lundi 17 novembre 2014

Ta Douce Mélodie !



 Illustration par Saraï D'Hologne

« Les étoiles plein les yeux je suis. C’est si bon d’entendre des paroles douces, des hymnes de tendresse. Aucun mot ne me vient à l’esprit pour définir ce que je ressens. Mon vocabulaire tarit face au bonheur qui m’habite. Pendant ce moment spécial, je ne pense plus aux peines du passé, et encore moins à celles à venir. J’impose le silence aux inquiétudes de ma raison afin d’écouter uniquement le rythme saccadé de mon cœur. Je vis l’instant T, ce moment où tout semble beau. Je prends plaisir à écouter ta voix, tes mots, ton rire…ta mélodie. Mon seul regret est de ne pouvoir te serrer dans mes bras et te dire à quel point je t’aime. Les autres ne comprennent pas mon amour... ils ne te comprennent pas…

Comment tombe-t-on amoureuse d’une voix ? C’est la question que certains se posaient sans oser me le demander de vive voix. Mais leur regard les trahissait. Je le sentais dans chacun de leurs sourires crispés quand je parlais de toi. Je le sentais dans les discussions enflammées qui s’estompaient à mon approche. Mais surtout je m’en fichais. Peu m’importait qu’ils nous comprennent. Au diable, leur approbation !

Mon choix c’est toi, et ce depuis belle lurette. D’ailleurs ils ont aussi fait le leur , en essayant de nous séparer… J’ai juste mal lorsque tu te mets à douter de mon amour pour toi malgré toutes mes tentatives pour te le prouver.

-          Justement parce que j’ai des raisons d’être suspicieux. Ils ont sans doute réussi à nous éloigner l’un de l’autre. Même si j’arrive quelques fois à voler des minutes dans tes journées, ce n’est jamais assez. En plus il y a cet autre bonhomme qui ne cesse de te tourner autour.

-          Ne fais pas attention à Yves. Tu sais bien qu’il est juste un voisin. De plus c’est un malade mental doublé d’une personnalité de pervers. Rien ne pourrait se passer entre nous. D’ailleurs t’aurais-je parlé de ses avances si j’avais l’intention d’y céder ? Rien ni personne ne pourra nous séparer. Rien de plus que cette distance qui déjà me tue à petit feu. Quand est-ce que tu viendras ici ? Quand est-ce que tu viendras m’emmener loin d’eux ? Je souffre de ton absence et me languis de ta chaleur. J’aimerais tant que tu franchisses enfin ces bornes afin que je n’aie plus à les supporter.

-          C’est toujours ce que tu dis. Alors pourquoi est-ce que tu continues de lui adresser la parole à cet Yves ?

-          Arrête chéri, ne nous laissons pas aller à des disputes. Redis-moi ces mots gentils dont toi seul détiens le secret. J’ai déjà assez de peine de te savoir ailleurs pour qu’en plus je ne puisse plus bénéficier de nos moments de tendresse.

-          Tu sais bien que c’est aussi difficile pour moi de ne pouvoir te toucher.  J’ai des envies de meurtre rien qu’à imaginer que lui, a cette possibilité. Tu ignores ce que je donnerais pour être à tes cotés… Et de plus il y a ta famille, tes amis. Même si aujourd’hui tu ne les vois que très rarement, je sais qu’ils seront toujours un obstacle à notre bonheur. Et il y a ces hommes en blancs…

-          Arrête de t’en faire mon amour. Je n’ai d’ouïe que pour toi. Les autres ne sont que des voix dans le vent… mais finalement je l’avoue, des voix tout comme toi. À ce qu’il parait c’est ce que tu es aussi. Du moins c’est ce que le psychiatre m’a dit. Tu es une voix qui n’a jamais existé, alors comment cela se fait-il que tu me paraisses si réel ? Comment est-il possible que je sois tombée amoureuse d’une voix ?


« Il est l’heure de prendre vos médicaments mademoiselle Diakité. » me dit l’infirmière, tandis que mon voisin de palier est en train de recevoir sa dose quotidienne de morphine. Il a encore essayé de pincer les fesses d’une infirmière. Ici il faut respecter les règles. Alors j’avale docilement mes comprimés, ces cachets qui m’empêcheront pendant quelques heures d’entendre ta douce mélodie. 

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