Quand
on découvre une belle plume, on est très souvent tenté d’en retrouver le propriétaire.
C’est à travers ses articles sur yéyé magazine que j’ai découvert l’auteur
avant d’avoir l’opportunité de lire son premier roman. L’engouement autour de
ce livre a été remarquable et les récompenses se sont enchainées titillant par
la même occasion ma curiosité.
C’est
confortablement assise dans le bus et parfois debout (sans être payée) dans le métro,
que j’ai parcouru une première fois l’œuvre de celui que l’on a nommé Armand
Patrick Gbaka-Brédé. Parcourue parce qu’en vrai, il m’a fallu relire Debout Payé pour savourer et par conséquent
mieux apprécier les écrits de Gauz. A la première tentative, je cherchais
uniquement à savoir ce que ce livre avait de si spécial pour susciter
l’enthousiasme de bon nombre de mes contacts sur Facebook. Toutefois, c’est
lorsque j’ai lu Debout Payé un jour
après l’avoir achevé la première fois que j’ai compris.
À
travers ce livre nous voyageons dans l’espace et dans le temps, des années 70
aux années 2000, des quartiers d’Abidjan aux rues de Paris. De Ferdinand à Ossiri
on se rend compte que les années passent mais pas grand-chose ne change. En
moins de 200 pages, tout passe à travers les mailles de la critique du vigile
(ou de l’auteur). Debout Payé dépeint
la société à travers les yeux de ceux que l’on voit à peine. Pour tenir le coup
dans le métier de vigile, « pour
garder du recul (…) il faut soit savoir se vider la tête de toute considération
qui s’élève au-dessus de l’instinct ou du reflexe spinal, soit avoir une vie intérieure
très intense. L’option crétin inguérissable est aussi très appréciable. »
On devine aisément que Gauz n’a pas opté pour la dernière option. Il a plutôt pris
un malin plaisir à manipuler les mots, à jouer sur les sens et sur les sons
pour rire du monde autour de lui.
L’une
des phrases de la mère d’Ossiri m’a particulièrement marquée. « Il faut des hommes et des femmes
volontaires pour vous apprendre, pour vous réapprendre à devenir les Africains
que nous, vos parents, aurions du être si on nous avait appris la valeur de
notre propre culture, de notre très vieille civilisation. » Il y a tant à retenir de Debout Payé
mais ce que moi j’en tire après cette lecture, c’est que Gauz fait surement
partie de ces écrivains qui ont choisi la plume pour désenclaver nos esprits.
Désormais, je fais plus attention aux vigiles que je rencontre. Je n’aimerais surtout pas apparaitre dans un livre comme la jeune fille qui passe toujours avec son foulard sur la tête sans saluer, comme les autres… Je suis sûre que je penserai toujours à Debout Payé lorsque je regarderai un spectacle à travers mon écran de téléphone alors que celui-ci se déroule sous mes yeux; chaque fois que je verrai le pagne être prôné comme signe d’africanité…ou encore chaque fois que je passerai devant un magasin Sephora… Debout, assis ou couché, quitte à consommer quelque chose sans modération, autant que ce soit un bon livre…
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