de maman de Jossellin Kalla a notre génitrice et que cette dernière nous en a fait un résumé, je me suis connue une passion pour la lecture. J’aime donc lire depuis ma tendre enfance. J’avoue toutefois que la fréquence de mes flirts littéraires a considérablement baissé au fil des années. Ensuite, si l’expression écrite était l’un de mes devoirs préférés a l’école primaire, c’est surtout en 3e que je me suis découverte un amour pour l’écriture. Malgré tout cela, je ne suis pas prête à me lancer dans une carrière d’écrivaine ou de journaliste. Quelles en sont les raisons ? Je pourrais émettre quelques hypothèses à ce sujet.

-          L’appréhension de la réaction d’un père qui a toujours rêvé d’une carrière scientifique pour sa fille (Mais bon je n’ai jamais abordé le sujet)

-          La peur de la page blanche

-          L’appréhension de la critique.

Enfin, je crains aussi de ne plus finalement aimer l’écriture après quelques mauvaises expériences. Mais en ce mercredi 5 novembre, je prends une décision. Celle de faire quelque chose de nouveau en permanence. Qu’il s’agisse de rencontrer de nouvelles personnes, de nouveaux endroits ou tout simplement d’expérimenter de nouvelles activités. Et j’espère vraiment me tenir à cette promesse et découvrir enfin ma passion avant d’envisager d’en faire profit. C’est ainsi que mon premier article sur AyeLive a été rédigé. 

lundi 6 octobre 2014

LA VRAIE QUESTION




"Il était la personne que j’admirais le plus au monde, il était mon père. Il me ramenait toujours des friandises en revenant du travail et me mettait sur ses pieds pour me raconter de belles histoires. Il disait que j’étais sa princesse et pour moi il était le plus grand roi qui est jamais existé. Il disait qu’il me protègerait envers et contre tous et moi j’y croyais. Puis un jour, un évènement, peu importe ce qui arriva, changea le cours des choses. Cet homme que j’appelais « père » était devenu mon bourreau et sous chacun de ses coups je me demandais qui me protégerait de lui." Je suis Arielle et je suis Battue par mon père.


"Il avait cet air énigmatique qui dès nos premiers rendez-vous a su m’attirer et me retenir à ses côtés. Il n’était pas particulièrement beau, non il n’avait rien de Brad Pitt ou de Will Smith mais il était mon Apollon à moi et c’est tout ce qui comptait. Il avait le don de me faire rire quand bien même la situation n’avait rien de drôle. Il savait m’écouter quand j’en avais besoin et chaque mot qu’il prononçait me rassurait. Quand est ce que tout cela a changé ? Je ne sais pas, toujours est-il que les choses n’étaient plus comme avant. Il ne m’écoutait plus, et ne me faisait plus rire. Il ordonnait et me faisait pleurer. Tout parti d’une gifle insignifiante puis, de coups de ceinture en coups de poings j’eus ma carte d’abonnement à la PISAM. Un verre brisé, une réprimande de son patron au boulot, la viande trop cuite, et mon corps subissait ses assauts de colère. Je ne comptais plus les marques sur mon beau corps d’antan qui s’était transformé en treillis. Plus d’une fois j’ai voulu partir mais il me promettait de changer. J’espérais qu’il redevienne l’homme aimant qui a su conquérir mon cœur alors je restais et je priais. Cet homme à qui j’avais dit « oui » était devenu ma source de souffrance et après chaque larme versée, je cherchais celui qui me ferait à nouveau sourire." Je suis Nadia et je suis battue par mon époux.

