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Illustration par Saraï D'Hologne |
Couchée sur mon lit,
toute seule, et me tordant de douleur, je t’imagine te prélassant dans ton
jardin de délices. À tes côtés, l’homme de ta vie. Celui dont tu n’as pas eu
besoin de rêver pour voir tes désirs exaucés. Tu devais avoir fière allure pendant que tu
profitais de ton statut de privilégiée. Qu’est-ce que ça fait d’être parmi les
premiers, de faire partie du top des tops ? Ne me dis rien ! Tu
devrais ensuite me raconter ce que tu vis à présent et j’ai bien trop mal pour écouter
des lamentations. J’aurais évidemment aimé savoir ce qui s’est passé, enfin… avoir
ta version des faits. Seulement ni toi, ni moi ne savons quand est ce que nous
nous rencontrerons si jamais cela devait se produire. J’en ai entendues des
choses à ton sujet et j’en ai surtout lues. Une histoire pas très flatteuse mais
j’essaie de ne point te jeter la pierre car j’honorerai mon père et ma mère.
Je ne suis pas de ces
enfants qui affublent leurs mères indignes de noms d’oiseaux, les jugeant
responsables de tous leurs maux. À ta place une autre aurait peut-être fait la
même chose alors quelque part je suis soulagée que ce fut toi plutôt que moi. Certaines
t’accusent de nous avoir vendues à vil prix, d’être une traitresse. Ne leur en veux pas mais essaie plutôt de
comprendre leur colère. Maman, c’est ainsi que nous devrions t’appeler. Et
pourtant… Il est difficile pour la plupart d’entre nous de voir en toi un
modèle.
C’est vrai que tout
au fond d’elles, il y en a qui sont justes soulagées de pouvoir nommer leurs
souffrances. C’est vrai que parfois elles oublient que l’esprit est fort mais
que la chair est faible. C’est aussi vrai que nous n’étions pas présentes au
moment T, à l’instant précis où tout cela s’est passé pour comprendre quelles
ont été tes motivations. Tu nous les aurais peut-être expliquées si tu en avais
eu l’opportunité afin que nous comprenions ce qui nous arrive et surtout
pourquoi. Seulement la parole ne t’a pas été donnée et nous nous contentons de
croire en ce qui a été dit, écris.
De ce que j’ai lu, tu
avais pour toi une liberté peut être pas totale, mais une indépendance à
laquelle nul ne peut prétendre aujourd’hui. Tu étais une reine, bénie avant d’être.
Malheureusement, comme toutes les épouses de Barbe Bleu, la curiosité aura eu
raison de toi. On dit qu’à la tentation tu as succombé et dans l’abime tu nous
as tous entrainés. J’aurais voulu ne pas y croire. J’aurais voulu dire à
certains que tu as aussi été une victime, mais la vérité est que j’ai des
doutes.
Quand les douleurs de
l’enfantement se prononcent, quand les dysménorrhées se font de plus en plus
violentes, certaines, la plupart, et même moi (qui essaie tant bien que mal de
te comprendre), ne pouvons-nous empêcher de penser que c’est pour une pomme aussi
succulente fut-elle que nous souffrons le martyr. Maman Ève, j’ai mal.
waouh ! Tu as réussi a entretenir un certains suspens, cette sorte d’appât qui tient le lecteur en haleine. J'avoue que j'ai laissé naitre dans mon esprits beaucoup de scénarios pour au final découvrir que cette plainte nous concerne tous en fin de compte. La chute est réussie, le texte encore plus.
RépondreSupprimerPS : J'attends ton livre.
Merci beaucoup Stephane ! Je suis toujours contente quand j'arrive a surprendre de grands lecteurs !
RépondreSupprimerPS: Esperons que l'inspiration demeure.