« J’arrête quand je veux ». Elle le disait à ceux qui voulaient l’aider. D’autres avant elle l’ont dit aussi. Elle se croyait spéciale. Elle n’était pas une exception. Ses bains se firent rares. Elle peinait à se nourrir correctement. Son boulot ? Elle l’avait oublié depuis belle lurette. De toutes les façons ils ne voulaient plus d’elle. Ni ses patrons. Ni ses amis. Ni lui, son amoureux. Son Jordan. Avant elle était propre et belle. Il l’aimait. Son Jordan aux yeux rieurs. Son Jordan au corps d’Hercule. Il a tenté de l’aider. Face à son rejet, il est parti. Ce fut ensuite son appart. Comme tout le reste, sa vie défila sous ses yeux. Ses rêves s’envolèrent sans elle. Aujourd’hui elle n’est plus propre. Sous ses haillons, j’imagine qu’elle est toujours belle. En dessous de cette crasse, il y a surement une lumière. Je n’en saurai jamais rien. Elle tire un nouveau coup sur sa pipe. Je me dépêche de m’éloigner. Elle ne m’inspire pas de dégout. Enfin, j’essaie de me convaincre que la puanteur qu’elle dégage ne me révulse pas. J’essaie de me convaincre que je ne suis pas comme les autres. Que je suis différente de ceux qui changent de chemin en la voyant. Je prétends que je crains juste une brusque réaction de sa part. Je prétends craindre une crise d’asthme en respirant la fumée qu’elle expire. Je me mens à moi-même. Comme les autres je m’éloigne. Je ne lui donnerai pas l’occasion de raconter son histoire. De loin, je lui invente une vie.
jeudi 30 juin 2016
Une ombre dans le parc...
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