Illustration par Saraï D'Hologne |
« Les étoiles plein les
yeux je suis. C’est si bon d’entendre des paroles douces, des hymnes de
tendresse. Aucun mot ne me vient à l’esprit pour définir ce que je
ressens. Mon vocabulaire tarit face au bonheur qui m’habite. Pendant ce moment spécial,
je ne pense plus aux peines du passé, et encore moins à celles à venir.
J’impose le silence aux inquiétudes de ma raison afin d’écouter uniquement le
rythme saccadé de mon cœur. Je vis l’instant T, ce moment où tout semble beau.
Je prends plaisir à écouter ta voix, tes mots, ton rire…ta mélodie. Mon seul
regret est de ne pouvoir te serrer dans mes bras et te dire à quel point je t’aime.
Les autres ne comprennent pas mon amour... ils ne te comprennent pas…
Comment tombe-t-on amoureuse
d’une voix ? C’est la question que certains se posaient sans oser me le
demander de vive voix. Mais leur regard les trahissait. Je le sentais dans
chacun de leurs sourires crispés quand je parlais de toi. Je le sentais dans
les discussions enflammées qui s’estompaient à mon approche. Mais surtout je
m’en fichais. Peu m’importait qu’ils nous comprennent. Au diable, leur
approbation !
Mon choix c’est toi, et ce
depuis belle lurette. D’ailleurs ils ont aussi fait le leur , en essayant de nous
séparer… J’ai juste mal lorsque tu te mets à douter de mon amour pour toi malgré toutes mes tentatives pour te le prouver.
-
Justement
parce que j’ai des raisons d’être suspicieux. Ils ont sans doute réussi à nous
éloigner l’un de l’autre. Même si j’arrive quelques fois à voler des
minutes dans tes journées, ce n’est jamais assez. En plus il y a cet autre
bonhomme qui ne cesse de te tourner autour.
-
Ne fais pas
attention à Yves. Tu sais bien qu’il est juste un voisin. De plus c’est un
malade mental doublé d’une personnalité de pervers. Rien ne pourrait se passer
entre nous. D’ailleurs t’aurais-je parlé de ses avances si j’avais l’intention
d’y céder ? Rien ni personne ne pourra nous séparer. Rien de plus que
cette distance qui déjà me tue à petit feu. Quand est-ce que tu viendras
ici ? Quand est-ce que tu viendras m’emmener loin d’eux ? Je souffre
de ton absence et me languis de ta chaleur. J’aimerais tant que tu
franchisses enfin ces bornes afin que je n’aie plus à les supporter.
-
C’est
toujours ce que tu dis. Alors pourquoi est-ce que tu continues de lui adresser
la parole à cet Yves ?
-
Arrête
chéri, ne nous laissons pas aller à des disputes. Redis-moi ces mots gentils
dont toi seul détiens le secret. J’ai déjà assez de peine de te savoir ailleurs
pour qu’en plus je ne puisse plus bénéficier de nos moments de tendresse.
-
Tu sais bien
que c’est aussi difficile pour moi de ne pouvoir te toucher. J’ai des envies de meurtre rien qu’à imaginer
que lui, a cette possibilité. Tu ignores ce que je donnerais pour être à tes
cotés… Et de plus il y a ta famille, tes amis. Même si aujourd’hui tu ne les
vois que très rarement, je sais qu’ils seront toujours un obstacle à notre
bonheur. Et il y a ces hommes en blancs…
-
Arrête de
t’en faire mon amour. Je n’ai d’ouïe que pour toi. Les autres ne sont que des
voix dans le vent… mais finalement je l’avoue, des voix tout comme toi. À ce
qu’il parait c’est ce que tu es aussi. Du moins c’est ce que le psychiatre m’a
dit. Tu es une voix qui n’a jamais existé, alors comment cela se fait-il que tu
me paraisses si réel ? Comment est-il possible que je sois tombée
amoureuse d’une voix ?
« Il est l’heure de
prendre vos médicaments mademoiselle Diakité. » me dit l’infirmière,
tandis que mon voisin de palier est en train de recevoir sa dose quotidienne de morphine.
Il a encore essayé de pincer les fesses d’une infirmière. Ici il faut respecter
les règles. Alors j’avale docilement mes comprimés, ces cachets qui
m’empêcheront pendant quelques heures d’entendre ta douce mélodie.
Miss suspens !
RépondreSupprimerLol ma Mad Muslima, le suspense c'est tout deh !
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