Quand on me parlait de slam auparavant, je
pensais immédiatement et uniquement Grand Corps Malade. Abd Al Malick ? Je
connaissais, toujours de nom mais pas de son. Autant dire que ma culture du
slam était proche du niveau 0. Alors grande fut ma surprise d’apprendre qu’il
existait sur ma terre d’Éburnie, des slammeurs pas malades mais ivoiriens… J’ai
eu la chance d’en rencontrer deux au cours de l’atelier littéraire Voyelles.
Ces derniers m’ont invitée à une soirée slam « Ici à Abidjan là ! »
a dit ma copine que j’ai invitée à son tour.
Le voyage a commencé lorsqu’on recherchait
le lieu de la soirée. Lorsque vous venez de Cocody, vous devez bifurquer à
gauche, au carrefour après celui de la farandole. Pour ceux en provenance d’Angré
par contre, ce sera le carrefour sur votre droite avant la Farandole. Une fois
engagés, allez tout droit sans vous fier au mauvais état de la route. Ne
tourner ni à gauche ni à droite avant d’apercevoir l’enseigne FABRIQUE
CULTURELLE sur votre gauche et juste après l’université Aimé Césaire… Il y a
bien un autre chemin, mais celui-là est sûrement le plus facile à indiquer.
Arrivés longtemps après 19h, l’heure prévue,
nous avons été priés de patienter sous le hangar ou s’échauffaient quelques
artistes. Le spectacle aurait dû être en cours mais ce n’était pas bien grave
puisqu’on pouvait assister à celui-là en attendant.
L’endroit qui nous a accueilli était simple,
modestement aménagé et je supposais, pas très connu. Toutefois avant le début
des hostilités, les quelques tables et chaises dans la salle étaient toutes occupées
et les slammeurs pouvaient déclamer.
Ce soir-là, j’ai été conquise par le texte
de Lyne qui parlait d’un mec atypique que l’on ne choisirait que si l’on était
allergique au bonheur.
Quand Sergeph, le présentateur du jour nous offrait des
hymnes à l’amour, j’étais subjuguée par les textes de Bee Joe. J’ai particulièrement
aimé celui sur le dévouement d’un couple de parents modestes, qui éduquent
leurs enfants en leur inculquant des valeurs telles que le travail acharné et
la dignité. Slam conscient, c’est ce que se targuait de faire Synthèse, le drôle de
personnage de la soirée. Dans un look qui rappelait un chanteur du coupé décalé,
j’avoue qu’il m’a laissée coi sur ma chaise, par une belle satire sur le
système injuste...
Et comme en Côte d’ivoire, j’ai appris qu’il
existait des slammeurs au pays de Senghor. Quoi de plus normal quand on sait
que le slam est juste de la poésie à l’oral. L’un des membres du collectif
Vendredi Slam nous a donc fait l’honneur de sa présence « slamique »…
Alors, tous les mercredis soirs à la Fabrique culturelle, un slam dit c’est un
verre offert. Et même si je n’avais pas soif, je me suis retrouvée sur scène à lire
plutôt qu’à slamer ce texte.
Elle était belle cette dame
Drapée dans son beau pagne immaculé
Sa candeur aurait pu être source de drame
Alors bien malgré moi je me suis tenue
éloignée
Nymphe tout droit sortie de mes rêves
À ses soupirants elle ne laissait aucune
trêve
J’aurais voulu pouvoir la dompter
Mais dans les nuits noires, elle me riait
toujours au nez
Qu’avait-elle donc de si magique ?
Pour engendrer tant de destins
tragiques ?
Ma fée avait la main verte
Mais c’est elle qui créait cette absence de
verve
Un slam dit c’est un verre offert
Mais comment fait-on quand on n’a pas le
verbe ?
Car toute la nuit j’ai été tourmentée
Par cette page blanche sans aucune pitié.
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