« Dénonce-le » C’est le conseil que certains me donnait. « Pourquoi est-ce que tu ne pars pas ? » C’est la question que tout le monde me posait. J’aurais bien aimé partir mais où me serais-je retrouvée ensuite ? Je ne suis pas la seule dans mon cas et beaucoup d’autres comme moi ne savent où donner de la tête lorsque le cœur lui agit comme bon lui semble. Nous aimons nos bourreaux et c’est bien là le seul péché que nous ayons commis. Telle une malédiction cet amour nous consume, nous détruit faisant de nous des victimes que le monde extérieur prend en pitié. Pourtant les choses n’avaient pas toujours été ainsi mais il fallait un déclencheur afin que nous découvrions l’envers du décor. De l’extérieur vous êtes tentés de nous juger. Pour certains nous sommes stupides, pour d’autres aveuglées par l’amour. C’est peut-être vrai ce que peuvent penser les uns et les autres mais jamais vous ne comprendrez sans avoir vécu dans ces prisons dorées. Chaque femme battue à son histoire. Chaque femme reste pour une raison précise. Lorsque ce n’est pas la crainte de voir une autre femme maltraiter le fruit de ses entrailles, c’est tout simplement la peur de quitter le mauvais pour s’aventurer dans des endroits encore plus sombres. Qui te dit que tu ne vivras pas pire que ce que tu traverses ? Qui te dit que tu trouveras un homme qui saura t’apprécier a ta juste valeur ? Nous restons pour des raisons diverses, mais quoi qu’il en soit la question n’est pas pourquoi est-ce que nous demeurons dans ce calvaire.

La vraie question est qu’est-ce qui pousse un homme, un père, un époux, un frère, un petit ami, à lever la main sur une FEMME. Pourquoi donc s’évertue-t-on à détruire la vie, le corps, l’âme de celle-là même qui exerce le plus beau métier du monde ? Plutôt que de nous juger il serait peut-être temps de sensibiliser ceux qui nous martyrisent. Peu importe la cause, que ce soit la perte d’une épouse, d’un emploi, la pauvreté, l’alcool, rien ne devrait justifier que l’on s’acharne ainsi sur ce que Dieu a créé de plus sensible. Ils pourraient inventer tout ce qu’ils veulent pour justifier leurs actes, ils demeurent coupables. Coupables de coups et blessures aussi bien physiques que moraux. Je m’appelle Chantal et je pense qu’il serait temps qu’à chaque bourreau l’on demande des comptes.


En ce 25 Novembre, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, il est temps que chaque femme sache ce qu’elle mérite, qui elle est vraiment. 


Merci à Grace pour le lien de cette vidéo.


jeudi 25 septembre 2014

LES MATHS DE MONSIEUR KOFFI : MERCI PROF

Son visage s’impose immédiatement à mon esprit lorsque j’entends le mot meilleur suivi de professeur. Je suis certaine que la majorité de ceux qui ont eu la chance d’être ses élèves pense comme moi.  Élève débrouillarde en mathématiques, l’homme m’a fait aimer cette matière (du moins pendant une année). Je profite du contexte du concours « Merci Prof » organisé par MTN Côte d’Ivoire fondation pour parler de cet enseignant fabuleux.

Mon arrivée au Lycée Classique d’Abidjan a changé ma vision des maths. Désormais je voyais à la place des chiffres et des figures géométriques des éléments de tortures ayant pour seul but de me faire échouer. Enfin, sans vouloir attiger, je n’appréciais plus beaucoup les mathématiques au lycée. J’ai pourtant réussi à décrocher le bac avec un 19 en maths (ah laissez-moi le dire) dont tout le mérite revient indubitablement à monsieur Koffi Mathurin.



Je le revois encore dans notre salle de classe de terminale TD21. Une tablette numérique à la main (c’est un prof 2.0) et le sourire aux lèvres, il nous racontait les exploits de ses anciens élèves et nous incitait à faire encore mieux. Il ne félicitait jamais personne pour rabaisser les autres mais toujours pour éveiller ce désir de se surpasser. Avec lui les mathématiques devenaient une vraie partie de plaisir. Cela se voyait qu’il aimait son travail et ses élèves.

Toujours gai, il avait cette phrase aux lèvres « Ne marchez jamais seul hein ! ». Il nous recommandait en plus de bosser dur, d’avoir Dieu comme compagnon quotidien. J’ignore si mes mots pourront exprimer toute la gratitude que j’ai envers celui qui m’appelait « la dernière flèche ». Monsieur Mathurin comme tout être humain avait sans doute ses propres soucis, mais il les laissait à l’entrée du lycée. Toujours disponible pour ses élèves, personne n’est peu intelligent à ses yeux. Il m’a appris que nous pouvons tout accomplir avec le soutien de Dieu et des efforts de notre part.

