lundi 21 décembre 2015

Le film d'une vie ou une hymne à la tristesse?



Elle n’a pas encore 21 ans lorsqu’elle écrit ces lignes. Sa plume chante et les mots dansent au rythme de ses émotions, de ses pensées. Elle laisse s’étaler sur cette page blanche des peines qu’elle a vécues ou observées autour d’elle. Elle sait qu’elle n’est pas seule, que d’autres personnes souffrent également alors elle écrit en pensant à eux, en voulant leur rendre un témoignage et leur dire que la lutte continue…

Le film d’une vie
est un recueil de 17 nouvelles écrites par Ouattara Sikatchi Malicka, jeune bloggeuse et écrivaine ivoirienne. Guidée par sa propre histoire et celle de ses proches, Malicka raconte la tristesse. Bien qu’ayant déjà lu la plupart des nouvelles auparavant, je les ai explorées avec un plaisir renouvelé. Plusieurs thèmes revenaient comme les grossesses précoces ou hors mariage, les amours d’adolescents, les relations inter-religieuses, l’infidélité mais surtout la mort… Deux de mes nouvelles préférées dans cette oeuvre sont d’ailleurs sur le thème de la perte d’un être cher. Plutôt qu’une histoire linéaire, "Elle souffrira toujours" se présente comme une sorte de soutien, comme pour dire à ceux qui souffrent de la perte d’un être aimé qu’ils ne sont pas seuls et que leur douleur est partagée. La nouvelle "Je t’aime" quant à elle a bien failli m’arracher une larme alors que j’essayais d’imaginer les sentiments d’un enfant qui vient de perdre un parent...

              


En lisant j’ai eu l’impression que l'auteur avait un faible pour les prénoms en « i »: Marie, Céline, Pauline, Véronique, Anni, Adeline, Stéphanie, Jérémie… je me demande si j’ai été la seule à le remarquer. La nouvelle à laquelle l’oeuvre doit son titre est l’histoire de Marie, une jeune fille aveuglée par les artifices de la vie. Issue d’une famille modeste, elle croit avoir trouvé en Diouf, un homme beaucoup plus âgé et aisé, le moyen d'accéder à de plus hautes sphères. Malgré l’opposition de sa famille, elle se lança la tête la première dans un very bad trip. Elle découvrira bien assez tard que tout ce qui brille n’est pas forcement or...

J’ai été surprise d’être étonnée par la fin de l’une des histoires alors que je l’avais déjà lue et c’est exactement le genre d’effet que je recherche en lisant. Les nouvelles sont courtes mais je n’en ressors pas avec un goût d’inachevé car on a le temps de vivre les émotions des personnages. Étrangement, j’ai moins aimé les deux plus longues nouvelles parce que je trouvais que tout se passait trop vite. Il y avait ce petit quelque chose dans les autres qui leur manquait. Et j’ai pensé que la nouvelle "Le film d’une vie" aurait été sûrement meilleure en roman afin que l’histoire soit beaucoup plus détaillée.

Malicka Ouattara 

Cette oeuvre relate également l’histoire de ces personnes en attente de don d’organes, de femmes qui demeurent dans des foyers où le bonheur s’est depuis longtemps enfui, de pardon qui vient trop tard, d’amour impossible entravé par les différences sociales ou religieuses, de personnes gardant des secrets lourds à porter… J’ai d'ailleurs beaucoup aimé l’histoire 'La petite Sadjee". J’aurais évidemment voulu connaître le secret qui liait Sadjee et sa mère au point où elles se suivirent dans la tombe mais c’est aussi ces mystères que l’on ne révèle à personne – pas même aux lecteurs – qui me font apprécier une histoire.

Enfin, Le film d’une vie se présente sous un ensemble d’histoires courtes mais poignantes que j’aimerais bien voir être lues dans nos lycées et collèges. Le talent de Malicka est une autre preuve que La valeur n’attend point le nombre des années.

Aucun commentaire :

Enregistrer un commentaire