En essayant d’en parler, de résumer un livre, il y a parfois cette crainte
d’en dire trop ou de ne pas en dire assez. On espère émoustiller suffisamment
le désir du lecteur en apportant un compte rendu à la hauteur du livre que l’on
vient de dévorer. Quand bien même l’on croirait que nos mots ne rendent en
aucun cas justice à ce que l’on vient de lire, l’envie de partager avec les
autres est plus forte que tout et c’est cette envie qui me pousse à parler de Americanah. Encore une fois j’ai succombé
au charme de la plume de Chimamanda Ngozi Adichie. Entre histoires d’amour, de
cheveux, d’immigration, de races et de retour au pays natal, il y a de quoi
retourner des dizaines de pages chaque nuit en repoussant le sommeil au
chapitre suivant.
La fin m’a laissée sur ma faim. J’en voulais encore tandis que la page de
remerciements me narguait avec ses quelques lignes pleines de noms et prénoms nigérians.
Americanah. Moi aussi quelque part j’imaginais devenir une Americanah, une
jeune Africaine qui retourne dans son pays après avoir vécu aux États Unis.
Quand bien même je ne suis qu’à ma deuxième année aux États Unis, je me
reconnaissais aisément dans certains passages de ce roman. Certaines fois à la
fois honteuse mais contente de pouvoir changer certaines attitudes.
Ce livre nous parle d’une jeune fille qui apprend à aimer ses cheveux crépus,
qui comprend qu’elle n’a pas besoin d’être une pâle copie de l’occident quand
elle peut porter en elle l’originalité de l’Afrique. Americanah raconte l’histoire superbement ficelée d’Ifemelu, jeune nigériane
ayant étudié et vécu aux États Unis plus d’une dizaine d’années et qui décide
de retourner au Nigeria. Avant ce retour qu’elle appréhende, nous sommes transportés
dans son passé, à travers son histoire d’amour avec le calme et poétique Obinze,
dans les remous de la vie quotidienne d’un Nigeria sous régime militaire qui
peine à offrir la lueur d’un avenir certain à des étudiants qui rêvent d’une
meilleure situation. Americanah c’est
aussi l’histoire de certains Africains à la recherche de l’Eldorado en Europe
et aux États Unis, devant parfois affronter la honte de la déportation ou alors
faire des choses qui ne leur auraient jamais effleuré l’esprit, afin de
survivre.
Chimamanda a le don de raconter une histoire en vous transportant du présent vers le passé sans l’aide d’une machine à remonter le temps. La description des personnages et des lieux (sur laquelle je n’aime pas trop m’attarder quand je lis en général) vous offrira une image encore plus vivide des faits. Ce livre vous fera vous remettre en question, retenir des fous rires si vous le lisez en public et vous obliger à vous laisser aller parfois car n’en pouvant plus. Vous pourriez vous surprendre à croire que vous connaissez les personnages, qu’ils existent réellement et qu’ils représentent surement une partie de vous que vous ne connaissiez pas ou que vous aviez du mal à reconnaitre. Tout cela pour dire qu’Americanah est tout simplement une histoire pas assez longue à mon gout.