À peine si nous ne nous bagarrions pas pour transporter la lourde sacoche qu’il portait de tout temps sur son épaule. Pour nous, chaque instant passé avec lui valait de l’or. Il est sans doute le seul professeur que nous aurions bien aimé ramener à la maison après une dure journée passée a l’école. Et non je n’exagère en rien mes propos. Si vous vous rendez sur son compte Facebook, vous pourrez voir les témoignages d’affection de certains élèves. Monsieur Koffi Maths n’est pas juste un professeur, il a été et est toujours un mentor, un père pour chaque élève qui a le privilège de le rencontrer. Et quand bien même vous ne seriez pas de sa classe, c’est avec le sourire qu’il vous prêtera une oreille attentive.


mercredi 17 septembre 2014

CES PRENOMS QUI DERANGENT...


Petite j’étais le souffre-douleur de mon grand frère Nonyaha (laissez-moi au moins un) mais on le lui pardonne. L’une de ses blagues favorites pour me mettre dans l’embarras est la suivante “Quand on devait lui choisir un prénom, il y a une mouche qui est passée devant maman et celle-ci s’est écriée oh mais putain ! L’officier chargé d’établir l’acte de naissance a alors écrit Pitin sur son extrait.” Si j’explosais en larmes face à ce genre de jeux de mots et de blagues toutes pourries (j’étais une petite fille), aujourd’hui j’aime bien TOUS mes prénoms. Silué Tchonté Pitin Mireille, c’est ainsi que mes parents ont choisi de m’appeler. Pitin la mère de Papa était également la fille de Tchonté – le grand père de papa – aussi, j’ai finalement compris que ces deux prénoms me permettaient de jouir de certains privilèges. Mais bon cet article n’a pas pour but de parler de moi mais plutôt de ces prénoms africains qui dérangent.

Le peuple Sénoufo dont je suis issue n’est pas réputé pour son poro et son folklore uniquement mais aussi pour ses prénoms atypiques. S’il existe des prénoms propres à chaque tribu africaine, ceux des Sénoufo sont surtout connus pour leur longueur et prononciation difficile. Ainsi Gninhinninchionni (Dieu est avec nous) l’une de mes amies a préféré mettre G. sur son compte Facebook pour ne pas avoir à l’écrire en entier et à le prononcer pour certaines personnes. J’avoue moi-même avoir eu beaucoup de mal à appeler Pénégnanon (c’est parce que vous avez vu que je suis seul) un autre de mes grands frères quand j’étais plus jeune. Seulement peu de gens s’intéressent à l’histoire et à la signification de ces prénoms. Les détenteurs eux même plutôt que de s’enorgueillir de leurs beaux prénoms africains s’empressent de donner le prénom dit « français » lorsqu’on leur demande de déclarer leur identité.

D’aucuns diront que les prénoms français sont plus faciles à prononcer et donc plus commodes tandis que d’autres cherchent à échapper aux moqueries de leurs amis parce que portant des prénoms ridicules aux yeux des autres. Lorsqu’il s’agit de mettre une photo dans une tenue pagne et de déclarer que nous sommes Africains et fiers de l’être, pas besoin de se faire prier. Mais lorsqu’il faut porter cette même fierté à travers nos prénoms, nous nous défilons très rapidement.

Selon la croyance populaire en Afrique, le prénom que porte une personne peut influencer son caractère. Si cela s’avère vrai, je comprends mieux la multitude de statuts sur Facebook de mon cousin Songrofohl dont le prénom signifie « celui qui pense beaucoup ». Hemtcha désigne une personne qui rassemble tandis que Kignelman est une expression signifiant « tout ce que je fais est dans la main de Dieu ». Certains prénoms ont des significations multiples. C’est le cas de Soukpafolo qui se dit d’une personne en qui l’on peut avoir confiance et signifie également la volonté du cabri (aux temps jadis, la majorité des Sénoufo adorait les animaux). Mais n’allez pas croire que tous nos prénoms sont aussi "fantaisistes" car certains tel que Kolo (attribué à un enfant né à la suite de jumeaux) sont très "jolis" et "simples" aux yeux de tout le monde.  

Chez d’autres peuples, j’apprécie aussi les prénoms de certaines amies comme Singa et Wonseu qui signifient respectivement « or » et « bonheur » en Yacouba, ou encore Kossia généralement attribué aux personnes nées le dimanche chez les Abron.


Je pourrais vous citer toute une panoplie de prénoms africains aussi beaux et lourds de sens les uns que les autres mais il ne suffit pas de s’appeler Tchonté Pitin et de l’arborer fièrement pour prétendre défendre son identité culturelle. Lorsque je saurai parler et comprendrai parfaitement ma langue maternelle, je reviendrai vous enquiquiner sur notre pseudo fierté qui se limite très souvent à notre accoutrement. 

Sinon, c’est quoi votre prénom africain ? 

mardi 12 août 2014

LA VILLE DE TOUS LES PARIS !


« Depuis ton enfance là, avion passe au-dessus de ta tête. Tu as grandi, tu ne montes pas dans avion, jeune homme allons à Paris1 ».

Pour de nombreux Africains, la France demeure encore l’eldorado, la terre promise, le paradis qui mettra un terme à leur enfer sur terre. Déjà petits, plusieurs d’entre nous rêvaient de voir la capitale célèbre pour sa mode et sa cuisine (surtout pour les connaisseurs et les nantis) mais aussi pour sa fameuse Tour Eiffel.

Merci à Dieu et à mes parents qui m’ont permis de découvrir enfin Paris, la ville de tous les paris. Je ne viens pas vous parler de la majestueuse Tour Eiffel, ni du fameux pont des arts. Je viens partager ma surprise de découvrir que Paris n’est pas si différent d’Abidjan. Outre les dialectes africains que mon oreille pas si fine a immédiatement capté dans le bus, je me suis rendue compte que même certaines rues ressemblent à des rues d’Abidjan.

Toutefois c’est surtout en me rendant à la Tour Eiffel (Ah oui il fallait bien que je la vois de mes propres yeux) que j’ai été interpellée par les similitudes entre Paris et Abidjan.


Chez nous, on appelle ce jeu « rouge gagne, noir perd » car on joue avec des cartes de deux couleurs. Deux cartes noires et une carte rouge que l’on change de place plusieurs fois. Le joueur mise une certaine somme qui sera doublée s’il réussit à identifier la carte de couleur rouge. Ici, il s’agissait de trois objets que l’on déplaçait et il fallait trouver le lieu d’emplacement de l’objet qui avait un caractère unique. Parfois un miroir était collé à l’objet à retrouver ou alors il s’agissait de trois récipients dont l’un renfermait une boule.

Je voyais les touristes se faire arnaquer par une bande organisée d’escrocs (qui n’étaient pas noirs) sous l’œil avisé de leurs complices dans la foule. Ces complices qui faisaient semblant de jouer et attirait ainsi des personnes avides de gain facile. Par moment on pouvait voir ces « travailleurs » se disperser et ranger leur attirail sans crier gare. Le vendeur d’illusion pouvait alors s’en aller bras dessus, bras dessous avec une fille du public qui était il y a une minute une joueuse. Si vous ne comprenez rien à ce brusque changement, regardez bien autour de vous. Vous apercevrez alors à une dizaine de mètres, un policier à bicyclette effectuant sa ronde.

Les chiens ne font pas des chats dit-on. Si Paris ressemble tant à Abidjan du moins à mes yeux ou si plutôt Abidjan a des traits de ressemblance avec Paris c’est peut-être aussi parce que la France et la Cote d’Ivoire ont déjà eu plus d’une aventure ensemble.  

Les photos étant interdites, merci à ma tutrice qui a su user de stratagèmes pour prendre ces photos comme une détective en mission.

1-      Extrait de la chanson « Allons à Paris » de l’artiste ivoirien Dezy Champion.

mercredi 2 juillet 2014

Rohingya - maintenant l'histoire c'est toi.

Nous n’avons pas besoin d’être des supers héros pour poser des actes aux résultats grandioses. Cela ne sera surement pas grand-chose pour nous, mais représentera tout de même énormément pour des personnes qui souffrent ailleurs. Les mots peuvent signifier beaucoup de choses mais les images parlent d’elles même. Aujourd’hui je vous invite juste à regarder cette vidéo et à poser un acte qui pourrait changer la vie de 800 000 personnes. Ces images semblent lointaines pourtant nous pourrions tous nous retrouver dans de pareilles circonstances. Cela ne te prendra que quelques minutes pour regarder, quelques secondes pour signer et un click pour partager. 




lundi 16 juin 2014

MI KLOWO


Quand Pascal disait que « le cœur a ses raisons que la raison ne connait point » je me demande si cela incluait aussi la raison religieuse. En effet il n’est pas rare de voir des parents s’opposer au mariage de leurs enfants issus de religions différentes. En Côte d’Ivoire, – Je ne connais pas beaucoup de juifs ou de bouddhistes – c’est surtout entre les hommes chrétiens et les femmes musulmanes que le problème se pose. Aussi je vois plusieurs personnes s’indigner lorsque des musulmans refusent d’accorder la main de leur fille en mariage à une personne d’une autre confession religieuse. Je donne ici mon point de vue, peut-être pas ce qui est juste mais il n’en demeure pas moins mon avis.

En islam un homme musulman peut épouser une femme chrétienne ou juive mais l’inverse n’est pas autorisé. D’après ce que j’ai lu et compris, cela est dû au fait que l’homme est considéré comme le chef de famille. De ce fait, les enfants devraient suivre la religion de leur père. Pour moi qui suis une reconvertie, je sais combien cela peut affecter une famille (surtout un parent) lorsque son enfant fait un choix religieux différent du sien. Par ailleurs, certains croient que la femme sous l’influence de son mari serait tentée de changer de religion, ou de faire preuve de laxisme.

Je connais des foyers où l’homme chrétien et sa femme musulmane vivent ou paraissent vivre en harmonie. Certains couples mixtes sont plus heureux que des couples issus de la même religion. D’autres ne résistent pas aux intempéries, qu’elles soient dues à la religion ou pas. Quoi qu’il en soit, l’on ne saurait évaluer le succès d’un mariage en se basant sur la compatibilité religieuse. Toutefois, avant de crier au scandale lorsqu’un père ou une mère s’oppose à l’union de son enfant, il serait préférable de s’informer sur les raisons qui poussent le ou les parents à prendre une telle décision. L’éducation des enfants n’est pas la seule zone d’ombre dans les mariages interreligieux. Chaque couple est unique et les conjoints doivent faire différents compromis pour l’harmonie de leur ménage.  

Enfin, je suis sûre que bon nombre de personnes aimeraient partager leur vie avec une personne qui partage les mêmes convictions religieuses. Si l’on peut choisir de qui on tombe amoureux (évitons le débat) certaines questions ne se poseraient même pas. Pour moi il est préférable que les deux conjoints soient issus de la même religion ; toutefois il est inadmissible qu’une personne se convertisse uniquement dans l’optique du mariage. Il vaut mieux aimer le Créateur plus que la créature.

Récemment, un ami artiste chanteur a décidé de traiter le sujet du mariage interreligieux. Je vous propose de découvrir et d’apprécier N’Klowô de Onew. Une histoire d’union entre un chrétien et une musulmane. Un sujet toujours d’actualité. Si les raisons religieuses sont compréhensibles, nul n’a le droit de juger l’amour entre deux personnes car que l’on aime en dioula ou en baoulé, Mi klowô signifie la même chose que M’bifè.

                           

Dioula : Langue africaine. Au départ un terme utilisé pour désigner des commerçants ambulants en Afrique occidentale ; aujourd’hui on appelle dioula en Côte d’Ivoire toute personne appartenant au grand groupe des Mandés du nord. La majorité des dioulas est musulmane.

Baoulé : Langue africaine du peuple des Baoulés. C’est un peuple installé principalement au centre de la Côte d’Ivoire. Les Baoulés sont généralement chrétiens.

Mi klowô / M’bifè : Je t’aime en baoulé et en dioula.